Une première depuis plus de deux ans. Le baril a atteint le seuil critique. Les prix du pétrole reculaient nettement vendredi à New York, plombés par une aversion croissante au risque sur les marchés financiers et des craintes sur la demande mondiale. Au début de l'après-midi, le baril de «light sweet crude» (WTI) pour livraison en novembre perdait 77 cents dollar à 85 dollars, sur le New York Mercantile Exchange (Nymex). Dans les échanges asiatiques, le WTI est tombé jusqu'à 83,59 dollars, un nadir depuis le 3 juillet 2012. A Londres, le Brent évoluait à des plus bas prix depuis fin 2010. «Et la raclée continue sur le marché de l'énergie, le mariage malheureux entre de mauvaises perspectives de demande en brut et une hausse de l'offre faisant une nouvelle fois fuir les acheteurs», a relevé un analyste. La progression de la demande de brut dans le monde est bien moins rapide que prévu, notamment à cause des problèmes économiques de la zone euro, qui ne parvient pas à redécoller, et du ralentissement de la croissance chinoise. Ces inquiétudes «sur l'économie mondiale n'affectent d'ailleurs pas que le brut mais se ressentent sur la plupart des marchés financiers dorénavant, se manifestant par une fuite généralisée des investisseurs des actifs les plus risqués», comme le brut ou les actions, «et un renforcement du dollar», a-t-il expliqué. Or, plus le billet vert a une valeur élevée, moins les matières premières libellées dans cette monnaie sont attractives pour les acheteurs munis d'autres devises. «Un climat économique chaotique de par le monde et des signes laissant anticiper que l'Opep (l'Organisation des pays exportateurs de pétrole, ndlr) ne va pas tenter d'intervenir en réduisant sa production» malgré une hausse de la production de la Libye, «créent un exode massif», a renchéri un observateur. Face à cette demande molle, aucun problème majeur d'interruption des approvisionnements de brut n'est à déplorer. Et l'Arabie Saoudite, chef de file du cartel, a récemment réduit ses prix pratiqués à ses clients asiatiques, ce qui a été interprété comme une volonté de protéger ses parts de marché plutôt que le niveau des prix. Cela au moment où l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) a maintenu inchangées ses prévisions de croissance de la demande mondiale de brut en 2014 et 2015, malgré une accélération de la baisse des prix, dans son rapport mensuel publié vendredi à Vienne. L'Organisation de douze pays, qui pompe environ un tiers du brut mondial, a confirmé sa prévision d'une hausse de la demande de 1,05 million de barils par jour (mbj) cette année, à 91,19 mbj, et de 1,19 mbj en 2015, à 92,38 mbj. L'Opep constate que les prix du pétrole poursuivent leur chute en raison d'une «faible demande et d'une offre abondante». Les prix du pétrole ont poursuivi leur dégringolade vendredi en cours d'échanges européens, tombant à des niveaux inconnus depuis fin 2010 à Londres et mi-2012 à New York. L'Opep, dont la prochaine réunion est prévue le 27 novembre à Vienne, n'a pour l'instant pas montré de volonté claire de réduire son offre.