La conférence de presse a été un tremplin qui a permis de remettre sur le tapis la question de la dégradation du patrimoine national. Jamais le Festival de Timgad n'a soulevé autant de remous durant son déroulement que cette année. En raison du communiqué qui nous a été parvenu et dans lequel les archéologues dénoncent la dégradation du site et donc du théâtre de Timgad, une spécialiste dans le patrimoine et inspectrice d'antiquité, Mme Zedam Ghada, a été invitée, hier, à s'expliquer et faire le point sur la question lors de la conférence animée à la salle El Mougar portant sur le bilan de la 26e édition du Festival international de Timgad qui s'est déroulé du 15 au 22 juillet courant. «Timgad n'est pas en péril. 55.000 personnes l'ont visité l'an dernier. Le site est bien conservé, nous a assuré le ministre italien qui l'a visité.» Classé patrimoine mondial par l'Unesco en 1982, Timgad a été, depuis les années 70, utilisé comme lieu de spectacles et ce, «sans base réglementaire d'utilisation de site parce que cela prend du temps», avoue la spécialiste en patrimoine. Le texte portant protection du patrimoine devra être débattu à la prochaine loi de finances, laquelle devra être par la suite approuvée par le chef du gouvernement. Institutionnalisé par voie de décret n°03-297, le Festival et donc, par ricochet, le théâtre ne bénéficie pas encore de cette loi de protection qui comprend, outre la mise en place d'un cahier des charges, la servitude des monuments historiques. Pour Mme Zedam, deux mesures s'imposent: l'urgence de mettre des clôtures autour du site pour le protéger des intrusions éventuelles et l'inscription d'étude et mise en valeur du site qui vont engager sa restauration et celle des autres monuments historiques. Evoquant le Festival qui vient de s'écouler, M.Benterki, directeur de l'Onci, étant dans l'incapacité de donner un bilan chiffré, dira, comme à son accoutumée: «Nous avons donné le meilleur de nous-mêmes à la hauteur des moyens que nous avons.» Ceux-ci englobent la participation du ministère de la Culture, de l'Anep, la télévision et quelques subventions privées, sans oublier les autorités locales de Batna. Conscient de la difficulté de satisfaire tout le monde, le public, y compris les artistes, M.Benterki dira, à propos des artistes aurésiens qui se sont sentis lésés en raison de leur faible participation au festival, que leur nombre avait dépassé les 30 groupes. Il s'interrogera sur la nature du festival : «Est-il local ou international?» Et de proposer: «Pourquoi n'organisons-nous pas plusieurs festivals en été: un local, un national et un autre international pour satisfaire tout le monde?» Enfin, nous précise-t-il, l'organisation du festival est revenue cette année à l'Onci en raison du manque de moyens du commissariat chargé des préparatifs du de l événement.