Les membres de l'UE au siège du FFS Si Alger n'a pas apprécié le casting choisi par la délégation européenne, qui a misé sur l'opposition, elle lui reproche surtout l'absence d'agenda pour organiser ses rencontres. La mission de l'Union européenne a créé ce week-end une véritable secousse dans le paysage politique algérien. Sans agenda précis, une délégation de l'Union européenne conduite par le Belge Bernard Savage, chef de division Maghreb du service européen pour l'action extérieure, accompagné de l'ambassadeur de l'UE en Algérie, M.Marek Skolil, et de M.Dirk Buda, conseiller à la délégation, Luis Miguel Buenopadilla, chef du bureau Algérie et Ilie Calin, conseiller, ont entrepris une série de rencontres avec de nombreux acteurs de l'opposition algérienne. Le diplomate belge a choisi de commencer ses entretiens par les membres de la Coordination nationale pour les libertés et la transition démocratique (Cnltd), ce qui a provoqué la colère du parti de la majorité, le FLN et les responsables algériens. Le représentant de l'Union européenne ne s'est pas contenté de rencontrer les leaders des partis rassemblés autour de la Cnldt composée de plusieurs partis islamistes dont le MSP, mais il a rencontré le coordonnateur du Pôle des forces du changement, Ali Benflis et principal candidat de l'opposition lors des présidentielles de 2004 et 2014, qui leur a remis un aide-mémoire portant ses propositions, pour «un changement démocratique ordonné». Pour équilibrer les rencontres avec les forces politiques en présence en Algérie, M.Savage a rencontré le chef du Front des forces socialistes (FFS) et le patron du FLN Amar Saâdani. Si les échanges entre le FFS et la délégation de l'UE ont été francs et cordiaux, la rencontre avec le FLN s'est mal déroulée, puisque le patron du parti de la majorité a reproché à la délégation européenne de s'ingérer dans les affaires internes de l'Algérie. Une position politique que partage l'allié dans l'Alliance présidentielle, le RND de Abdelkadar Bensalah. Dans un communiqué, la porte-parole du RND, Nouara Djaâfar, tire sur la Cnltd et parle d'une «opposition préfabriquée» comme celle créée en Irak ou en Syrie pour «détruire le pays». Le RND, qui refuse de s'associer à ses formations, affirme: «Nous entendons aujourd'hui, dit-elle, un discours de la part de l'opposition qui résonne comme un appel à l'intervention étrangère dans le pays.» Le RND qui, à l'heure où nous mettons sous presse, n'a pas reçu une demande d'audience de la part de la délégation de l'Union européenne, se prononce contre «l'ingérence dans les affaires du pays». Si Alger n'a pas apprécié le casting choisi par la délégation européenne qui a organisé ses entretiens, plusieurs partis de l'opposition contre un seul représentant du pouvoir, elle, lui reproche surtout le timing et le choix de la date fixés pour ses rencontres. L'Union européenne organise souvent des rencontres avec des partis ou des personnalités algériennes pour mieux comprendre la situation politique dans le pays. Généralement, ses entretiens interviennent avant des élections, principalement les élections législatives ou présidentielle. Or, cette année, l'UE avait choisi de ne pas envoyer des observateurs pour superviser l'élection présidentielle d'avril 2014, ce qui n'a pas été du goût des Affaires étrangères algériennes qui avaient à plusieurs reprises annoncé leur présence durant cette élection du 17 avril 2014. Contre toute attente, l'UE a choisi d'organiser ses entretiens politiques dans un contexte politique stable et sans enjeu politique majeur. Pour de nombreux analystes, cette série de rencontres vise plus à encourager l'opposition à se frayer une place qu'elle a perdue que d'accepter une situation politique déjà bien stable. Quoi qu'il en soit, l'UE, qui essaye à travers cette action de mieux comprendre la situation en Algérie et situer les équilibres de forces en présence, affirme qu'elle coopère avec l'Algérie dans le domaine du terrorisme, dans le maintien de la sécurité dans le Bassin méditerranéen et la lutte contre l'immigration clandestine.