Au Caire où s'est tenue la conférence des donateurs pour la reconstruction de Ghaza - dévastée par la dernière agression israélienne - ladite «communauté internationale» n'y est pas allée par quatre chemins exigeant la reprise des négociations israélo-palestiniennes, contre la poursuite de l'aide financière, afin de réparer ce qu'Israël se donne beaucoup de plaisir à détruire. Certes, cela n'est pas exprimé aussi crûment que nous le traduisons ici, mais en termes diplomatiques qui, sans doute, n'offusquent pas, mais n'en restent pas moins une injonction très claire. Le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, donne le ton qui, d'emblée met les points sur les «i» indiquant: «La communauté internationale est prête à financer mais plus question de se contenter de cessez-le-feu.» Il faut, dit-il «reprendre les négociations de paix» qu'il avait, en septembre 2013, eu beaucoup de peine à remettre sur les rails. Comme attendu, cependant, cette énième tentative de trouver une issue au contentieux israélo-palestinien s'est achevée en queue de poisson en avril dernier, marquant un nouvel échec du parrain US. A quoi fallait-il s'attendre, après 20 ans de tentatives infructueuses qui ont tourné en «eau de boudin»? De son côté la chef de la diplomatie de l'Union européenne (UE), Catherine Ashton, y va de son antienne, «cela doit être la dernière fois que l'on appelle la communauté internationale à reconstruire Ghaza». «On ne peut pas, enchaîne-t-elle, retourner au statu quo ante qui s'est révélé intenable (...) Il faut une solution politique pour Ghaza dans le cadre plus large de discussions entre Palestiniens et Israéliens sur la solution à deux Etats (...), la seule véritable solution à ce conflit». On ne le lui fait pas dire. Certes, en exigeant des deux parties de retourner à la table des négociations, ladite «communauté internationale» se donne bonne conscience à peu de frais, une manière de dire qu'elle fait son devoir en incitant les parties à revenir au dialogue. Mais voyez ce qui se passe...C'est insupportable. Ben voyons! Il y a maldonne cependant! Que disent les deux porte-parole de ladite «communauté internationale» (John Kerry et Catherine Ashton)? L'Américain martèle «il faut reprendre les négociations» et l'Européenne renchérit «on ne peut retourner (...) au statu quo ante...». Ce que l'on relève est que ces menaces (comme de ne plus financer la reconstruction de Ghaza après de nouvelles destructions par Israël) et mises en garde s'adressent prioritairement aux Palestiniens. Donc, on culpabilise les Palestiniens pour les dégâts que les agressions d'Israël causent à leur territoire et de l'impasse où est coincé le processus de paix. Ni les USA, ni l'UE n'ont estimé politiquement correct de mettre Israël face à ses responsabilités en exigeant l'arrêt immédiat de la colonisation en Cisjordanie et à Jérusalem-Est occupées, la levée du blocus qui a fait de la bande de Ghaza une gigantesque geôle pour les Palestiniens. Même le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon (qui était d'ailleurs hier à Ramallah sera aujourd'hui en visite à Ghaza) doit avoir l'autorisation d'Israël pour pouvoir se rendre à Ghaza. Comment exiger des Palestiniens de retourner à la table des négociations quand parallèlement Israël poursuit la reconfiguration de leurs territoires (constructions de logements à Jérusalem-Est et en Cisjordanie)? Ainsi, au lieu de sommer Israël d'arrêter la colonisation et de lever le blocus - qui est un crime contre l'humanité - ladite «communauté internationale» attend d'Israël «un assouplissement du blocus» qui fait d'un million et demi de Palestiniens, des parias. Ladite «communauté internationale» quémande un «assouplissement» d'un blocus qui punit tout un peuple, qui eut l'audace de faire des choix politiques (victoire électorale du Hamas en 2006) qui n'agréaient ni Israël, ni ladite «communauté internationale». Cela dure depuis huit ans! Est-ce que ces représentants de ladite «communauté internationale», qui focalisent les seuls Palestiniens, se sont interrogés sur le pourquoi des échecs répétés du processus de paix et s'il était normal que durant les négociations dites de paix, l'une des parties oeuvre à rendre improbable l'édification de l'Etat de l'autre partie? Or, Israël bloque de tous ses freins le processus de paix et c'est aux Palestiniens que l'on demande de faire d'autres concessions. Que dire encore des propos du président US, Barack Obama, qui conditionne la reconnaissance d'un Etat palestinien à un accord avec Israël. Ce qui sous-entendrait que l'existence de la Palestine (c'est-à-dire des Palestiniens) dépendrait du seul vouloir d'Israël? C'est bien cette lecture que font ceux qui font pression sur les Palestiniens se gardant d'exiger quoi que ce soit d'Israël. Faut-il dès lors s'étonner que les paroles de M.Kerry et Mme Ashton sonnent si faux?