«La France doit admettre que l'Algérie est indépendante et que les Algériens n'oublieront jamais les affres du colonialisme» C'est ce qu'a déclaré hier le ministre des Moudjahidine Tayeb Zitouni, qui a affirmé par ailleurs que la France «ne remettra jamais» à l'Algérie des archives qui risquent de «lui faire tort». La France livrera-t-elle les preuves des crimes qu'elle a commis durant la période coloniale? Le ministre des Moudjahidine est convaincu qu'elle ne le fera pas. «La France refuse de remettre ce qui reste des archives à l'Algérie ou s'attarde à le faire. Elle ne remettra jamais ces archives qui risquent de lui faire tort», a déclaré Tayeb Zitouni dans un entretien à l'APS, à l'occasion du 60e anniversaire du déclenchement de la guerre de libération. «La France n'acceptera jamais de s'avouer vaincue dans sa guerre contre l'Algérie», a ajouté le successeur de Mohamed Chérif Abbas. «La France doit admettre que l'Algérie est indépendante et que les Algériens n'oublieront jamais les affres du colonialisme», a-t-il souligné. Où se trouvent les quelques documents restitués par l'ancienne puissance coloniale? «La plus grande partie de ces archives se trouve actuellement au Centre national des archives», a indiqué le ministre qui a précisé que les institutions algérienne et française des archives «ont convenu du principe de restitution de ce qui reste de ces archives à l'Algérie». Qu'en est-il de la reconnaissance des crimes coloniaux par la France officielle? «La meilleure manière de procéder consiste à préserver l'Histoire et à la transmettre aux générations futures, afin de leur inculquer les valeurs du patriotisme et de fidélité au serment des chouhada» a préconisé Tayeb Zitouni. «Les Algériens doivent savoir comment défendre leur legs historique et demeurer fidèles à la génération du 1er Novembre et alertes quant aux menaces qui nous guettent» a indiqué le ministre des Moudjahidine qui a affirmé hier, à Alger que son département «ne détient absolument pas d'archives secrètes». Il faut souligner que les relations algéro-françaises prennent à chaque fois un «coup de froid» dès qu'est abordée la question de la guerre d'Algérie. La dernière secousse remonte à la participation de l'Armée nationale aux cérémonies du 14 juillet qui coïncidaient avec la célébration du centenaire de la Première Guerre mondiale. «L'Organisation des moudjahidine et la génération de Novembre refusent catégoriquement la participation de nos soldats. Je ne veux rien entendre de Fabius (ministre français des Affaires étrangères, Ndlr) ou de tout autre colonisateur et notre position est claire concernant cette question», avait déclaré Saïd Abadou le secrétaire général de l'Organisation nationale des moudjahidine (ONM). Côté Hexagone, la participation de militaires algériens à cet événement avait soulevé une violente tempête médiatique. Le ton a été donné par le Front national (FN), parti d'extrême droite dont l'idéologie repose sur un racisme, une xénophobie et une islamophobie primaires. Un collectif baptisé «Non au défilé des troupes algériennes le 14 Juillet 2014», a été créé par Gilbert Collard, un de ses députés les plus en vue et le vice-président du parti, Louis Aliot (compagnon de la présidente du FN, Marine Le Pen). «Cette présence militaire honteuse sur le sol français est une provocation indigne et le signe d'un très grand mépris pour tous les morts, disparus ou suppliciés victimes de cette armée», avaient déclaré ces deux activistes. Les tensions ont fini malgré tout par s'apaiser. Des membres de l'Armée nationale ont pu parader sur les Champs-Elysées. Le pic de fièvre a fini par retomber...