Les attaques que subit le FFS ne sont que la traduction concrète d'un profond malaise qui reflète une grave crise de confiance. Loin de faire l'unanimité, le projet du FFS concernant l'organisation d'une conférence nationale de consensus traduit tout le malaise de la classe politique nationale. Le FFS est accusé tout simplement de servir le pouvoir pour casser les acquis de la Cltd. Longtemps fragmentée par le pouvoir dans le souci de son maintien, la classe politique donne la piètre image d'un pays qui a perdu tous ses repères. Les attaques que subit le FFS depuis l'entame des consultations bilatérales ne sont que la traduction concrète de ce malaise qui reflète une grave crise de confiance entre les partis eux-mêmes, d'un côté et entre l'opposition et le pouvoir, de l'autre. La feuille blanche présentée par le FFS porte déjà les traces d'un débat stérile et stérilisant à cause des insultes proférées et des accusations échangées. Le début des consultations renseigne sur les difficultés et la complexité de la tâche consistant à réunir le pouvoir et l'opposition autour de la même table de dialogue. Entre les préalables posés par le FLN et les soupçons exprimés par la Coordination des libertés et de la transition démocratique nichent les risques de l'échec de la démarche du FFS. L'appel lancé par ce parti, aux formations politiques à faire preuve de retenue et d'esprit de conciliation, contribuer à apaiser les tensions et éviter les surenchères ainsi qu'aux médias, à couvrir l'événement et à lui donner une visibilité positive n'a pas trouvé que des oreilles attentives. Malgré toutes les assurances et affirmations des responsables du FFS, quant à leur démarche et au fait qu'il n'était pas question de faire partie d'un gouvernement que dans un système démocratique, les soupçons persistent. «Depuis la mi-2010 et surtout la révolte avortée de 2011, la démarche publique du FFS laisse dubitatif. A-t-il reçu des garanties de l'un ou des différents clans pour entreprendre le chantier gigantesque d'un nouveau consensus national ou s'aventure-t-il à l'aveuglette ou à tâtonnement?», s'interroge Ali Brahimi, porte-parole du Mouvement citoyen pour la liberté et le développement (Mcld), avant de tenter de répondre à ces questions. Pour lui, le préalable mis par le FLN et certainement partagé par le RND (ne pas participer à une conférence qui remet en cause la légitimité du président) dément l'hypothèse de l'existence de garanties. «Il faut peut-être accréditer les rumeurs qui circulent depuis la mi-2010 sur un deal entre le zaïm historique avec un clan du pouvoir», estime Ali Brahimi, soutenant que «Hocine Aït Ahmed s'est retrouvé depuis 2010 inclus dans les luttes internes du régime» et que son état de santé ne permet plus au parti d'atteindre les objectifs de sa stratégie. Notre interlocuteur estime aussi que les promesses faites à Aït Ahmed pour une sortie de crise sont en train de voler en éclats. Ecartant les deux premières hypothèses, le porte-parole du Mcld, ancien cadre du FFS, avance l'ultime explication. «Nous assistons à une tentative de l'appareil normalisé du FFS de maquiller une envie folle de participation au pouvoir», a-t-il dit. Anticipant sur l'échec de l'initiative du FFS, tout comme le projet de la Cnltd, Ali Brahimi explique que «toute démarche qui ne s'inscrit pas dans le retour au peuple et aux militants pour les mobiliser et imposer un rapport de force est vouée à l'échec». Sauf que le malaise que vit la classe politique et les attaques subies ne découragent pas les dirigeants du FFS à aller au bout de leur projet. Ils ont beau démentir tout deal avec le pouvoir, toute intention de rejoindre le gouvernement dans un système non démocratique, les soupçons et les critiques se poursuivent. Les consultations bilatérales aussi, ainsi que la quête des meilleures conditions pour la tenue et le bon déroulement de cette conférence. Une délégation du FFS a rencontré, hier, les responsables du Mouvement populaire algérien (MPA), de Amara Benyounès et ceux du Front du changement (FC) de Abdelmadjid Menasra. Aujourd'hui, c'est le Front El Moustakbal (FM) de l'ancien candidat à l'élection présidentielle du 17 avril dernier, Abdelaziz Belaïd, qui sera consulté. Le FFS rencontrera demain les responsables du syndicat de l'éducation (Cnapest) et de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (Laddh). Le vendredi, ça sera le tour de l'Unpef, alors que le Snapap sera consulté samedi prochain. Le FFS a déjà rencontré le FLN, le RND, le MSP, le PT, Ali Benflis et Mouloud Hamrouche.