Forte de 90.000 travailleurs la fédération «promet» de paralyser le secteur. «Nous sommes en train de mobiliser les foules, et si nos doléances ne sont pas prises en considération, nous occuperons la rue», avait déclaré le secrétaire général de la fédération de l'agroalimentaire, M.Kamel Benabou, en juillet dernier. Un mois après, les choses n'ont pas bougé, semble-t-il d'un iota, puisque la fédération maintient toujours le cap vers le déclenchement d'une grève illimitée. Dans un communiqué parvenu, hier, à notre rédaction la fédération menace toujours de paralyser le secteur, fort de 90.000 travailleurs dont 70.000 sont affiliés à l'Ugta. Réunis au siège de l'Ugta, les cadres syndicaux accusent sans ambages le gouvernement de céder devant les injonctions du FMI qui visent la privatisation du secteur public avec son lot de compressions et de déchéance de dizaines de milliers de familles. «Plus que jamais convaincus que le gouvernement s'est jeté dans les griffes du FMI, et, du coup, est devenu otage des orientations et des pressions de la mondialisation, des millions de travailleurs risquent de se retrouver dans la rue, ce qui constitue un véritable danger pour la paix civile», avertit la Fédération nationale des travailleurs des industries agroalimentaires. La fédération qui englobe des secteurs extrêment importants, notamment les Eriad ainsi que des unités de lait et de l'huile à travers tout le pays, ne compte pas, selon toute vraisemblance, rester passive face au danger. D'autant plus que d'après des sources concordantes, le chef du gouvernement, président du Conseil de participation de l'Etat (CPE) aurait déjà instruit le ministre délégué chargé de la participation et de la promotion des investissements pour la cession de l'Encg spécialisée dans les corps gras. L'Encg, quasi à l'arrêt de production, faute d'approvisionnement, avec un découvert de 800 milliards de centimes, fait face à un véritable dilemme. Ses partenaires financiers refusent fermement de lui accorder de nouveaux crédits pour l'importation des matières premières indispensables au raffinage de l'huile de table. Sachant pertinemment que les créances de l'Encg sont quasiment irrécouvrables, cette entreprise publique, jadis fleuron de l'industrie agroalimentaire algérienne, risque d'être inévitablement privatisée. Des lettres de manifestation d'intérêt auraient même été adressées au ministère chargé de la participation par des industriels privés algériens et étrangers. Ajouter à cela, les incessantes déclarations du ministre du Commerce, M.Boukrouh, sur l'ouverture de 11 secteurs des services et 101 sous-secteurs d'activités sur les 165 recensés, condition sine qua non pour l'accession de l'Algérie à l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Pour toutes ces raisons, la fédération de l'agroalimentaire multiplie depuis plusieurs mois les réunions avec ses cadres mais surtout avec sa base pour faire face à la crise. En tout état de cause, les cadres syndicaux de la fédération agroalimentaire en réunion à la Centrale syndicale, hier, ont été très clairs. Ils se battront jusqu'au bout. Outre de paralyser tout le secteur, les syndicalistes qui se réuniront le 20 septembre prochain, comptent investir carrément la rue en organisant des marches à Alger et ainsi faire pression sur le gouvernement pour «arrêter sa machine de destruction du secteur public».