La marche et le sit-in, prévus devant le Palais du gouvernement, sont reportés après la tripartite. Passé le moment de révolte et d'effervescence, la Fédération des travailleurs des industries agroalimentaires, affiliée à l'Ugta, semble revenir à de meilleurs sentiments en appelant l'ensemble des travailleurs du secteur à surseoir à la marche et au sit-in prévus devant le Palais du gouvernement, selon un communiqué signé par le secrétaire général, M.Kamel Benabou. Cette prise de conscience et sa position sont dictées par le souci de donner à la tutelle le temps pour étudier le dossier dans un esprit serein et de responsabilité. Cependant, la menace d'investir la rue demeure d'actualité si aucune action n'est décidée dans le sens voulu et dans le cas où aucun compromis n'est trouvé après la prochaine tripartite qui devrait avoir lieu, normalement en novembre prochain. Dans le document adressé à la rédaction, la fédération s'est livrée à un véritable réquisitoire à l'encontre des pouvoirs publics en dénonçant «la politique de mise à mort programmée de l'outil de travail» tout en refusant la privatisation des entreprises du secteur. Le sit-in organisé lundi à l'esplanade de la Maison du peuple, a eu le mérite de remettre sur table l'épineux dossier de la privatisation des entreprises. En effet, parmi les secteurs industriels ayant le plus souffert de l'ouverture du marché, le secteur agroalimentaire aura été le plus touché, au point que des dizaines d'unités ont été contrainte de mettre la clé sous le paillasson. Partant de ce constat, la Fédération des travailleurs de l'agroalimentaire est montée au créneau pour remettre en cause la politique de privatisation «aveugle et sauvage», telle que qualifiée dans le document, prônée par les pouvoirs publics. En outre, la fédération a mis à profit cette situation engendrée par la «décision unilatérale des pouvoirs publics, relative à la privatisation». Dans le document transmis à la rédaction, la fédération ne s'est pas empêchée de remettre en cause le choix économique prôné par le gouvernement et la privatisation. Pour les rédacteurs du document, «cette politique de bradage des entreprises engendrera une surpaupérisation de la société et aura des répercussions négatives sur la paix sociale». Néanmoins, et sans fermer définitivement la porte à tout dialogue, la fédération ne demande pas moins que l'application des textes de loi. Pour rappel, le secteur agroalimentaire emploie plus de 90.000 travailleurs dont 70.000 sont affiliés à l'Ugta.