Les cours de l'or noir dégringolent. L'Algérie retient son souffle. Le Fonds monétaire international prévient. «Si les cours du pétrole se maintiendraient longtemps à leur faible niveau actuel, l'excédent budgétaire global des pays exportateurs pourrait se transformer en déficit dès l'année prochaine», a laissé entendre le 28 octobre Masood Ahmed, directeur du département Moyen-Orient et Asie centrale du FMI, lors de la présentation du nouveau rapport de l'institution de Bretton Woods sur les perspectives économiques de cette région. La question demeure lancinante. La réalité est pourtant bel et bien là. Les recettes engrangées grâce aux exportations d'hydrocarbures ne cessent de baisser depuis au moins deux années. Les prix du pétrole continuent de reculer alors que les ventes de l'or noir à l'étranger ont baissé. Une conjoncture qui a conduit à tirer la sonnette d'alarme à de nombreuses reprises. «L'équilibre budgétaire requiert des niveaux de prix des hydrocarbures supérieurs à 112 dollars le baril», avait prévenu la Banque d'Algérie dans un rapport présenté par Djamel Benbelkacem, son directeur-conseiller, au début du mois de juillet 2012 Une ligne jaune qui a été depuis, largement défoncée... «Il faut apprendre à anticiper et ne pas attendre que nous nous heurtions au mur. L'état actuel de l'économie algérienne qui reste hyper dépendante des recettes pétrolières nous dit qu'une crise se profile mais je ne peux pas dire quand», a déclaré l'économiste Mouloud Hedir, lors de la Matinale du réseau Care (Cercle d'action et de réflexion autour de l'entreprise) organisée le 15 octobre 2014 à l'hôtel Sofitel d'Alger sous le thème «l'économie algérienne face au monde: besoin d'une relation plus harmonieuse». «L'Algérie risque de voir ses recettes se contracter de 15% par rapport à 2012 avec une chute prévue des revenus à quelque 60 milliards de dollars contre 70 milliards deux ans auparavant, alors que la balance des paiements devrait enregistrer, pour la première fois depuis 15ans, un solde négatif en 2014», a pronostiqué l'ex-P-DG de la Compagnie nationale des hydrocarbures, Sonatrach (Voir L'Expression du 20 octobre). Que conseillent les experts du FMI? «Les pays pétroliers qui disposent d'une marge de manoeuvre doivent ajuster progressivement leur situation budgétaire, afin de limiter l'effet de frein sur la croissance, comme ils doivent contenir les dépenses publiques pour préserver la viabilité budgétaire et léguer, aux générations futures, une part équitable de la richesse tirée des ressources naturelles», indiquent-ils dans leur tout récent document. L'Algérie semble avoir entendu cet ultime coup de semonce. Le ministre des Finances a indiqué le 23 octobre dernier aux députés qui l'ont questionné sur le projet de loi de finances 2015 que le gouvernement veillait à la rationalisation des dépenses publiques en optant pour de nouveaux modes de financement. «Dans le cadre de la réforme budgétaire, le gouvernement a opté pour de nouveaux modes de financement autres que le budget à l'instar des marchés financiers et des partenariats entres les secteurs public et privé et les banques» a affirmé Mohamed Djellab. L'Algérie qui est désormais dos au mur doit changer de cap...avant qu'il ne soit trop tard.