Coup sur coup, dans des déclarations à la presse, les chefs de la diplomatie française et espagnole reviennent sur la question du dossier sahraoui. Les deux ministres français et espagnol, Michel Barnier et Miguel Angel Moratinos appellent à une solution politique du contentieux sahraoui. A la bonne heure, aurait-on pu dire si dans le même temps les deux hommes avaient clairement identifiés les belligérants impliqués dans l'affaire du Sahara occidental: le Maroc et le Front Polisario. En mettant une nouvelle fois en avant, le « dialogue direct » que, selon M. Barnier, le Maroc et l'Algérie sont censés initier pour trouver la solution au problème sahraoui, le chef de la diplomatie française frappe à l'évidence à côté, notamment en désignant comme partie prenante l'Algérie. L'Algérie, dont le rôle dans cette affaire, -en tant qu'observateur au même titre d'ailleurs que la Mauritanie-, est de veiller à l'application du plan international tracé par les Nations unies et devant donner au peuple sahraoui l'occasion de faire valoir son droit à l'autodétermination par l'organisation d'un référendum loyal et transparent. Dans un entretien accordé à notre confrère Le Quotidien d'Oran, Michel Barnier indique «la France pense qu'une solution politique réaliste doit être recherchée entre les parties au conflit du Sahara occidental, dans le cadre des Nations unies, et que rien ne doit leur être imposé. Mais nous disons aussi qu'un dialogue direct entre l'Algérie et le Maroc est nécessaire pour favoriser l'émergence de cette solution, en prenant en compte les impératifs de la stabilité régionale et les intérêts des deux pays et des populations concernées. Il y a un travail d'imagination et d'audace à faire pour dépasser les blocages hérités du passé.» Le problème est que le seul blocage reste du fait de Rabat qui refuse l'application d'un plan de paix auquel le Maroc avait pourtant souscrit en 1997 en cosignant, avec son belligérant le Front Polisario, l'accord d'Houston, sous l'égide de James Baker, représentant spécial du secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan. Il est clair, pour la communauté internationale que les «deux parties» en cause sont le Maroc et le Front Polisario, l'Algérie n'ayant jamais revendiqué aucune parcelle du territoire sahraoui. Bien au contraire, Alger a toujours soutenu qu'elle était prête à reconnaître la «marocanité» du Sahara occidental, pour peu que le peuple sahraoui puisse s'exprimer en toute liberté et transparence et que le résultat du référendum soit bien le souhait du peuple sahraoui et non point le résultat d'un référendum «confirmatif» qu'appelait de ses voeux le défunt Hassan II. Aussi, aux yeux de l'ONU et des institutions internationales, les seules parties concernées par cette affaire sont le Front Polisario et le Maroc. De son côté, le chef de la diplomatie espagnole, Michel Angel Moratinos, dans un entretien au journal madrilène El Mundo avertissait que «l'organisation, en ce moment», d'un référendum au Sahara «sans une solution politique au problème pourrait provoquer une crise généralisée en Afrique du Nord» appelant lui aussi les «parties» à trouver une «solution politique» sans préciser pour autant à quelles parties il songe, encore qu'on peut en déduire que dans son esprit les «parties» qui peuvent solutionner le problème soient le Maroc et l'Algérie. Il semble là aussi, que M.Moratino fasse fausse route en n'évoquant à aucun moment le belligérant principal dans cette affaire qui reste le Front Polisario. De fait, la seule solution politique est celle qui prenne en compte le plan de paix de l'ONU avec, en prime, des négociations directes entre le Maroc et le Front Polisario. Car, hors de ses deux parties au conflit, il y aurait hypocrisie à y impliquer une partie tierce : l'Algérie en l'occurrence. L'hypocrisie aujourd'hui est encore de feindre de croire que la solution réside dans un accord entre Alger et Rabat, alors que cette solution a toujours été dans l'application du plan onusien refusé par le royaume chérifien. En fait, le seul obstacle à la stabilité de la région reste le Maroc qui veut «imposer» sa solution à un territoire dont la population est frustrée de son droit à l'autodétermination et c'est celle-là la réalité de la problématique sahraouie. Car, si solution politique il y a, elle ne peut se concevoir que dans le cadre des Nations unies et dans l'application du plan de paix de l'ONU par le Maroc et le Front Polisario.