L'artiste-peintre Adlane Samet in situ Organisée par le collectif Asswad, à savoir Mo' Mohamed Benhadj et Mazia Djab, l'expo qui réunit pour la deuxième année des artistes algériens et internationaux de pays différents est visible jusqu'au 2 octobre. «L'imagination créatrice nous donne à entrevoir un monde intermédiaire où l'illusion s'introduit quelquefois, mais seul le réel, unité des contradictions peut être. Le principe d'identité nous dit ceux qui est «est»! Mais cette réalité est illusoire, nous prenons parfois nos désirs pour des réalités. L'imagination et la raison ne sont pas séparées, elles sont au contraire intimement liées, et partie prenante de notre réel; paradoxe de la vie et du principe de contradiction.» Explique le collectif Asswad qui organise pour la deuxième année consécutive à Alger Al-Tiba9 Exposition artistique d'art contemporain. Asswad est en fait un collectif d'artistes dont la démarche nous dit-on est «de saisir d'une façon particulière et intuitive la réalité sociale. La méthode consiste à créer une interface entre l'art et la société. Pour cela, le collectif a établi une dialectique urbaine grâce aux actions artistiques qui se déroulent dans des espaces publics. Il ne s'agit aucunement de donner des réponses, il est plutôt question d'affirmer des interrogations» c'est partant de ce postulat qu'il faudra vous promener à travers les oeuvres exposées jusqu'au 2 octobre à la galerie d'art de Didouche-Mourad. Une douzaine d'artistes d'ici et d'ailleurs y exposent leur vision décalée du monde. Jeudi dernier, jour du vernissage, beaucoup de monde s'est déplacé pour assister à cette curiosité esthétique made in collectif Asswad, dont l'ossature de base revient à Mohamed Benhadj et Mazia Djab. Les pays exposants cette année sont l' Algérie, l'Espagne, la Catalogne, l'Italie, mais aussi Cuba. Des artistes contemporains, plasticiens, performers, chorégraphes, danseurs, photographes et des peintres, conjuguent tous le thème de la deuxième année d'Al-Tiba9 Exposition artistique Alger 2014. au milieu de cette foisonnante expo c'est l'artiste-peintre Adlane Samet qui inaugurera cette manifestation avec une action de painting in vivo avec de la peinture acrylique. Adlane Samet se définit comme peintre d'un instant instinctif. Sa pratique (peinture et dessin) a des parentés entre la figuration libre et l'art brut. Ses créatures animalières sont naïves et loufoques à la fois. «Ce sont des personnages mythiques que je crée moi-même. La peinture pour moi, c'est d'abord une pulsion où je me lâche. Je dégage tout. Après ça. C'est un travail d'imagination. Oui, on peut y voir un lapin, c'est un jeu, il s'agit de s'amuser en peignant et en regardant», nous a-t-il confié. Dans un autre registre, le travail de Nariman Ghlamallah, artiste-peintre autodidacte (Algérie), raconte une histoire, une mise en scène fondée sur l'intuition et la sensibilité. Celle-ci a pour prédilection les chaussures comme objet principal de son exposition déclinée en peinture, photos revisitées et retroussées et enfin une installation de chaussures qui constituent pour elle son vécu, une partie de son intimité. «J'ai commencé à m'intéresser il y a quelques mois à la chaussure, mon point de départ, au fur et à mesure je me suis découverte une sensitivité envers cette chaussure, car quand on se lève le matin on met nos pieds dans nos souliers. Il nous représente socialement et culturellement. Si vous remarquez cette peinture (dyptique), les chaussures à même le sol suggèrent l'absent. En dessus de chaque fauteuil, il y a l'autre paire de chaussures. Ce tableau ne va pas sans l'autre, le fauteuil suggère le confort, chaleur, se lover dedans, la sensualité....». Pour sa part, Mo' Mohamed Benhadj nous revient avec une nouvelle vidéo/ performance réalisée la matinée même de l'expo. «Je suis un artiste qui a pour mission de travailler pour son pays d'abord, quand on part, on part comme citoyen, je suis un artiste en exil peut-être, mais qui travaille en Algérie pour son pays. J'y reviens souvent d'où la performance qu'on voit dans la vidéo.» nous a-t-il confié. Dans cette vidéo nous y découvrons un artiste justement qui porte sur son dos le poids de sa responsabilité, il marche à contre-courant vers l'aéroport, il quitte peut-être, mais parfois à contre-coeur, son pays car il étouffe ici, d'où le masque d' oxygène qu'il enlève de sa bouche. Vidéo touchante qui ne peut laisser indifférent et qui témoigne encore une fois de la sensibilité à fleur de peau de notre jeune artiste qui allie en lui, force et fragilité extraordinaire des plus palpables. Un être bouillonnant d'idées et ça se ressent dans son travail, ses envies et ses projets. Dans l'oeuvre de l'Espagnol Albert Coma Bau, l'illusion de n'être qu'un indissociable de l'Autre, quels que soient son sexe, son pays, se réfugie dans le trait, cette tentative spiritualiste de la palette à dessin aussi bien sensuelle et fine comme pour créer une atmosphère de mélange et de fusion spatio-temporel qui peut suggérer l'unité dans la différence et le mélange gracieux des corps en toute sensualité et pureté, tel un organisme d'anges amalgamés.. Le noir sur fond blanc rappelle un peu les traits spontanés des corps en mouvement comme celles des esquisses de vieux nu, des premiers croquis des stylistes, mais vu d'un angle autrement plus esthétisant et condensé et sauvage, rappelant un foisonnement de jungles humaines qui s'enchevêtre et s'annihile par moment, dans ce blanc qui met un peu de distance sans trop éloigner les gens les uns des autres. Le corps est la matrice des tableaux, il est la quintessence de sa matière, et le crayon, sa chair taillée dans l'âme orgiatique qui se dégage des oeuvres assez fascinantes de notre artiste espagnol. Une oeuvre qui nous plaira aussi est cette vidéo déclinant les différents moments de la vie (enfance, adolescence, jeunesse, maturité et vieillesse) en danse contemporaine grâce à plusieurs nanas qui en jettent. Une vidéo performance danse signée par Alexandra Foffano, artiste performer chorégraphe de Venise. D'autres tableaux sont à découvrir expressément. Une seule critique cependant, le manque d'homogénéité et de mise en espace réfléchie pour cette exposition qui mérite, somme toute le déplacement. Vivement.