L'Algérie a accusé dimanche Rabat de travestir les faits survenus la veille à la frontière entre les deux pays en affirmant qu'un de ses citoyens avait été grièvement blessé par des tirs de l'armée algérienne. Le chargé d'Affaires du Royaume du Maroc à Alger a été convoqué dimanche au ministère algérien des Affaires étrangères, indique un communiqué du MAE algérien. "Le ministère des Affaires étrangères rejette catégoriquement la présentation fallacieuse d'un incident survenu le 18 octobre à la frontière algéro-marocaine ainsi que l'exploitation politico-médiatique abusive qui en est faite par la partie marocaine", a-t-il affirmé dans un communiqué. Selon le texte, "la réalité est qu'une patrouille de gardes-frontières qui a été ciblée, ce jour-là, par des jets de pierres lancés par un groupe de contrebandiers marocains a réagi d'une manière professionnelle, comme d'habitude, par deux tirs de sommation en l'air qui ne peuvent, en aucune manière, provoquer des blessures". Le Maroc a dénoncé samedi des tirs de l'armée algérienne à la frontière et assuré qu'ils avaient grièvement blessé au visage un Marocain de 28 ans, qui se trouve selon lui dans un "état critique". Rabat a réclamé des "explications" à Alger sur cet "incident grave", convoqué l'ambassadeur algérien et exigé la traduction en justice de l'auteur des tirs. "La manipulation des faits et l'escalade dans le discours des autorités marocaines, à des fins pour le moins inavouables, témoignent d'une attitude irresponsable qui ne sied point aux valeurs de fraternité et de bon voisinage qui lient les deux peuples", a déploré Alger. Au chargé d'Affaires représentant l'ambassadeur marocain, les autorités algériennes ont exprimé leur "exaspération" sur "des accusations récurrantes (...) dénotant d'une attitude à l'antipode de ce que doivent être les relations entre les deux pays et les deux peuples frères", selon la même source. Les relations entre ces deux pays du Maghreb, dont la frontière est fermée depuis 20 ans, sont mauvaises et connaissent régulièrement des crispations. Le différend bilatéral entrave toute mise en oeuvre de l'Union du Maghreb arabe (UMA), qui regroupe cinq pays (Algérie, Libye, Maroc, Mauritanie et Tunisie).