De la liesse, des youyous fusaient de l'intérieur même des cybercafés. C'est la façon dont se sont exprimés les nouveaux bacheliers. Eux qui ont obtenu ce fameux visa pour la fac et, pour ainsi dire, pour l'avenir. Les nouveaux bacheliers n'ont pas attendu l'arrivée de la journée d'aujourd'hui pour que leurs établissements affichent les résultats. L'impatience a duré presqu'un mois. Les plus chanceux ont pu avoir les résultats en consultant des sites mis à leur disposition à cette occasion comme : www.onec-ez.org ou www.bacfacdz-dz.org. (Ce dernier, selon des sources, manque d'authenticité et de rigueur). Ces sites sont vite saturés, un troisième a été alors créé, il s'agit du site : www.annonces-dz.com. Ainsi, durant la nuit du 18 au 19 juillet, les cybers ont été pris d'assaut. Pas de place pour ceux qui veulent tchatcher. La priorité est aux bacheliers. «C'est une exception, je ne ferme qu'après le départ du dernier internaute», nous confie le gérant d'un cyber, sis à Alger-Centre. Un afflux extraordinaire a été remarqué. «Depuis que j'ai ouvert cette boîte, je n'ai jamais vu une affluence aussi importante que celle d'aujourd'hui», ajoute notre interlocuteur. Les heureux bacheliers n'en croyaient pas leurs yeux. En tapant leur numéro d'inscription sur la page d'accueil, l'émotion jaillit. Des cris de joie. La plupart, particulièrement les filles, sont allées jusqu'aux larmes. Le cyber se mue alors en une salle de fête. Tout le monde était ému. Quant aux autres, ceux pour qui la chance n'a pas souri, le visage devient brusquement blême. Une couleur terne monte au visage. «Je ne l'ai pas eu...» balbutia un malheureux lycéen, à l'adresse de sa petite amie. Dans ce milieu «électronique» les sentiments se télescopent. D'un côté se trouvent les perdants, de l'autre les gagnants. Les heureux élus. Ceux qui vont, à leur grand bonheur, franchir le seuil de l'université. La vie est ainsi faite... A 23h, en cette soirée du dimanche 18 juillet, les nouveaux bacheliers étaient encore branchés devant les PC. «Je reste ici, devant le micro rien que pour revoir mon nom...et jouir de ma réussite», nous confie un heureux élu, un large sourire sur les lèvres. Ces boîtes n'ont fermé leurs portes qu'à une heure tardive de la nuit. Hier, les gérants de cybers ont dû se réveiller très tôt. Dès huit heures du matin, les portes étaient ouvertes. Les premiers clients se sont postés devant les micros, les yeux grands ouverts. Rien ne leur échappe. Lors de la tournée que nous avons effectuée à travers les lycées de l'Algérois, les nouveaux bacheliers étaient déjà devant les lycées à s'échanger les félicitations. Les filles et les garçons ont donné libre cours à leur joie. Se laissant aller aux bises les plus chaudes. Car cette fois-ci, il est permis. 10h. Nous sommes devant le lycée Amara Rachid de Ben Aknoun. Les étudiants, car ils le sont maintenant, se sont scindés en groupes. Chacun a sa façon de raconter sa joie. On s'approche. On interroge. «J'ai eu les résultats hier (18 juillet), sur Internet, je ne peux attendre. Mais je reviens quand même ici pour rencontrer mes amis...», nous déclare Sarah, désormais ex-élève de classe maths, qui affirme avoir décroché son Bac avec mention très bien. «...C'est-à-dire à partir de 15/20», ajoute-t-elle fièrement. Ici, au lycée Amara Rachid, sur les 32 élèves de la classe maths à avoir passé le Bac, 31 l'ont décroché. «S'hab El Baroud est le nom de notre classe. Nos profs, malgré leur sévérité dans les notes, ont réussi quand même à démontrer qu'ils sont capables d'inventer la joie...et maintenant nous savons pourquoi ils ont été trop exigeants», déclarent ces bacheliers qui n'ont cessé de citer les mérites de leurs enseignants. Toutefois, la grève qui a trop duré n'a pas été mise de côté. Ils avouent avoir trimé devant la surcharge des programmes et les vacances qui n'ont que trop duré. Nous laissons S'hab El Baroud fêter l'événement qui reste, certainement, le plus remarquable de leur existence. Nous descendons à Alger. L'ambiance est identique. Au lycée Delacroix, Omar Racim ou encore à Emir Abd El Kader de Bab El Oued,l'atmosphère est la même. Ne reste maintenant qu'à attendre l'affichage qui se fera aujourd'hui.