S'il y a un pays qui pourrait refuser d'organiser la 30e édition de la coupe d'Afrique des nations 2015, initialement prévue au Maroc, c'est bien, entre autres, la Guinée équatoriale du fait que ce pays pourrait bien redouter la pandémie du virus Ebola, qui sévit dans la sous-région où il se trouve, proche des pays affectés par ce virus. Faut-il pour cela préciser que selon le bilan actualisé au 9 novembre, Ebola a fait 5 160 morts pour 14 098 cas. Trois pays sont particulièrement affectés: le Liberia (2 836 morts), la Sierra Leone (1 169 morts) et la Guinée (1 142 morts). Or, il se trouve que la Guinée équatoriale vient d'accepter d'organiser cette CAN 2015 montrant ainsi que l'argument prôné par les Marocains n'est certainement pas convaincant. En effet, la Confédération africaine de football (CAF) a annoncé hier que cette 30e édition de la coupe d'Afrique des nations CAN-2015 de football aura lieu en Guinée équatoriale du 17 janvier au 8 févier prochains, en remplacement du Maroc, qui s'est désisté de sonorganisation. «Le Chef de l'Etat et président de la République de Guinée équatoriale, M. Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, a reçu en audience le président de la CAF M. Issa Hayatou ce vendredi 14 novembre concernant la possibilité pour la Guinée équatoriale d'abriter la CAN-2015. Suite à des échanges fraternels et fructueux, le chef de l'Etat équato-guinéen a donné son accord pour l'organisation de la compétition du 17 janvier au 8 février 2015», précise l'instance africaine sur son site officiel. Mieux encore, la CAf annonce même que «les quatre sites retenus pour la phase finale sont Malabo, Bata, Mongomo et Ebebiyin, alors que le tirage au sort de la phase finale sera effectué le mercredi 3 décembre 2014 à Malabo». Ainsi «l'équipe nationale de Guinée équatoriale est qualifiée pour le tournoi final «en tant que représentante du pays hôte». Il est important de noter que les pays qualifiés à la CAN-2015 seront connus à l'issue de la sixième et dernière journée des éliminatoires prévue le 19 novembre prochain. L'Algérie a été le premier pays à valider son billet pour le rendez-vous africain, suivie du Cap-Vert. Il est utile de rappeler que la Guinée-équatoriale avait déjà abrité le tournoi continental en 2012, conjointement avec le Gabon. Le Maroc pris dans son propre piége Le Comité exécutif de la CAF a décidé mardi au Caire de disqualifier automatiquement le Maroc de la coupe d'Afrique des nations CAN-2015 suite à son refus d'organiser cette compétition aux dates fixées. Depuis le 10 octobre, le Maroc avait demandé à plusieurs reprises à la CAF le report de la CAN à cause de l'épidémie d'Ebola. Une hypothèse que l'instance suprême du football africain a toujours catégoriquement exclue. La preuve, même un des pays qui sont les plus proches de ceux où le virus a sévi vient de lever l'état d'urgence pour lutter contre l'épidémie d'Ebola, à l'instar du Libéria. En effet, la présidente du Liberia, Ellen Johnson Sirleaf, avait annoncé récemment la levée de l'état d'urgence instauré en août pour lutter contre l'épidémie du virus Ebola, prévenant néanmoins que «le combat n'était pas terminé». Encore faut-il préciser aussi qu'au Libéria, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) relève une relative stabilisation de l'épidémie avec 97 nouveaux cas. Et pour mettre vraiment à nu l'argument du Maroc pour ne pas organiser la CAN 2015 à cause du virus Ebola, il est très intéressant de noter que pas plus tard que mercredi dernier, le coordinateur de l'ONU pour la lutte contre Ebola, David Nabarro, a plaidé en faveur d'une relance du tourisme dans les trois pays d'Afrique de l'Ouest les plus touchés par l'épidémie qui a fait plus de 5 000 morts. «Je tiens à encourager chacun à maintenir les voyages, le tourisme, y compris dans les endroits où Ebola est présent», a lancé Dr David Nabarro devant des ONG au siège de l'ONU à New York. «Je souhaite encourager les touristes à aller dans ces pays, encourager les hommes d'affaires à continuer de travailler avec ces pays, il n'y a pas de raison de ne pas le faire». Soulignant qu'il se rendait lui-même régulièrement dans les capitales du Sierra Leone, de Guinée et du Liberia - les trois pays les plus touchés par l'épidémie - il a vanté «les fabuleux endroits touristiques» de ces trois villes, qui «malheureusement, ne sont pas très fréquentées en ce moment». Il a fait valoir que le virus ne se transmettait que «par contact direct avec quelqu'un (..) ce qui est la plupart du temps évitable» et que «si Ebola est diagnostiqué très tôt, les chances de survie sont très élevées». Par ailleurs, M.Nabarro a confirmé des progrès dans le contrôle de l'épidémie, soulignant que «dans certains endroits d'Afrique de l'Ouest où les éléments nécessaires sont en place et les communautés sont pleinement impliquées dans la réponse (à Ebola), l'épidémie ralentit, avec moins de cas chaque semaine, et c'est encourageant». D'ailleurs, la CAF a été inflexible malgré l'épidémie d'Ebola, en rejetant la demande de report de la CAN-2015 avant d'adresser un ultimatum au Maroc. Dans un communiqué publié sur son site Internet, la CAF a ensuite fait valoir que sa décision avait été prise dès dimanche, «à l'unanimité» des membres du Comité exécutif réunis à huis clos à Alger le 2 novembre dernier. Dans ce texte, l'instance met également en avant divers arguments démontrant, selon elle, l'absence de risque sanitaire majeur lié à l'épidémie d'Ebola, qui a fait près de 5 000 morts depuis le début de l'année, essentiellement dans trois pays d'Afrique de l'Ouest (Guinée, Libéria, Sierra Leone). L'argument «Ebola» battu en brèche Elle cite notamment -comme la partie marocaine, mais pour une conclusion inverse- les avis de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS). «Le dispositif sanitaire» mis en place par le Maroc pour prévenir la propagation d'Ebola est «largement capable de faire face au flux limité» de supporters, a plaidé le directeur des médias Junior Binyam. Mieux encore et concernant ce cas précis du virus Ebola, le communiqué de la CAF ayant sanctionné la réunion du Comité exécutif à Alger le 2 novembre dernier a précisé les points suivants pour battre en brèche les arguments des Marocains: 1/ Depuis le début de la propagation du virus Ebola, la CAF a toujours agi en suivant le principe de précaution et de préservation des vies humaines en appliquant scrupuleusement les recommandations de l'Organisation mondiale de la santé (OMS). C'est ainsi qu'il a été décidé par une circulaire datée du 12 août 2014 de suspendre toutes les compétitions de la CAF dans les pays fortement touchés par la maladie. Il s'agit du Libéria, de la Sierra Leone et de la Guinée, afin de ne pas favoriser, par la tenue de matchs de football, les rassemblements de masse susceptibles de faciliter la propagation du virus. Ainsi, la CAF a pu organiser sereinement toutes ses compétitions sur l'ensemble du continent depuis avril 2014 sans qu'aucun cas d'Ebola ne puisse être déclaré en rapport avec l'organisation d'une rencontre de football. L'OMS a réitéré à la CAF ces mêmes recommandations dans une lettre adressée le 14 octobre 2014 et elle a confirmé dans un communiqué de presse publié le 23 octobre 2014, qu'elle ne recommandait pas l'annulation de réunions internationales et des rassemblements de masse dans les pays autres que ceux durement touchés. 2/ L'obligation a été faite à toutes les associations nationales de la CAF de s'astreindre au respect des protocoles sanitaires prescrits par l'OMS, tant au départ des pays affectés par l'épidémie qu'à l'arrivée dans les pays hôtes. A titre d'exemple, pour la réception de la Sierra-Léone au mois de septembre lors de la 1re journée de la dernière phase des éliminatoires de la CAN Orange 2015, la Côte d'Ivoire a sollicité et obtenu qu'un expert médical de la CAF soit présent à Abidjan pour superviser l'arrivée de la délégation sierra-léonaise. Aussi, la République démocratique du Congo a accepté de recevoir l'équipe sierra léonaise sans conditions pour disputer ses matchs à domicile, ici aussi sans aucun incident sanitaire. En outre, la coupe d'Afrique féminine s'est achevée en Namibie le 25 octobre sans incident sanitaire, grâce à l'application stricte des prescriptions de l'OMS et des autorités sanitaires namibiennes. 3/ Des trois pays dans lesquels l'épidémie sévit largement, seule la Guinée conserve une chance de qualification pour le tournoi final de la CAN Orange 2015. Or, la Guinée dispute ses matchs à domicile à Casablanca en s'astreignant à un protocole sanitaire mis en place par le Maroc, et qui n'a montré jusqu'ici aucune faille. Sans commentaire! Le Maroc sera sanctionné Le président de la Confédération africaine de football (CAF) Issa Hayatou a indiqué hier que des sanctions seront prises contre le Maroc après son refus dorganiser la coupe dAfrique des nations CAN-2015 aux dates fixées du 17 janvier au 8 février prochains. «On appliquera nos règlements. Ils sont clairs. Souvenez-vous, en 1996, le Nigeria avait boycotté la compétition. Le président avait refusé que son pays aille en Afrique du Sud. Pendant quatre ans, ils ont été suspendus. Une sanction prévue par le règlement. Il ny aura pas deux poids deux mesures. Il nest pas question de laisser cet état desprit sinstaurer. Cela risque de porter sérieusement préjudice au football en Afrique» a déclaré Hayatou sur les ondes de RFI. La CAF a annoncé hier que la CAN-2015 se déroulera en Guinée équatoriale après la rencontre à Malabo entre le président de la République de Guinée équatoriale Teodoro Obiang et le président de la CAF Issa Hayatou. Les quatre sites retenus pour la phase finale sont Malabo, Bata, Mongomo et Ebebiyin, précise la CAF. Le tirage au sort de la phase finale sera effectué le mercredi 3 décembre 2014 à Malabo.