Le gouvernement intérimaire irakien impuissant à juguler la violence. Un véritable miracle s'est produit hier à Bagdad qui a vu le ministre de la Justice Malek Dohane Al-Hassan, échapper à un attentat à la voiture piégée. Une voiture bourrée d'explosifs a ainsi explosé au passage du convoi dans lequel a pris place le membre du gouvernement intérimaire irakien. Dans un magma de chair humaine et de tôles de voitures, Malek Dohane Al-Hassan (83 ans) en sort quasiment indemne. Toutefois, il a été relevé la mort de cinq personnes et plusieurs blessés. Ce nouvel attentat qui a visé un membre du cabinet Allaoui, quelques jours après celui du 14 juillet contre le siège du gouvernement intérimaire, indique la détermination des groupes d'opposition armés à mener la vie dure à ce qu'ils considèrent comme des collaborateurs des puissances occupantes américaine et britannique. De fait, hier le groupe Tawhid wal Jihad du Jordanien Abou Moussab Al Zarqaoui, lié à la nébuleuse Al Qaîda, a rendu public un communiqué dans lequel il revendique l'attentat manqué contre le ministre de la Justice irakien. Ce texte, dont l'authenticité n'a pu être établi affirme : «Vos frères du groupe Al Tawhid wal Jihad ont mené une opération contre l'apostat et traître appelé Malek Dohane Al Hassan, le ministre de la Justice du gouvernement apostat et inféodé aux Etats-Unis». Le groupe d'Al Zarqaoui reste ainsi très actif et est responsable d'une large majorité des attentats menés en Irak depuis une année, notamment celui qui a coûté la vie au représentant de l'ONU, Sergio Vieira de Melo. En fait, malgré ses déclarations quelque peu tonitruantes, Iyad Allaoui, doit bien faire le constat que son cabinet intérimaire n'a pas les moyens de sa politique et que la persistance de la violence et de l'insécurité complique le challenge de mettre en place les institutions légitimes irakiennes dans les temps impartis. En fait, la violence n'a pas faibli et l'arrivée au pouvoir d'une équipe composée d'Irakiens n'a pas changé grand chose à la donne initiale du problème, d'autant plus que les deux hommes clés du nouveau pouvoir, Iyad Allaoui et Ghazi Ajil Al-Yaouar, très proches des Américains, (M.Allaoui reconnaissant sans complexe avoir été un agent de la CIA) ne semblent pas aujourd'hui les mieux indiqués pour rétablir la confiance parmi les Irakiens. De fait, l'insécurité qui ne se dément pas, la montée en puissance du grand banditisme qui tire profit du chaos ambiant, rendent inapplicables les recommandations de l'envoyé spécial de l'ONU en Irak, Lakhdar Brahimi, notamment l'organisation d'élections générales avant la fin de 2005. Par ailleurs, dans le sillage des «succès» de la prise d'otages qui ont notamment contraint les Philippines à retirer leurs soldats en Irak, le groupe Al Zarqaoui a sommé hier l'Italie de retirer ses troupes d'Irak. Un texte signé «Brigade Khaled Ibn Al-Walid, Al Qaîda» publié sur un site Internet islamiste, indique : «Peuple italien, votre gouvernement a participé à la guerre contre l'Irak et a envoyé des troupes et des arsenaux dans notre pays. Nous vous appelons pour la dernière fois à lui demander de se retirer pacifiquement d'Irak» avertissant : «Si votre gouvernement n'obéit pas, la solution résidera dans les voitures piégées» (...). Ben Laden avait proposé «la paix» aux Européens, leur donnant trois mois pour se déterminer, dans un document sonore diffusé le 15 avril dernier. Est-ce à dire que le temps des représailles est venu? La sommation faite à Rome donne tout lieu de croire qu'il y a un lien entre l'avertissement d'hier et l'appel du chef d'Al Qaîda.