L'un des résultats de l'élection présidentielle est le rapprochement opéré par les partis de l'opposition, toutes tendances confondues. Le contexte de l'élection présidentielle du 17 avril dernier a permis à la classe politique de se réorganiser. Deux grands pôles sont nés. D'un côté, les partis soutenant le 4e mandat (FLN, RND, TAJ, MPA...), et de l'autre côté les partis du boycott et les partis alliés autour de la candidature de Ali Benflis. Au lendemain du 17 avril qui a consacré le 4e mandat de Bouteflika, des tentatives de rapprochement entre les boycotteurs et les pro-Benflis ont eu lieu. Si elles aboutissent, et si la coordination pour les libertés et la transition démocratique, composée du RCD, du MSP, du FJD, de Jil Jadid et Ennahda, ainsi que des personnalités politiques réussit à fusionner avec le pôle du changement lancé par Benflis, autour du même projet, la scène politique sera bipolaire. La coordination pour les libertés et la transition démocratique qui prépare une conférence nationale pour la transition démocratique, a pris contact avec tous les opposants en vue de réussir le rendez-vous. Ses animateurs ont rencontré les anciens chefs de gouvernement Mouloud Hamrouche, Sid Ahmed Ghozali et Ali Benflis pour expliquer leur démarche. Ils ont aussi rencontré Ali Yahia Abdennour et certains partis politiques, dont le FFS. Cette évolution de la situation politique nationale qui fait, certes, peur au pouvoir est jugée positive par certaines organisations de la société civile. «Pour avoir toujours appelé au rassemblement de l'opposition démocratique, nous ne pouvons qu'applaudir cette évolution», a réagi Ali Brahimi, porte-parole du Mouvement citoyen pour les libertés et le développement (Mcld). Cependant, notre interlocuteur, joint au téléphone, estime que pour que l'initiative ait plus de force, de crédibilité et d'efficacité, les partis de l'opposition qui la composent doivent «aller au-delà de l'association de personnalités positives du régime, en incluant toutes les nombreuses dissidences encore militantes, issues de leurs rangs ainsi que les organisations de la société civile». «Le projet de société démocratique a besoin de créer un rapport de force militant et citoyen rassembleur pour mobiliser le peuple profond», a-t-il argué. En tout état de cause, Ali Brahimi est de ceux qui croient que la bipolarisation de la vie politique est favorable pour l'Algérie. «Cependant, nous aurions voulu que l'opposition se rassemble d'abord par famille politique (démocrates et islamistes), puis négocie le contenu de l'alternative démocratique, à faire soutenir par le peuple, pacifiquement avec le pouvoir», a-t-il précisé, appelant le pouvoir à écouter les propositions de l'opposition. Dans ce contexte, le porte-parole du Mcld, ancien cadre du RCD, estime que ce front rassemblera le peuple si la mouvance islamiste opère sa mutation démocratique comme en Tunisie en reconnaissant l'égalité des sexes, la liberté de culte et de conscience, l'alternance et le respect des minorités, ainsi que la séparation du religieux et du politique. Pour lui, de nombreuses questions démocratiques fondamentales sont toujours pendantes entre les deux mouvances (démocratique et islamiste). Revendiquant la dissolution de la police politique, il dit craindre que le régime manipulera ces points faibles pour casser ce front de changement. Cette évolution de la situation politique intervient au moment où certains partis de l'opposition et du pouvoir appellent à un dialogue entre le pouvoir et l'opposition. C'est le cas du secrétaire général du FLN et du secrétaire général du mouvement El Islah.