Les pouvoirs publics ont assurément commis une grosse erreur vers la fin des années 80. Lors de la conférence de presse qu'il animera ce matin, conjointement avec le président de la LNF, M.Mohamed Mecherara, le président de la FAF, M.Mohamed Raouraoua, abordera très certainement le sujet de la prise en charge des clubs lors du championnat national en matière de transport, d'hébergement et de restauration. Comme nous l'avions annoncé dans une de nos précédentes éditions, cette prise en charge sera assurée par la fédération. C'est là une révolution dans la mesure où elle permettra aux clubs d'être soulagés d'une très grosse contrainte budgétaire sans que cela n'affecte leurs droits aux subventions publiques. Il est certain qu'elle ne plaira pas à tout le monde. Il existe, en effet, des dirigeants qui veulent eux-mêmes s'occuper de la prise en charge de leurs clubs car il y a de l'argent à gagner par ristournes interposées. Cette initiative vient du président de la FAF pour lequel les clubs restent à statut amateur en dépit des grosses sommes d'argent qui transitent par eux. M.Raouraoua entend ainsi rectifier le tir et permettre aux pouvoirs publics d'avoir plus de facilités dans le contrôle des clubs. Seulement cette histoire ne manque pas de nous faire poser la question si les pouvoirs publics n'ont pas commis une très grosse bourde au lendemain de l'avènement de la loi 89/03 sur le sport qui venait suppléer l'ex-code de l'EPS de 1977. Lorsqu'il avait été promulgué, ce code avait placé tous les clubs de l'élite sous la tutelle d'entreprises publiques. C'était des agents de celles-ci qui avaient eu le privilège de diriger les clubs, donc de gérer le budget alloué par les entreprises concernées par l'opération. Inutile de vous dire que le contrôle était autrement plus efficace que celui instauré actuellement où les DJS sont complètement dépassées par les événements. En outre, c'est grâce au code de l'EPS que l'Algérie a pu former ses plus grands champions et eu sa plus grande équipe nationale de football, celle de la décennie 80. La seule grosse erreur commise avec le code de l'EPS, c'est de n'avoir pas permis aux clubs de construire leurs propres centres de préparation et de formation. La crise économique mondiale qui a sévi à la fin de cette décennie, a poussé ensuite, les entreprises à se défaire de la gestion des clubs en dehors de la plus importante d'entre toutes, la Sonatrach qui a gardé sous sa coupe le MCA. Les clubs ont, donc, été «libérés» et remis entre les mains de dirigeants de divers horizons et non soumis à des critères draconiens en matière de probité et d'honnêteté sur le plan moral et sportif. Et ces dirigeants se sont mis à gérer les clubs avec l'argent de l'Etat, puisque celui-ci a continué à les subventionner. Il serait bon, à notre sens, que le ministère de la Jeunesse et des Sports fasse une étude comparative entre l'argent dépensé pendant la période du code de l'EPS et celui versé aux clubs de 1989 à nos jours. Une telle étude devrait nous montrer que l'Etat aurait peut-être mieux fait de laisser les clubs sous la coupe des entreprises publiques. Effectivement, au lieu de donner de l'argent à des dirigeants, dont certains avaient un passé plus que douteux, n'aurait-il pas mieux fallu le remettre aux différentes entreprises publiques qui auraient continué à le gérer par leurs agents comme à l'époque du code de l'EPS? Une chose est sûre: il y aurait moins de fuite de capitaux dans le football en particulier. C'est à peu près ce que l'on cherche à faire en confiant la prise en charge des clubs à la FAF. Mais ce ne sera qu'une partie de l'iceberg. L'autre tourne autour des fameuses subventions dont l'utilisation n'a jamais été frappée du sceau de la transparence.