Ouverte lundi à Boston, la convention démocrate doit désigner demain le sénateur du Massachusetts candidat du parti démocrate à la Maison-Blanche. Les démocrates ont donné lundi à Boston, en organisant leur convention nationale, le coup d'envoi du long marathon qui déterminera les chances du démocrate John Kerry de supplanter l'actuel occupant de la Maison-Blanche, le républicain George W.Bush. En fait, les conventions, spécialité électorale américaine, sont des shows lors desquels les candidats, -c'est surtout vrai pour John Kerry-, doivent convaincre les Américains qu'ils ont l'étoffe d'un chef d'Etat, qu'ils sont «l'homme» de la situation. John Kerry et son colistier, John Edwards, sénateur de Caroline du Nord, -ancien candidat à la candidature pour la présidentielle de novembre-, auront du pain sur la planche et, il ne fait pas de doute, devront travailler dur pour désarçonner un George W.Bush tout aussi déterminé à conserver sa place au Bureau ovale. Ouverture en fanfare Comme il est de tradition, la convention s'est ouverte en l'absence du candidat J.Kerry, présent au même moment en Floride. En revanche, les poids lourds du parti démocrate étaient tous présents à Boston à commencer par le patriarche Edward Kennedy, ou l'ancien vice-président Al Gore, candidat malheureux battu en 2000 par George W.Bush, dont l'élection avait été alors très controversée, -notamment du fait de l'imbroglio électoral dont avait été le théâtre l'Etat de Floride et remportée par M.Bush dans des conditions pas nettes-. Deux anciens présidents étaient également là, Jimmy Carter et Bill Clinton, lesquels ont été très sévères avec la politique du président républicain. Ainsi, Jimmy Carter relève les erreurs commises, selon lui, par George W. Bush, affirmant «Notre crédibilité a volé en éclats et nous nous trouvons de plus en plus isolés et vulnérables dans un monde hostile» indiquant «(...) en seulement 34 mois, nous avons observé avec une profonde inquiétude toutes ces bonnes volontés gâchées par une série quasi ininterrompue d'erreurs et de mauvais calculs», ajoutant sous les applaudissements de la convention «Avec des alliés désunis, un monde fâché contre nous et le Proche-Orient en feu, nous avons besoin de John Kerry». Bill Clinton n'est pas tendre non plus avec le président Bush qu'il accuse d'avoir mis l'Amérique en porte-à-faux soulignant: «Nous vivons dans un monde interdépendant dans lequel nous ne pouvons pas tuer, emprisonner ou occuper tous nos adversaires, donc nous devons combattre le terrorisme et construire un monde avec plus de partenaires et moins de terrorisme». Al Gore, candidat malheureux contre Bush, affirme sobrement-il est payé pour le savoir- «Croyez-moi, chaque vote compte». Se défendant de faire une paranoïa de son échec de 2000, Al Gore indique néanmoins fort de son expérience «la première leçon à retenir est la suivante: vous pouvez me croire, chaque vote compte». Mais, le clou de cette convention est la cohorte d'anciens du Vietnam venu prêter main forte et témoigner du passé glorieux d'un homme qui s'est illustré par sa bravoure. En fait le passé militaire constitue le point fort du candidat John Kerry contrairement à l'actuel président qui doit, à chaque instant, prouver qu'il n'a pas déserté le combat, les démocrates l'accusant de s'être planqué pendant que des Américains allaient se faire tuer au Vietnam. Kerry et les valeurs américaines Aussi, les stratèges démocrates sont-ils déterminés à mettre en exergue le passé militaire controversé de George W.Bush. Un des conseillers de la campagne de John Kerry a ainsi déclaré lundi à CNN: «Nous allons mettre l'accent sur sa vie. Car après tout, l'histoire de John Kerry est l'histoire du dévouement au service de la nation, de quelqu'un qui s'était porté volontaire pour le Vietnam, par patriotisme et esprit de service. Et ce sont là des valeurs conservatrices». A Boston dans l'immense complexe sportif de Fleet Center, ils étaient 5000 délégués et 15.000 invités et partisans présents à une convention, -ouverte officiellement par le président du parti démocrate, Terry McAuliffe-, dont la particularité sera de «vendre» John Kerry aux Américains, les convaincre que leur candidat représente le bon choix pour le 2 novembre. De fait, le candidat démocrate, malgré ses faits d'armes, traîne un handicap certain du fait que nombreux sont les électeurs américains qui n'arrivent pas à le situer. Dans un tel duel, dans un pays où l'image joue un très grand rôle, cela a son importance. Or, 54% des Américains se sont déclarés «peu familiers» des positions du sénateur du Massachusetts, selon un sondage du Washington Post-ABC. L'intéressé arrive demain à Boston pour le jour de clôture de la convention et prendra la parole pour présenter son programme. Lundi, au moment où s'ouvrait à Boston la convention démocrate, John Kerry, était au centre spatial de Cap Canaveral, indiquant: «Je suis ici aujourd'hui, au premier jour de la convention démocrate, parce qu'il n'y a pas de meilleur endroit pour lancer quelque chose qu'ici-même, à Cap Canaveral». John Kerry était accompagné de l'un des héros de la conquête de l'espace, l'ancien sénateur John Glenn. Mettant à profit la convention et soucieux d'occuper le devant de la scène, John Kerry achève par la Floride, l'une des dernières étapes d'un périple commencé vendredi qui le mena à travers plusieurs Etats du pays ; sera demain à Boston où il doit être consacré candidat officiel du parti démocrate à la Maison-Blanche.