La Cour suprême libyenne a commencé hier à examiner un recours sur la constitutionnalité des réunions et décisions du nouveau Parlement, contestées par des députés et des milices, selon des images de la télévision. Ce recours a été déposé par Abderraouf al-Manai, un député pro-islamiste qui boycotte comme d'autres élus le Parlement, issu des élections du 25 juin. M.Manai justifie sa démarche par le fait que le Parlement n'a pas respecté la Constitution provisoire qui stipule qu'il doit siéger à Benghazi (1.000 km à l'est de Tripoli), selon la Cour dont la réunion a été transmise en direct par la chaîne privée Al-Nabaa. A l'issue d'une brève audience, la Cour suprême, la plus haute autorité judiciaire du pays, a décidé d'ajourner l'examen de l'affaire au 20 octobre, pour permettre aux avocats de préparer leurs plaidoiries. Reconnu par la communauté internationale, le Parlement, dominé par les anti-islamistes, siège depuis son élection à Tobrouk, dans l'extrême est de la Libye, estimant que sa sécurité ne pouvait être assurée à Benghazi, fief de groupes jihadistes et théâtre de violences quotidiennes. Dans son recours, le député plaignant estime aussi que le Parlement n'a pas respecté la Constitution qui prévoyait une cérémonie de «passation de pouvoir» à Tripoli entre la nouvelle assemblée et le Congrès général national (CGN, Parlement sortant). M.Manai, ainsi que d'autres députés islamistes, accusent par ailleurs le nouveau Parlement d'avoir outrepassé ses prérogatives en appelant en août à une intervention étrangère en Libye pour protéger les civils, après la prise de la capitale par «Fajr Libya», une coalition de milices. La plupart des députés qui boycottent le Parlement soutiennent «Fajr Libya» qui a formé un gouvernement parallèle connu pour ses sympathies islamistes. Et le CGN, dont le mandat a expiré théoriquement avec l'élection du nouveau Parlement, a repris ses travaux. L'implication de la Justice dans cet imbroglio politique devrait compliquer davantage la situation en Libye en proie aux violences et une anarchie institutionnelle sans précédent.