La France est montée hier au créneau en faisant donner ses Rafales contre l'EI Des chasseurs français ont lancé hier des raids contre des positions du groupe Etat islamique (EI) en Irak, la France devenant ainsi le premier pays à se joindre à la campagne aérienne US contre les jihadistes. La France est le premier pays à se joindre à la campagne aérienne américaine contre ce groupe responsable des pires exactions -viols, enlèvements, exécutions, crucifixions et persécutions- dans les régions conquises ces derniers mois à la faveur de l'instabilité en Irak et de la guerre civile en Syrie. Des avions Rafale ont mené à 07h40 GMT «une première frappe contre un dépôt logistique des terroristes de l'organisation Daesh (un des acronymes arabes de l'EI) dans le nord-est de l'Irak», a indiqué la présidence française. «L'objectif a été atteint et entièrement détruit», a-t-elle ajouté, alors que les Rafale avaient effectué des vols de reconnaissance au dessus de l'Irak à partir de la base d'Al-Dhafra aux Emirats arabes unis. Dans l'annonce de l'engagement français jeudi, le président français, François Hollande, avait précisé dit que son pays n'enverrait pas de troupes au sol et n'interviendrait qu'en Irak. La France se démarque sur ce dernier point des Etats-Unis, dont la stratégie prévoit des raids aériens en Syrie contre les fiefs du groupe extrémiste sunnite. La décision de la France de mener des frappes en Irak a été saluée par le président américain Barack Obama, qui a qualifié Paris de «partenaire solide» dans sa lutte «contre le terrorisme». L'entente entre les deux alliés contraste fortement avec les fortes tensions créées, il y a une décennie, par la franche opposition de Paris à la guerre en Irak lancée par le président George W. Bush. En Syrie, l'EI a pris le contrôle de trois nouveaux villages dans les environs d'Aïn al-Arab (nord-est), troisième ville kurde du pays, soit 24 villages en 48 heures, et de violents combats se poursuivaient avec les combattants kurdes dans le secteur frontalier de la Turquie, selon une ONG. Fort de quelques 35.000 hommes selon les estimations, l'EI a proclamé un califat sur un territoire à cheval sur l'Irak et la Syrie aussi grand que le Royaume-Uni. Selon les experts, pour éviter les frappes de la coalition, ses combattants vont se replier sur les zones urbaines, mener des actions de guérilla, et réduire leur mobilité dans les zones désertiques où ils sont facilement repérables. Ayant exclu de déployer des troupes de combat au sol, les Etats-Unis comptent sur les rebelles syriens pour affronter l'EI sur le terrain. Dans ce but, le Sénat américain a adopté jeudi un plan d'un montant de 500 millions de dollars sur un an pour équiper et entraîner ces rebelles, affaiblis par la double guerre qu'ils mènent contre l'EI et le régime en Syrie. Dans le cadre de la stratégie de M.Obama qui prévoit une intensification des frappes en Irak, les chasseurs américains ont visé pour la première fois un camp d'entraînement de l'EI au sud-est de Mossoul (nord), où étaient présents quelque 40 jihadistes. Les raids américains commencés le 8 août ont permis aux forces irakiennes et kurdes de reprendre certains secteurs à l'EI au nord de Baghdad, après leur déroute aux premiers jours de l'offensive le 9 juin. Ces derniers jours, les combats se concentraient à une cinquantaine de km au sud de Baghdad, où les troupes d'élite irakiennes, appuyées par des raids américains, affrontent les jihadistes dans le secteur de Fadhiliya. Outre les combats, les attentats continuent, faisant 22 morts vendredi à Baghdad et Kirkouk (nord).