Soixante familles sont exposées à un danger imminent suite à un glissement de terrain menaçant, depuis les dernières pluies. Bab El Oued se souvient de 2001. Un certain 10 novembre gravé à jamais dans la mémoire de ce vieux quartier qui a vu, en l'espace de quelques heures, disparaître une partie de ses habitations alors que des centaines de vies humaines avaient été emportées par la furie des eaux. C'est dire que la peur et l'angoisse font toujours partie de la vie ici. Du moins pour ceux qui continuent de peupler les hauteurs. Là où le sol vit et bouge au rythme des pluies. À proximité de la populaire cité Diar El-Kef, un bidonville de plus de 300 baraques est perché sur un terrain devenu vulnérable par les petits cours d'eaux qui le traversent et venant des monts de Bouzaréah. Cependant, ce sont quelque 60 familles qui sont menacées de mort car plus exposées au danger. La colline où elles ont érigé leurs masures subit une constante érosion et le terrain est gagné par un glissement permanent. Un phénomène qui dure depuis une quinzaine d'années, nous dit-on. Bien sûr, les autorités locales évoquent toujours le motif de constructions anarchiques qu'elles ne cessent de combattre. Seulement, il se trouve que comme à chaque fois, le mal est fait et qu'il s'agit d'y remédier, car le contraire s'assimile à non-assistance à personne en danger. Au début des années 1990, quelques familles fuyant l'insécurité et la misère qui régnaient dans certaines régions de l'intérieur de pays sont venues s'installer ici, tout près de la ville, bien que les années de braise n'avaient épargné aucune ville, y compris la capitale. Aujourd'hui, ces familles, dont des représentants nous ont rendu visite à la rédaction, ont des conditions de vie dramatiques puisque démunies de tout. Routes non bitumées, réseau d'assainissement inexistant, eau potable aléatoire et branchement anarchique et incertain en électricité. Ce ne sont pas ces mauvaises conditions qui leur font peur autant que l'arrivée des pluies d'hiver. “La semaine dernière, j'ai paniqué en voyant, à quelques mètres de chez- moi, un petit glissement de terrain. J'imaginais sur le coup si la chose était arrivée un peu plus haut et au milieu de la nuit. Tout le monde craint le pire ici. On a tous vécu la catastrophe de novembre 2001. À l'époque, les autorités étaient venues nous rassurer que notre cas verra une solution dans peu de temps. Plus de 4 ans après, nous sommes toujours là à attendre”, dira l'un des représentants. Son voisin exhibe des documents attestant avoir saisi les autorités concernées. Un troisième rappelle le tragique accident de l'hiver 2004, où deux de ses voisins ont trouvé la mort après avoir été emportés par un glissement de terrain. Mohamed, un quinquagénaire, nous confie qu'il a été profondément blessé par les paroles d'un ancien responsable, qui l'avait traité, à la suite d'une revendication, d'avoir soutenu les terroristes qui infestaient le coin, il y a quelques années. “C'est malheureux d'entendre de tels propos alors que nous étions entre le marteau et l'enclume. Ne suis-je pas Algérien ?” Ce citoyen revenant sur la question confie avoir été pourtant à l'origine de l'arrestation d'un dangereux terroriste et de son complice, au moment où la dénonciation était synonyme de condamnation à mort. En tout état de cause, les représentants de ce bidonville sollicitent encore une fois l'intervention du wali d'Alger afin que leurs doléances soient prises en charge. Il est vrai que ce quartier est vulnérable et les grosses pluies de l'hiver ne sont pas pour arranger leur situation. Rien que la semaine dernière, plusieurs habitations ont été envahies par les eaux. A .F.