Le Ramadan 2001 approche. Les prix sont déjà revus à la hausse. Les familles issues des couches défavorisées appréhendent légitimement cette flambée des prix des produits de large consommation. Les ménagères, quant à elles, s'apprêtent à mettre tout au point pour ne rien laisser au hasard et les hommes, aux revenus modestes, à épuiser petit à petit leurs économies ou du moins ce qu'il en reste après la rentrée des classes. Les prix affichés, lundi, sur les étals sont jugés exorbitants par des citoyens que nous avons interrogés au marché hebdomadaire de Béjaïa-Ville. En voici certains: la pomme de terre à 35 DA, la tomate à 40 DA, le piment à 35 DA, le poulet à 160 DA le kg, la courgette à 30 DA et la viande rouge oscille entre 350 et 400 DA le kg. Mais rien n'indique que les prix ne vont pas doubler ou même tripler, hormis peut-être le prix de la pomme de terre, si l'on s'en tient aux propos du ministre de l'Agriculture, qui pourrait chuter en dessous de 20 DA. Vu la détérioration du tissu social et la baisse du pouvoir d'achat, beaucoup de citoyens ne peuvent plus vivre convenablement. Et de ce fait, cette augmentation les plonge de plus en plus dans la misère. Les enfants, non plus, n'ont ni loisir ni espaces de jeux pour égayer leurs soirées déjà monotones et seuls le jeu de loto et une zlabia chez le Tounsi du coin peuvent être à leur portée. Les femmes rurales, contrairement aux citadines, restent, comme à l'accoutumée, cloîtrées chez elles devant les programmes ennuyeux de l'Unique. Tel est, grosso modo le train de vie que mènent les démunis durant ce mois appelé communément mois de «piété et de tolérance», mais, chez nous, c'est le mois où l'on fait fortune sur le dos des malheureux.