Si l'alarmisme n'est pas mieux indiqué dans cette polémique soulevée par les risques de propagation du virus Ebola en Algérie, la prévention, elle, doit être de mise. Surtout lorsque le sujet est débattu sur la scène médiatique par des spécialistes et qui n'excluent pas totalement nos contrées de la menace en question. Tous les spécialistes parlent en effet de «risque minime», laissant planer la probabilité d'une menace qui pèserait sur l'Algérie. Hier, donc, M. Faouzi Derrar, spécialiste en épidémiologie à l'Institut Pasteur, a minimisé le taux de probabilité d'une infestation de l'Algérie par le virus Ebola lors d'une intervention sur les ondes de la Radio nationale. A l'appui de ses déclarations rassurantes, le spécialiste évoque l'espace assez vaste qui sépare l'Algérie des pays où le virus s'est déclaré, en l'occurrence en Guinée, au Libéria et au Sierra Léone. Affirmant qu'aucun cas d'atteinte au virus Ebola n'a été signalé dans les pays voisins, le Mali et la Mauritanie. Par contre, il n'a pas nié le cas probable d'un transfert du virus en question en Algérie par des personnes porteuses, «quoique l'environnement humide qui favorise son expansion n'est pas en vigueur chez nous», tiendra-t-il encore à souligner. Dans ce contexte, le docteur Faouzi Derrar a explicité les symptômes de la maladie, presque identique à une fièvre bénigne accompagnée de diarrhée et de vomissements, ainsi que la rapidité de sa multiplication et sa propagation. Le virus Ebola, qualifié de tueur à juste titre, dont la propagation demeure encore à l'étude par les scientifiques pour ce qui est notamment des modes de son transfert, ne peut être diagnostiqué qu'au bout de sept jours ! C'est-à-dire après une longue progression qui provoquerait au bout une mort certaine des suites d'une hémorragie aiguë entraînée par une déshydratation fatale du corps du malade. Voilà pourquoi le virus Ebola provoque la peur panique. Le docteur Faouzi Derrar a, ainsi, plaidé pour un traitement serein du dossier, conseillant aux autorités concernées d'agir «dans la transparence», de donner «des informations réelles» sur la maladie, et s'il s'avère qu'un quelconque voyageur a introduit le virus Ebola en Algérie, il faut procéder à «sa mise en quarantaine dans l'immédiat», tout en indiquant dans ce sillage qu'il est impératif de prendre les dispositions sanitaires qui s'imposent au niveau des frontières terrestres et dans les aéroports. Pour rappel, le Pr Kamel Kezzal, directeur général de l'Institut Pasteur Algérie, avait indiqué pour sa part que les risques pour que l'Algérie soit atteinte par le virus Ebola «sont minimes», non sans signaler que toutes les mesures sont prises au niveau de l'Institut pour parer à toute éventualité. «Le risque est minime car cette épidémie se transmet à partir des chimpanzés et des chauves-souris à l'homme», a rassuré à la presse le Pr Kezzal, en marge du Salon national de valorisation des programmes nationaux de recherche, soulignant toutefois, tout comme l'a fait hier le docteur Faouzi Derrar, qu'il n'existe pas de «risque zéro». Il a annoncé, à ce propos, qu'une commission d'experts relevant du ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière devait se réunir, hier, pour procéder à l'évaluation des risques de développement de cette maladie infectieuse. Le virus Ebola, hautement contagieux, se transmet par contact direct avec le sang, les liquides biologiques ou les tissus des sujets infectés, qu'il s'agit d'hommes ou d'animaux, vivants ou morts. De son côté, le directeur de la prévention du ministère de la Santé, le Pr Ismaïl Mesbah, avait affirmé lundi que l'Algérie a mis en place un dispositif de surveillance et d'alerte pour la prévention de la fièvre Ebola, écartant toute éventualité de contamination, tout en soulignant le durcissement des mesures préventives pour faire face à cette épidémie meurtrière. Mais, il y a cet autre aspect de la question, inquiétant et incontrôlable : l'immigration clandestine. La situation conflictuelle dans les contrées africaines a poussé les populations de ces pays vers un exode massif et nos rues sont pleines d'immigrés clandestins subsahariens qui échappent à tout contrôle sanitaire ! Peut-être qu'il est temps de traiter ce dossier de l'immigration clandestine loin de toute émotion et avec la rigueur qui s'impose.