Une chute des prix inquiétante Les cours de l'or noir se maintiennent pour le moment dans une fourchette comprise entre 80 et 90 dollars... Les prix du pétrole ont trouvé de la ressource pour arrêter leur descente en enfer. Une convalescence qui a débuté jeudi dernier et qui s'est poursuivie vendredi. Le baril de Light Sweet Crude (WTI) pour livraison en novembre a grapillé 5 petits cents, clôturant la séance à 82,75 dollars, sur le New York Mercantile Exchange (Nymex). Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en décembre, dont c'était le premier jour d'utilisation comme contrat de référence a, de son côté, terminé à 86,16 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres. Soit une hausse de 34 cents par rapport à la clôture de jeudi. Rien ne garantit cependant que l'on puisse entrevoir dans ces légers rebonds la fin du calvaire. «Les prix du pétrole ont réussi (jeudi dernier) à terminer une séance en hausse pour la première fois cette semaine et seulement la deuxième fois depuis la semaine dernière», font remarquer les analystes de Commerzbank. Les cours de l'or noir n'ayant en effet pu sortir la tête de l'eau qu'à la faveur d'achats à bon compte. «Dans le sillage d'une chute de 15 USD en l'espace de deux semaines et demie, ce genre de mouvement contraire n'est pas du tout inhabituel, tout particulièrement parce qu'il a coïncidé dans le cas du Brent avec l'expiration du contrat de novembre», expliquaient les experts de Commerzbank. L'embellie est-elle un feu d'artifice? Cela lui ressemble. Les économies des puissances occidentales, grosses consommatrices d'or noir, sont à bout de souffle. «Un chiffre allemand préoccupant aujourd'hui accentue encore la faiblesse de l'activité économique européenne et les inquiétudes d'une nouvelle baisse de la demande dans la région» a indiqué John Kilduff, de Again Capital. La première économie de la zone euro a revu en baisse ses prévisions de croissance. 1,2% pour 2014 et 1,3% pour 2015. Alors que les Etats-Unis, premier pays consommateur d'or noir inondent désormais le marché grâce à une production d'hydrocarbures non-conventionnels (schiste) en plein boom. Ils ont produit 8,951 millions de barils par jour la semaine dernière. Une performance inégalée depuis le mois de juin 1985. «L'offre en brut est trop abondante et on ne perçoit aucun signe de la part des pays de l'Opep, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole, laissant anticiper une réduction de leur production pour endiguer la baisse des prix, a relevé John Kilduff, de Again Capital.» L'Algérie demeure sur le fil du rasoir. Les cours de l'or noir se maintiennent pour le moment entre 80 et 90 dollars. Une fourchette qui lui permettra de voir l'orage passer. A condition que la situation ne se détériore davantage. Les statistiques ne sont guère à son avantage. Il va falloir s'attendre à une baisse significative des recettes pétrolières et à une facture record des importations qui ne sera pas loin des 60 milliards de dollars tandis que les équilibres budgétaires risquent d'être rompus. Des voix d'experts, d'observateurs avertis à titre individuel ou au sein d'institutions nationales et internationales (Banque d'Algérie, Fonds monétaire international, Banque mondiale) se sont élevées pour tirer la sonnette d'alarme. «Il est nécessaire de mener un travail ambitieux et soutenu de rééquilibrage des finances publiques pour placer la politique sur une trajectoire viable et veiller à épargner la richesse des hydrocarbures pour les générations futures», a conseillé Zeïne Zeïdane, le chef de la mission du Fonds monétaire international qui a séjourné dernièrement en Algérie. «L'équilibre budgétaire requiert des niveaux de prix des hydrocarbures supérieurs à 112 dollars le baril», avait prévenu la Banque d'Algérie dans un rapport présenté par Djamel Benbelkacem, son directeur-conseiller, au début du mois de juillet 2012. Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, avait assuré, quant à lui, que l'Algérie avait étudié «les scénarios les plus pessimistes et toutes les hypothèses, y compris si le pétrole descend à 70 dollars». Ce qui n'est pas à souhaiter...