Les habitants d'Aïn Chih continuent de vivre une précarité et une indigence sans pareilles. Depuis une année, la ville agropastorale de Djelfa continue de défrayer la chronique. Du congrès des redresseurs du FLN à l'incarcération du journaliste et militant des droits de l'homme, Hafnaoui Benameur Ghoul, en passant par le scandale de la mort suspecte des 14 bébés dans un hôpital de la ville, Djelfa s'est lamentablement illustrée par des images qui l'ont fait sortir de l'anonymat. Depuis deux jours, ce sont les jeunes des quartiers déshérités d'Aïn Chih qui, contestant la mal vie et la précarité dont ils se trouvent dangereusement victimes, font la une. Pour celui qui connaît la ville, Aïn Chih est un quartier qui résume toute la misère de Djefla. C'est justement contre cette situation que la jeunesse s'est soulevée, pour dire aussi que les autorités de la ville ne respectent pas leurs engagements, que le wali fait des promesses qu'il ne peut tenir, que les pouvoirs publics ne sont là que pour réprimer et tuer la contestation sociale dans l'oeuf. Les bidonvilles d'Aïn Chih, qui devaient être éradiqués avant le 5 juillet, vont encore s'éterniser. L'eau ne va pas jaillir des robinets et l'électricité ne sera pas raccordée demain. C'est ce que semble dire la répression qui s'est abattue sur les émeutiers : 30 jeunes ont été interpellés, dont 17 placés en garde à vue, selon une source locale. Cette brusque poussée de tension à Djelfa se passe la veille de la présentation de Ghoul -encore !- devant le juge. «La répression peut faire restaurer l'autorité de l'Etat», pensent les pouvoirs publics. En fait, ils ne font que retarder l'échéance d'un séisme social qui risque de faire tout sauter sur son passage.