Est-il possible de fouler, indéfiniment, aux pieds la légalité internationale? Peut-on refuser à un peuple le droit à l'indépendance? Les eurodéputés viennent de rappeler le Maroc à l'ordre. L'Union européenne soutient les efforts déployés par l'Organisation des Nations unies pour une solution politique juste et durable au conflit du Sahara occidental. Le communiqué est laconique. Il ne souffre par contre d'aucune ambiguïté. Il émane de la Haute représentante de l'UE pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité, Federica Mogherini qui a été auditionnée par la commission des Affaires étrangères du Parlement européen. La déclaration de l'ex-ministre italienne des Affaires étrangères va probablement retourner le fumier. Et cela risque de sentir mauvais du côté de Rabat. Pour qui sonne le glas? Le pouvoir marocain qui remue ciel et terre pour mettre les bâtons dans les roues au représentant personnel du secrétaire général de l'ONU est sur le qui-vive. Il redoute au plus haut point que le Conseil de sécurité ne revoit le cadre du processus de négociations mis en place depuis 2007. Cinq rounds de pourparlers directs entre Sahraouis et Marocains (Manhasset I II III IV et V) n'ont abouti à rien. Une situation intenable. Dans le cas où aucune avancée n'aura été réalisée avant le mois d'avril 2015 «le temps sera alors venu pour engager les membres du Conseil de sécurité à procéder à une révision totale du cadre du processus des négociations qu'il avait fournies en avril 2007» au Front Polisario et au Maroc, avait souligné Ban Ki-moon dans le rapport qu'il avait présenté le 17 avril 2014 devant le Conseil de sécurité à l'occasion de l'adoption d'une nouvelle résolution (2152) qui a prolongé le mandat de la Minurso, Mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental, qui prendra fin le 30 avril 2015. Six mois nous séparent de cette date fatidique. Pris sans doute de panique, le souverain marocain avait demandé à rencontrer le SG de l'Onu en marge de la tenue de la 69e Assemblée générale de l'ONU. M. Ban lui ayant opposé un niet catégorique, Mohammed VI a fini par annuler sa participation à ce rendez vous planétaire. La position exprimée de la diplomatie européenne exacerbe un peu plus la question. Le message est clair. Il aurait pu paraître anodin il faut le reconnaitre. Sauf qu'il intervient à un moment où les événements ont remis sur les devants de la scène et les feux de l'actualité un conflit vieux de près de quarante ans qui a été mis dans l'impasse. A cause de l'intragisance d'un de ses belligérants: le Maroc, pays colonisateur de surcroit qui continue de défier la légalité internationale. Il persiste à occuper les territoires du Sahara occidental et s'oppose farouchement à la tenue d'un référendum d'autodétermination qui permettrait au peuple sahraoui de s'exprimer librement quant à son destin.Un droit que lui garantissent pourtant les nombreuses résolutions adoptées et votées par le Conseil de sécurité de l'ONU. Christopher Ross dont l'objectif est de réunir le Front Polisario et les représentants marocains autour de la table des négociations devrait reprendre son bâton de pèlerin. Sa visite dans la région avait été annoncée pour le mois d'octobre 2014. C'est donc un soutien précieux dont vient de bénéficier l'envoyé spécial de l'ONU pour le Sahara occidental de la part des élus de Strasbourg. Tant cette ultime tentative semble être celle de la denière chance...