L'avenir de la presse algérienne réside dans la création d'une presse régionale et locale. Au lendemain du conclave qui a réuni plus d'une trentaine d'éditeurs et qui a vu la naissance de la Fédération algérienne des journaux, le comité national pour la libération des journalistes a organisé, à la Maison de la presse Tahar-Djaout, un forum sur la liberté de la presse. Outre des journalistes, le Dr Brahim Brahimi ainsi que Me Miloud Brahimi ont pris part à la «manifestation» en donnant deux communications, respectivement sur la «relation presse-justice» et le «code de l'information». Pour le Dr Brahim Brahimi, l'avenir de la presse algérienne réside dans la création d'une presse régionale et locale. D'après le conférencier, cela amènerait une diversité culturelle à même de faire face à la mondialisation. Pour avoir séjourné en Europe, notamment en Allemagne et en France, le conférencier dira avoir fait un constat: «Dans tous les pays développés, il y a un fait, c'est le développement de la presse locale. Il faut impérativement aller vers la régionalisation», dira-t-il, tout en reprochant à la presse algérienne d'être un peu trop politique, le Dr Brahim Brahimi exhorte la «profession» à préserver les acquis arrachés au prix d'un lourd tribut en faisant référence aux 80 journalistes assassinés lors de la décennie noire. L'orateur dira, concernant le nouveau code de l'information, que franchement, il est pour une nouvelle loi, pour peu que celle-ci soit faite dans la transparence. Lui emboîtant le pas, Ali Djerri, directeur du quotidien El Khabar, et parlant au nom de l'Organisation arabe de la liberté de la presse dont il assure la vice-présidence, n'ira pas par quatre chemins pour, d'abord, dénoncer le harcèlement de la presse en Algérie et le recul des libertés en faisant allusion aux journalistes détenus en prison. Pour le conférencier, il n'y a aucun doute, «la dernière suspension du Matin est politique». En lançant un véritable défi à l'assistance, le directeur d'El Khabar soutiendra que si les règles commerciales étaient appliquées pour toute la presse, seuls six quotidiens, d'après lui, resteraient sur les étals. Prenant la parole à son tour, Me Miloud Brahimi s'étalera, quant à lui, sur la «relation presse-justice». Pour le conférencier, il n'existe pas de quatrième pouvoir en Algérie et encore moins un autre pouvoir que celui, a-t-il affirmé, du pouvoir exécutif. Pour Youcef Rezzoug du Matin, en intervenant à son tour, «le pouvoir n'a jamais accepté la presse comme partenaire». Lors du débat, une journaliste un peu en colère reproche aux organisateurs du forum et à toute l'assistance de ne s'inquiéter que lorsqu'un journal est suspendu ou un journaliste est emprisonné. Elle propose de renouveler ce genre de rencontres régulièrement pour faire le point et souder les rangs. Par ailleurs, le secrétaire général de la Fédération internationale des journalistes (FIJ), M.Aïdan White, qui devait intervenir lors de ce forum, n'a pas pu, semble-t-il, se déplacer. Néanmoins, le SG de la FIJ a tenu à envoyer un message de soutien aux journalistes algériens. Le message lu par le secrétaire général du Syndicat national des journalistes algériens, M.Rabah Abdellah, indiquait un «soutien indéfectible» de la FIJ aux journalistes emprisonnés en Algérie. «La FIJ soutient ses collègues en Algérie, ceux qui mettent au défi la culture politique ambiante et qui mène vers ce genre d'injustice», écrit M.Aïdan White dans son message, en annonçant également avoir décidé de «faire revivre une branche de la FIJ à Alger». «La FIJ envoie un message de bonne volonté, de soutien et de solidarité à tous les journalistes algériens, et nous faisons la promesse d'accompagner nos déclarations avec des actions concrètes.» «Ce sont des temps particulièrement difficiles, chez nous et ailleurs, mais nos actions seront couronnées de succès si nous restons résolument solidaires», conclut enfin le message du secrétaire général de la Fédération internationale des journalistes.