« La France refuse de remettre ce qui reste des archives à l'Algérie ou s'attarde à le faire. Elle ne remettra jamais ces archives qui risquent de lui faire tort », a affirmé le ministre des Moudjahidine, Tayeb Zitouni, dans un entretien à l'APS. Le ministre, qui s'exprimait dans le cadre de la commémoration du soixantième anniversaire du déclenchement de la guerre de libération, ajoutera que « la France n'acceptera jamais de s'avouer vaincue dans sa guerre contre l'Algérie. » Quant à la question des excuses et de la reconnaissance des crimes, revendiquée par plusieurs parties en Algérie, le ministre a estimé qu'il s'agissait simplement d'une question de temps, affirmant que « tôt ou tard la France devra reconnaître les crimes de guerre et contre l'humanité qu'elle a commis en Algérie pendant 132 ans ». Par ailleurs, Zitouni a indiqué que son département « ne détient absolument pas d'archives secrètes ». Le ministère des Moudjahidine « ne retient aucune archive. Les archives sont la propriété de tous les Algériens », a-t-il indiqué. Et de poursuivre : « Nous n'avons rien à cacher, car toutes les archives disponibles portent sur l'histoire commune des Algériens et sont ainsi leur propriété. » A une question sur l'intervention ou pas du ministère des Moudjahidine dans l'archivage et le classement des témoignages et des documents historiques, Zitouni a affirmé que les portes du ministère « sont ouvertes aux visiteurs », soulignant que son département « ne s'ingère aucunement dans l'écriture de l'histoire. En matière de témoignages recueillis auprès des moudjahidine, Zitouni era état de quelque 4.000 heures de témoignages enregistrés. Aux yeux du ministre, l'écriture de l'histoire figure parmi les priorités du ministère des Moudjahidine et celui-ci s'est assigné comme objectif la préservation de toute la littérature liée à la révolution nationale dans la mémoire collective du peuple algérien « pour la transmettre aux générations montantes et leur inculquer les valeurs du patriotisme et de fidélité au serment des chouhada. » Au volet de la prise en charge sociale et sanitaire des moudjahidine et ayants droit, le ministre des Moudjahidine est revenu sur les efforts visant à assurer une prise en charge effective de cette catégorie. Revenant au sujet de la reconnaissance qui a fait couler beaucoup d'encre ces dernières années et qui a motivé plusieurs recours, le ministre a indiqué que « la reconnaissance a été clôturée en 2002 sur décision de l'Organisation nationale des moudjahidine et nous ne pouvons rouvrir ce dossier aujourd'hui, 53 ans après l'indépendance ». Quant à l'affaire des « faux moudjahidine » examinée par 200 magistrats, Zitouni a indiqué suivre le dossier par le biais de la presse, affirmant que le ministère « appliquera les décisions de la justice à la lettre ». Evoquant la célébration du 60e anniversaire du déclenchement de la guerre de libération, Zitouni a exprimé le souhait que cette occasion puisse « conforter notre unité car l'Algérie se trouve dans une situation sensible qui nous interpelle à l'effet de resserrer nos rangs. »