La violence continue de semer la mort en Irak qui enregistrait hier l'assassinat d'un haut fonctionnaire de la Défense. Pas de répit dans les attentats en Irak où le cercle macabre de la violence semble s'être incrusté dans la durée. Hier encore, un nouvel attentat à la voiture piégée a fait un carnage près d'un commissariat de police dans le centre de Bagdad. Le bilan établi faisait état de neuf morts et de soixante-deux blessés, en majorité des civils qui, pour une raison ou une autre, se trouvaient dans la proximité du commissariat de police visé par l'attaque. L'explosion du camion piégé, vers 8h 30 locales (5h 30 GMT), a creusé un cratère de plusieurs mètres de profondeur, selon les témoins, ce qui atteste de la puissance de la charge explosive dans le but évident de faire le plus de victimes possibles. Cette journée ensanglantée a été également marquée par l'assassinat du directeur général du ministre intérimaire irakien de la Défense, Issam Jassem Khadem. Ce nouvel assassinat d'un haut fonctionnaire s'inscrit dans la longue liste de meurtres de hauts responsables et fonctionnaires irakiens depuis la mise en place, en août dernier, du Conseil transitoire irakien remplacé depuis le 1er juin dernier par un gouvernement intérimaire irakien. En fait, le 12 juin, quelques jours seulement après l'installation de ce nouveau cabinet, le sous-secrétaire aux Affaires étrangères chargé des organisations internationales et de la coopération, Bassam Koubba, était assassiné par balles par un inconnu à Bagdad. En début de semaine, le 17 juillet, le ministre intérimaire de la Justice, Malek Dohane Al-Hassan, est victime d'une tentative d'assassinat dans une attaque à la voiture piégée. Dohane Al-Hassan en sort miraculeusement indemne, mais plusieurs de ses gardes du corps y trouvent la mort. Cette série d'attentats et d'assassinats ciblés n'a fait que s'aggraver depuis le transfert de pouvoir, le 28 juin dernier, au gouvernement intérimaire irakien du président Ghazi Ajil Al-Yaouar et du Premier ministre Iyad Allaoui, tous deux désignés par l'ancien administrateur américain, Paul Bremer. De fait, en faisant d'Iyad Allaoui sa cible prioritaire, le groupe Al Tawhid wal Jihad du Jordanien, Abou Moussab Al Zarqaoui, (l'ennemi numéro 1 des Américains), responsable de la majorité des attentats de ces derniers mois, n'entend laisser aucun répit au Premier ministre intérimaire irakien et à son gouvernement qualifiés d'apostats. Par ailleurs, hier, le corps d'un officier de la police irakienne, Nafa Atallah Azidj, enlevé par des inconnus dimanche à Ramadi, ville à l'ouest de Bagdad, a été retrouvé au lieu-dit «Khamsa Kilo» (Cinq kilomètres) dans la banlieue de cette ville. La violence a ainsi créé l'enfer au quotidien en Irak, atteignant des paroxysmes notamment dans la capitale qui reste le lieu privilégié de toutes les attaques et attentats commis ces dernières semaines. C'est dans ce contexte sécuritaire alarmant que le Premier ministre intérimaire, Iyad Allaoui, a entrepris sa première visite à l'étranger en Jordanie où il doit avoir des entretiens avec son homologue jordanien, Fayçal Al-Fayez, de même qu'il sera reçu en audience par le roi Abdallah II. Selon les indications de son entourage, M.Allaoui, accompagné de huit ministres, axera ses propos sur la dette extérieure de l'Irak évaluée à 120 milliards de dollars dont 50 milliards dus aux monarchies du Golfe. L'un des membres de la délégation, le ministre du Plan, Mehdi Al-Hafez, a indiqué que «la question de la dette et des compensations sera abordée (avec les responsables jordaniens) et j'espère que nos frères arabes seront compréhensifs» soulignant «nous tentons de faire annuler 95% de nos dettes». Par ailleurs, dans une déclaration à la presse, le ministre des Affaires étrangères, Hoshayr Zebari, a pointé du doigt des pays voisins qu'il accuse de «vouloir combattre les USA sur le sol irakien» sans pour autant aller jusqu'à les désigner nommément, indiquant «certains de ces pays pourraient chercher à lutter contre l'Amérique dans notre pays, et nous finirons par en payer le prix». Notons que le gouvernement provisoire irakien a nommé hier des ambassadeurs ou chefs de mission dans 43 pays qui inclut 13 pays arabes, dont l'Algérie et la Ligue arabe, 17 pays de l'UE, dont le Vatican et la mission de l'ONU à Genève, cinq pays musulmans, dont l'Iran et d'autres pays tels que le Canada, l'Australie et l'Afrique du Sud.