L'égérie et muse de Serge Gainsbourg sera ce soir (19 h) et demain, à l'initiative du CCF, à Alger pour animer deux concerts exceptionnels à la salle Ibn-Zeydoun (OREF), après celui de la veille à Annaba. L'idée de venir se produire en Algérie lui trottait depuis pas mal de temps dans la tête, depuis que son violoniste, l'Algérien Djamel Benyelles, lui en avait touché un mot, lui donnant sérieusement envie de visiter l'Algérie. Ce violoniste d'origine oranaise a accompagné et collaboré avec les plus grands noms du raï, tels que les chebs Mami, Khaled... mais aussi avec une flopée d'artistes européens en France et à l'étranger comme Florent Pagny, Enrico Macias, Jacques Higelin... C'est le producteur Philippe Lerichomme, ami de Djamel depuis de nombreuses années, qui a eu l'idée géniale de le présenter à Jane Birkin afin d'insuffler une touche orientale à ces célèbres morceaux, tels que Elisa, Couleur café ou encore Comment te dire adieu... Comédienne et chanteuse d'une extrême sensibilité, Jane Birkin reste la plus troublante interprète de Serge Gainsbourg et berce depuis trente ans la chanson française de sa voix singulière. Avec cet air si fragile et si touchant à la fois, elle est devenue l'artiste anglaise la plus aimée des Français. En dépit de ses origines aristocratiques, elle reste la plus populaire de France... Née en 1946 d'un père aristocrate, commandant dans le Royal Navy et d'une mère grande comédienne de théâtre, c'est dans les années 60 qu'elle débutera sa carrière, à Londres. Après quelques petits rôles au cinéma notamment dans Blow up d'Antonioni, Jane débarque à Paris en 1968. Elle s'est fait remarquer dans ce film, qui a décroché la Palme d'Or au festival de Cannes. Puis, elle obtint un rôle dans Slogan de Pierre Grimblat, aux côtés du légendaire marginal Serge Gainsbourg. On connaît la suite. Des tubes à n'en pas finir qui feront beaucoup parler d'elle, même après leur séparation en 1980. Leur histoire s'écrira en musique avec le sulfureux duo Je t'aime moi non plus, puis suivront des titres que beaucoup d'entre vous ont, certainement, fredonnés, comme Di Doo Dath, Ex-fan des sixties, Baby alone in Babylone, Les Dessous chic...En 1990, elle chante Les Amours des feintes. Alors qu'elle se prépare à monter sur les planches du Casino, Jane apprend la mort de Gainsbourg puis celle de son père. Tout le monde se souvient sans doute de son émouvante interprétation de Je suis venu te dire que je m'en vais. Alors qu'on pensait ne plus entendre Jane, elle surprend tout le monde avec Lagadoue en 1995... et pour la première fois, Jane enregistre en 1998 un album entier, écrit par d'autres que Gainsbourg. Pour A la légère, elle fait appel à Souchon, Voulzy, MC Solar... Perçue comme une fille rigolote, Jane étonnera en 1980 en jouant dans La fille prodigue que Doillon réalisera cette année. Elle révèle une facette tragique que peu de metteurs en scène avaient mis à jour jusqu'alors. Elle confirmera incontestablement son talent d'artiste au sens plein du terme. Elle est depuis les années 90 très présente dans les luttes humanitaires et se mobilise pour les manifestations antiracistes qui se déroulent régulièrement dans les rues de la capitale française. Elle prend la caméra et tourne un court-métrage sur une jeune femme philippine. Elle incitera une trentaine de réalisateurs français à réaliser leurs propres courts métrages sur un prisonnier politique, afin d'alerter l'opinion... Avec Maggi au clavier, Djamel Benyelles au violon, Riami Amel au oûd et Aziz Boularoug à la percussion, Jane nous donnera ce soir une véritable leçon d'humanité et de générosité. Tous les bénéfices seront reversés au Croissant-Rouge, au profit des sinistrés de la dernière catastrophe.