Depuis le début de l'été, l'Algérois baigne dans une humidité exaspérante. Ce qui explique les plaidoiries...sèches à la barre! Le trafic de came est lourdement puni à travers nos juridictions, toutes nos juridictions, même si le juge de Bouira n'a pas la même décharge électrique que ses collègues de Tébessa, Maghnia ou encore Souk Ahras. La loi n°04-18 du 25 décembre 2004 relative à la prévention et la représenttion de l'usage du trafic illicite de stupéfiants et de substances psychotropes est pourtant une véritable massue pour assommer ceux qui s'adonnent au trafic de ce poison. Tous les jours, tous les après-midis et...hélas souvent toutes les nuits, de lourds verdicts sont prononcés à l'encontre d'acteurs de commercialisation de détention ou d'usage de drogue. Malheureusement, entre le prononcé du verdict, l'enquête et les débats en correctionnelle, il y a les interventions des enquêteurs souvent pointés de l'index par des avocats agacés par cette justice expéditive. Il faut ajouter les perquisitions dans les domiciles sitôt le mandat en main. Et une fois une procédure piétinée, l'avocat va vers la demande de l'annulation des procédures. L'inculpé-détenu qui a comparu à Chéraga (cour de Tipasa) a été pris avec 57 grammes? soit plus de six cents joints prêts à la consommation. D'ailleurs, c'est dans ce sillage des faits que Billel Chouieb, le procureur, demandera une peine d'emprisonnement ferme de dix ans! Et ces demandes ont été effectuées par le ministère public sur la base de l'article 17 de la loi n°04-18, un article qui «punit d'un emprisonnement de dix (10) ans à vingt (20) ans et d'une amende de 5000.000 DA à 50.000.000 DA, toute personne qui, illicitement, produit, fabrique, détient, offre, met en vente, vend, acquiert, achète pour la vente, entrepose, extrait, prépare, distribue, livre à quelque titre que ce soit, fait le courtage, expédie, fait transiter ou transporte des stupéfiants ou substances psychotropes. La tentative de ces infractions est punie des mêmes peines que l'infraction consommée. Les actes prévus à l'alinéa «premier» ci-dessus sont punis de la réclusion perpétuelle lorsqu'ils sont commis en bande organisée». Evidemment, ici Chouieb, le parquetier, a requis dix ans car il a puisé dans l'article 17, le verbe «détruit». Pour tout parquetier, 57 grammes de came détenus ne peuvent être destinés qu'à la vente, donc à la commercialisation. Brrr! Ce qui va plutôt surprendre le magistrat «debout». C'est l'envolée fantastique de Maître Nassima Aïd, l'avocate de ce diable d'inculpé venu avec une tête, mais alors une tête, on ne vous dit pas. Elle va non seulement réussir à retenir l'attention de l'assistance mais aussi et surtout de Sabiette, la présidente impeccablement tolérante. Cette magistrate nous change un peu de ses collègues qui se lamentent au moment des plaidoiries qu'ils trouvent longues, fastidieuses, lassantes, et quelconques, donc. Il est vrai qu'il y a des plaideurs qui passent à côté de la plaque mais tout de même: le droit de la défense est sérieux et il faut le respecter. La juge de Chéraga est à féliciter pour ce qui est de la tolérance et la patience devant les écarts permis, oui, l'avocate de Chéraga a crié, fustigé, gigoté, protesté mais le tout dans une exemplaire correction, dont elle possède le secret car en avançant sur les 20 ans de barre et les deux années judiciaires de membre du conseil de l'Ordre de Blida, Aïd est franchement à encourager d'autant plus qu'elle possède aussi le secret de faire long en intervenant mais sans pour autant agacer les magistrats et l'assistance. Le dossier étant bien décortiqué, Maître Nassima se jette dans le bain comme celui de ce jour et attend, sereine, le verdict sans trop se faire un sang d'encre car elle possède dans sa gibecière une arme offensive nommée: l'appel auprès de la cour! Et en quittant la salle avec le secret espoir qu'un bon résultat sera cueilli dans une semaine, l'avocate de Chéraga s'en est allée vers Koléa, une juridiction où elle adore y montrer ses talents de plaideur rassurant.