C'est dans un contexte bien particulier qu'intervient la visite du nouveau chef du gouvernement espagnol. Le contexte de ce voyage en Algérie est dominé par un chassé-croisé diplomatique qui s'articule autour de plusieurs évènements importants passés ou à venir. D'autant que cette visite de travail intervient au lendemain de celle de deux jours effectuée par Michèle Barnier, chef de la diplomatie française qui a mis à profit son séjour à Alger pour inviter l'Algérie et le Maroc «à donner un nouvel élan au dialogue fondamental sur le question du Sahara occidental» tout en indiquant que «les deux pays n'ont pas besoin de tuteur pour entamer le dialogue». Une invitation à laquelle a répondu le chef de la diplomatie algérienne, Abdelaziz Belkhadem : «L'Algérie est disposée à aider à trouver une solution politique pour peu que celle-ci respecte le droit du peuple sahraoui à l'autodertermination», avant de souligner «il est vital de développer nos relations avec le Maroc». Cette mise au point devrait clore définitivement le dossier du Sahara occidental bien avant l'arrivée de M.José Luis Rodriguez Zapatero à Alger qui considère que le conflit du Sahara occidental est un problème de décolonisation relevant des compétences exclusives de l'ONU. D'autant que Zapatero avait déclaré lors de sa visite au Maroc, le 24 avril dernier, que son gouvernement «espère contribuer à un grand accord entre toutes les parties, dans le cadre des Nations unies». En outre, il s'est dit convaincu de la possibilité de parvenir à un «point d'équilibre qui respecte les droits de toutes les parties». Toutefois, le ministre des Affaires étrangères espagnol et de la coopération Miguel Angel Moratinos, a estimé pour que «l'unité du Maghreb se fasse, il faut résoudre le problème du Sahara» occidental. Mais la venue de Zapatero à Alger sera, à ne pas en douter, l'occasion pour les responsables de Madrid et d'Alger de faire le point de la situation sur des questions très sensibles telles que la lutte contre le terrorisme, l'immigration et les questions régionales et internationales d'intérêt commun, le bilan de la coopération bilatérale entre les deux pays à la suite du traité d'amitié, de bon voisinage et de coopération, signé lors de la visite d'Etat du président de la République en Espagne en octobre 2002 qui considère l'Algérie comme un «partenaire stratégique». Ce sera aussi l'occasion pour le nouveau président du gouvernement en Espagne, élu le 16 avril dernier, rencontrer le chef de l'Etat Abdelaziz Bouteflika qui le recevra en audience avant d'offrir un déjeuner en son honneur. Dans le programme de la visite de Zapatero qui sera accompagné pour la circonstance de Miguel Angel Moratinos et de José Montilla, titulaire du portefeuille de l'Industrie, du Tourisme et du Commerce, ainsi que de plusieurs chefs d'entreprises parmi les plus importantes du tissu économique et industriel espagnol. Une rencontre est prévue entre les ministres algériens et leurs homologues espagnols. Les discussions devraient tourner principalement autour des projets de coopération au plan économique, notamment le gazoduc transeuropéen Médgaz qui doit relier directement l'Algérie à l'Espagne. Le gazoduc qui reliera la ville de Béni-Saf à Alméria aura une capacité initiale de 4 milliards de m3/an, après son entrée en service prévue en 2007. Les travaux de réalisation doivent commencer fin 2004. Pour rappel, l'Algérie fournit actuellement à l'Espagne quelque 60% de ses besoins en gaz. L'autre projet d'importance qui a fait l'objet de discussions entre les deux pays est l'interconnexion électrique sous-marine Algérie-Espagne, un maillon indispensable du futur réseau euro-méditerranéen d'énergie électrique. Outre le secteur de l'énergie, les deux parties évoqueront la promotion de la coopération dans divers autres domaines, notamment la petite et moyenne industrie, les transports, l'alimentation en eau et la construction de barrages.