Les combattants kurdes qui défendent la ville syrienne de Kobané assiégée par les jihadistes vont recevoir le renfort de 1.300 hommes de l'Armée syrienne libre (ASL, opposition armée au régime de Damas), a affirmé hier le président turc Recep Tayyip Erdogan. «Le PYD (Parti de l'union démocratique, le principal parti kurde syrien) a accepté (le renfort de) 1.300 hommes de l'ASL, ils sont en pourparlers pour définir le chemin par où ils passeront», a déclaré M. Erdogan à Tallinn lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue estonien Toomas Hendrik Ilves. Dans un entretien accordé hier à l'agence de presse kurde Firatnews, le chef du PYD Saleh Muslim a cependant catégoriquement démenti le chef de l'Etat turc. «Ce n'est pas vrai. Il n'existe aucune déclaration de l'Armée syrienne libre sur un tel accord», a assuré M. Muslim, qui a accusé la Turquie de «vouloir créer la confusion». Lors de sa conférence de presse, M. Erdogan a également précisé que, finalement, seuls 150 combattants kurdes irakiens, les peshmergas, devraient rejoindre Kobané (Aïn al-Arab) en passant par le territoire turc. «Je viens d'être informé que le nombre de peshmergas a été réduit à 150», a-t-il indiqué, après avoir annoncé la veille que ces combattants seraient 200. Les autorités turques ont annoncé lundi qu'elles autorisaient le passage par leur sol de renforts de peshmergas irakiens à destination de Kobané, située à quelques kilomètres à peine de la frontière turque. «Comme vous le savez, nous nous sommes mis d'accord dans nos discussions avec (le président américain Barack) Obama pour que l'ASL soit notre premier choix (pour des renforts à Kobané) et les peshmergas le second», a expliqué M. Erdogan. Contrairement aux Etats-Unis, le gouvernement islamo-conservateur turc est opposé à toute aide directe aux combattants des Unités de protection du peuple (YPG), la branche armée du PYD à la pointe du combat contre les jihadistes du groupe Etat islamique (EI). M. Erdogan accuse le PYD d'être un mouvement «terroriste» frère du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), le mouvement kurde turc qui mène depuis 1984 contre Ankara une rébellion qui a fait plus de 40.000 morts. La Turquie s'est à l'inverse déclarée prête fournir une aide militaire et une formation aux combattants de l'ASL, opposition armée au régime syrien, et au président syrien Bachar al-Assad, bête noire des autorités d'Ankara.