«Il ne faut pas céder à la panique et stigmatiser les migrants clandestins en tant que porteurs du virus» Ces experts affirment toutefois que des mesures préventives spéciales ont été prises dans la wilaya de Tamanrasset, principal point d'entrée des migrants clandestins venus des pays africains. Le virus Ebola est à nos frontières avec un décès enregistré au Mali! Une situation qui laisse craindre aux autorités une panique et une paranoïa générale chez nos concitoyens mais surtout une stigmatisation et une agressivité envers le grand nombre de migrants clandestins qui ont gagné le pays depuis le début de l'année. Des experts du ministère de la Santé qui ont animé, hier, une journée de sensibilisation sur les mesures à prendre pour lutter contre le virus Ebola au profit des agents de la Protection civile au niveau de la caserne de Dar El Beïda, affirment que les migrants clandestins ne sont pas Ebola. «Il ne faut pas céder à la panique et stigmatiser les migrants clandestins en tant que porteurs du virus. Ils doivent être traités comme n'importe quel cas. Qu'ils soient algériens ou migrants clandestins, il faut voir s'ils présentent des symptômes de la maladie, mais surtout s'ils ont transité dans des pays», a conseillé le Pr Amrane Achour, infectiologue. «Il ne faut surtout pas les considérer comme des foyers à risque. La seule chose qui peut faire qu'un cas soit considéré comme étant à risque est le fait que la personne ait transité dans un pays à risque», a-t-il insisté avant d'être «sabordé» par l'explication de la représentante du ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, le Dr Hammadi Samia. «Oui, il ne faut pas céder à la panique. Nous avons pris toutes les mesures adéquates au niveau des postes d'entrée du pays, qu'ils soient maritimes, aériens ou terrestres», affirme le Dr Hammadi. «Pour ceux qui entrent clandestinement au pays, le temps qu'ils arrivent de leurs longs voyages la période d'incubation de deux à 21 jours sera dépassée. Leur voyage est plus long que leur période d'incubation», estime-t-elle. Pas très rassurante cette théorie... Non? En tout, elle souligne tout de même que des mesures préventives spéciales ont été prises dans la wilaya de Tamanrasset, principal point d'entrée des migrants clandestins. «Des mesures spéciales ont été prises pour cette wilaya. Le plan anti-Ebola a été renforcé. Il est plus important que dans les autres wilayas du pays», assure-t-elle. Le Dr Hammadi cite entre autres la mise en place d'au moins une chambre d'isolement par wilaya du pays pour d'éventuels cas. «Pour ce qui est d'Alger, tous les hôpitaux de la capitale ont été dotés d'une chambre d'isolement», précise-t-elle. Elle fait également savoir qu'une commission d'évaluation et de suivi a été installée dès que l'OMS a annoncé l'épidémie du virus. «Cette commission se réunit régulièrement. C'est elle qui a mis en place le plan de prévention qui évolue au fur et à mesure», témoigne le Dr Hammadi. Elle annonce également la mise en place d'un média planning, en collaboration avec le ministère de la Communication, pour la sensibilisation des populations. Une campagne qui viendra s'ajouter aux «flayer» qui ont déjà été distribués. Elle a également rappelé les mesures prises au niveau des frontières et des aéroports, s'agissant du contrôle des passagers et des aéronefs, en provenance des pays africains et qui font des escales à Alger, avant la reprise de leurs vols à destination de leurs pays respectifs. «Un dispositif médical a été mis en place. Les aéroports nationaux ont également été dotés d'un système, appelé «tapis», qui permettra de déceler, grâce à la température corporelle des voyageurs, l'éventuelle fièvre, qui pourrait être causée par la maladie d'Ebola, en plus des caméras thermiques déjà disponibles», assure-t-elle. Le Dr Fawzi Derrar, virologue à l'Institut Pasteur d'Algérie, est remonté quant à lui, à l'historique du virus Ebola, découvert la première fois en 1976, lors de deux «flambées simultanées» à Nzara au Soudan et Yambuku au Congo non loin de la rivière Ebola qui a donné son nom à ce terrible virus. Il est à présenter aux agents de la Protection civile les symptômes du virus Ebola, qui dit-il, sont les mêmes que ceux de la grippe. «Les premiers symptômes sont une fatigue fébrile à début brutal, des douleurs musculaires, des céphalées et un mal de gorge. Ils sont suivis de vomissements, de diarrhée, d'une éruption cutanée, de symptômes d'insuffisance rénale et hépatique et, dans certains cas, d'hémorragies internes et externes (par exemple, saignement des gencives, sang dans les selles)», a-t-il fait savoir en insistant sur le questionnement du patient en cas de suspicion pour savoir s'il a transité dans un pays à risque. Le virus Ebola ne se transmet pas par la voie aérienne, rassure encore le Dr Derrar. Les voies de transmissions de ce virus sont le sang, les sueurs (les vêtements) ou les cadavres. Le spécialiste en épidémiologie explique qu'il n'y a pas pour le moment un traitement spécifique pour ce virus. Les traitements existants en ce moment sont des traitements palliatifs, mais néanmoins efficaces. «Quand il y a une prise en charge précoce d'une personne atteinte, elle peut être sauvée.» C'est le cas de l'infirmière espagnole contaminée ces dernières semaines et c'est également le cas de 50% des malades atteints de ce virus en Afrique. Enfin, le Dr Derrar a présenté aux agents de la Protection civile les mesures de protection, les équipements dont ils doivent disposer pour se protéger et surtout comment bien utiliser ces équipements pour ne pas saboter la chaîne de protection. Il a aussi insisté sur le lavage des mains, qui est pour lui une méthode simple mais efficace de protection. «La prévention est le meilleur moyen de contenir cette maladie qui n'a pas de réel traitement», s'accordent à dire les trois experts pour conclure ce séminaire.