Le traité d'amitié sera bel et bien signé dans les temps impartis. Le malentendu entre l'Algérie et la France né de la loi française du 23 février valorisant la colonisation, est en passe d'être dépassé pour permettre aux relations entre les deux pays de passer à la vitesse supérieure. La succession des messages échangés entre les deux capitales laissent croire que c'est un prélude pour préparer le terrain pour une prochaine visite du chef de l'Etat français à Alger. Dynamique positive imposé par la realpolitik? Pressions sur les deux capitales par les amis communs? Rien de tout cela, mais une volonté euroméditerranéenne de mettre entre parenthèses l'inconciliable. Selon des informations concordantes, Jacques Chirac sera l'hôte de l'Algérie à la mi-novembre juste après l'anniversaire du déclenchement de la révolution nationale. Program-mée pour le mois de juin dernier, cette visite a dû être reportée en raison du «non» affiché par la population française à la Constitution européenne. Maintenant le choses ont évolué dans le bon sens pour le président Chirac. Aussi, tout porte à croire que le président français sera porteur d'une nouvelle vision au sujet de la coopération algéro-française, notamment dans le cadre du traité d'amitié dont la signature devrait intervenir, selon les mêmes sources, avant la fin de l'année. Sur ce sujet, Jacques Chirac a été bien explicite dans son message adressé à Abdelaziz Bouteflika dans lequel il soulignait que la relation unissant les deux pays «doit se développer sur la base de l'amitié, de la confiance et de la coopération». «A l´image de la relation que nous avons nouée , celle qui unit nos deux pays doit se développer sur la base de l´amitié, de la confiance et de la coopération», écrivait le Chef de l´Etat français dans son message de réponse aux voeux de prompt rétablissement adressés par le président Bouteflika. «Vous connaissez mon engagement, qui rejoint le vôtre, à promouvoir notre partenariat d´exception», ajoutait le président Jacques Chirac qui affirmait être «convaincu que les mois qui viennent nous permettront d´aboutir». Convaincu que l'Algérie est, à bien des égards, la tête de pont des intérêts français en Afrique, le Quai d'Orsay est en passe de faire repentance contre les crimes commis durant la colonisation. Par ailleurs, la visite de Chirac à Alger permettra aux deux chefs d'Etat de passer en revue plusieurs sujets d'actualité. En effet, il s'agira de passer en revue toutes les questions touchant la sécurité comme le terrorisme, la coopération administrative et la circulation des personnes, d'autant que la France reste sujet à des menaces terroristes de la part du Gspc qui s'est affilié à Al Qaîda. A l'heure où la France est confrontée à l'épreuve du terrorisme international, le partenariat est en effet capital. Sur ce sujet, les diplomates français ont toujours eu une approche qui privilégie le renforcement des réseaux dans les pays arabes et dans les organisations religieuses nationales et internationales. Le financement du terrorisme reste également une préoccupation majeure. C'est pourquoi ce dossier est inscrit à l'ordre du jour des séances de travail algéro-françaises ainsi que le renforcement de l'arsenal juridique devant combattre toute forme de financement du terrorisme ou de blanchiment d'argent. Cette volonté d'aller de l'avant dans les relations des deux pays est affichée à plusieurs reprises par les deux capitales en dépit de la brouille engendrée par l'adoption par le Parlement français d'une loi ayant jeté le doute dans ces relations. Cette position a évolué davantage depuis que la charte pour la paix et la réconciliation nationale a été largement adoptée par le peuple. D'ailleurs au lendemain du scrutin, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères français, Jean-Baptiste Mattéi, déclarait, en faisant référence aux exactions commises par la France durant la colonisation en Algérie, et pour lesquelles Alger exige de la France qu´elle demande pardon, le sujet «peut très bien être traité» pendant les négociations entre les deux pays sur le traité d´amitié. «Ce genre de question peut très bien être traité pendant ces discussions et pendant ces négociations», déclarait-il en précisant que «s´il y a des demandes côté algérien, les autorités algériennes ont des interlocuteurs français pour les négociations de ce traité d´amitié», a ajouté M.Mattéi. Ces déclarations succédaient à celles faites par le Premier ministre français, Dominique de Villepin, qui affirmait à partir du Maroc que le traité d´amitié algéro-français n´est ni suspendu ni ajourné, mais que «nous continuons de travailler dans l´intérêt des deux pays». M.de Villepin soulignait, concernant le projet de traité d´amitié entre l´Algérie et la France, et notamment la reconnaissance par la France des massacres de civils algériens, que «nous sommes en train de travailler dans l´intérêt des deux pays». «Nous sommes tout à fait désireux d´avancer dans cette voie, et c´est bien là l´objectif de la France comme de l´Algérie», a-t-il dit, précisant que «nous sommes donc tout à fait engagés dans ce domaine». Ecrire l'histoire, la narrer dans toutes ses vérités, même si elles sont amères. C'est en quoi aujourd'hui plus que jamais, loin des ressentiments, il y a idée à revenir à plus de sens moral. Pour le président de la République, «il ne s'agit pas de vengeance mais de rétablir des vérités historiques» ni plus ni moins.