Quelques grammes de poésie, une richesse dans les sonorités et des artistes pleins de talent et de promesses. C'est le résumé du concert organisé par l'ONCI, avant-hier soir à la salle El Mouggar, avec Akim El Sikameya et Castigroove. Lui, il joue du violon debout. Eux, ce sont sept talentueux musiciens sur scène. Il a une voix aiguë et mélancolique. Leur musique est la somme de toutes leurs influences. Il se produit pour la première fois en Algérie. Eux, ce sont des habitués de la scène et entameront bientôt l'enregistrement de leur album. Il a choisi de s'appeler Akim El Sikameya. Ils ont opté pour Castigroove comme un petit hommage à leur région d'origine Bousmaïl. Akim El Sikameya et Castigroove ont offert au public de la salle El Mouggar une soirée exceptionnelle. Akim El Sikameya a été le premier à se produire — pour la première fois en Algérie — et faire rêver l'assistance, relativement nombreuse. Bête de scène, ce petit lutin, muni de son violon et en compagnie de ses quatre musiciens (mandole, guitare, basse et percussions), Akim El Sikameya nous a offert un voyage incessant entre tradition et modernité. Classée dans le registre des musiques du monde, on retrouve pourtant des senteurs de la Méditerranée dans son œuvre, un brin de nostalgie, une richesse dans les sonorités et un très grand sens de la scène et du spectacle. Akim El Sikameya a revisité ses plus grands succès, issus de ses trois albums : Atifa (1999), Aïni Amal (2004) et un Chouia d'amour (2009), notamment Nouzha, Sika Meya et Samia et Selma sbab hbali. Il a également interprété les plus beaux standards algériens… maghrébins, comme Sidi Hbibi ou encore Ya Qelbi khelli el hal. Le public qui ne connaissait pas Akim avant ce concert a fini debout, sur la piste de danse. Artiste accompli, Akim El Sikameya a fait ses classes dès l'âge de 8 ans, à l'école Nassim Al Andalous, où il a appris les bases de la musique andalouse. Après quatorze ans d'école, il a choisi de se lancer dans une carrière professionnelle en France, et sa rencontre avec Philippe Eidel — le réalisateur entre autres de l'album Didi, de Khaled — bouleversa sa vie. Il a pourtant attendu une dizaine d'années pour se produire en Algérie et pour que le public algérien puisse découvrir cet artiste et mesurer toute l'ampleur de son talent. Aiguë, la voix d'Akim El Sikameya est exceptionnelle ; et ses textes sont empreints de nostalgie. Classerait-on sa musique dans le registre de la chanson de l'exil ? Pas automatiquement, puisqu'il est surtout question de métissage et de dialogue des cultures. Une rencontre et une communion entre les sonorités d'ici et d'ailleurs. Une certaine joie de vivre des sonorités et qui contraste avec la tristesse et la mélancolie des textes. Le seul petit bémol dans cette première partie de soirée est le choix des titres. Le public qui ne connaît pas l'artiste n'aurait pu le connaître avant-hier soir puisque les chansons interprétées ne montrent pas tout le talent de l'artiste et la richesse des sonorités, fruits de ses diverses expériences et différents voyages. La deuxième partie de la soirée a été animée par le groupe Castigroove. Une excellente formation qui se situerait à mi-chemin entre Gnawa Diffusion et Index. La comparaison peut déplaire parfois, mais l'originalité des sonorités fait réellement penser à Gnawa Diffusion. Toutefois, n'enfermons pas ce groupe pétri de talent et plein de promesse dans cette catégorie. Castigroove a un style qui rassemble toutes leurs influences, qui vont du blues, au rock en passant par le ragga et même le chaâbi. Le mélange est explosif ! Les textes de Castigroove sont emprunts d'humour, de dérision, mais qui rendent compte de la réalité sociale, de manière exceptionnellement décalée. La soirée de jeudi passé à la salle El Mouggar est de celles qui comptent. Une excellente soirée, avec un public de qualité et d'excellents musiciens.