Air Algérie se prépare sérieusement à l'ouverture du ciel à la concurrence privée Tout en affirmant qu'il ne démissionnera jamais de son poste, le premier responsable de la compagnie nationale de transport aérien a donné les grands axes de la restructuration qui va être mise en place dès le début de l'année prochaine. Bientôt une filiale «low cost» pour Air Algérie. C'est l'annonce faite, hier, par son P-DG, Mohamed Salah Boultif, lors de son intervention au forum du quotidien El Moudjahid. «Ce projet aura pour but de faire face à l'ouverture éventuelle du ciel», a précisé M.Boultif. «L'ouverture du ciel attirera les compagnies internationales low cost qui vont sérieusement nous concurrencer sur le transport point par point. Pour rester en vie, on pense donc créer notre propre compagnie low cost qui sera une filiale d'Air Algérie», a t-il affirmé sans donner plus de détails sur ce projet et sa mise en place. Une chose est sûre par contre, Air Algérie se prépare sérieusement à l'ouverture du ciel à la concurrence privée, même si le ministre des Transports Amar Ghoul a récemment fait savoir qu'elle n'est pas d'actualité. «Il faut que l'on développe le trafic de transit qui reste limité», a insisté M.Boultif. «Comme je l'ai déjà dit, il ne faut plus que l'on dépende du point à point où la concurrence sera très rude à l'ouverture du ciel», a-t-il fait savoir. «Il faut aller vers le trafic de transit. Si la compagnie ne se lance pas dans ce genre de trafic, elle finira par disparaître face à la concurrence», a-t-il poursuivi. Il rappelle dans ce sens le projet de création d'un «hub» à Alger. Deux modèles de compagnies aériennes existent, les conventionnelles comme Air Algérie et celle des pays du Golfe comme Emirates ou encore Qatar Airways, qui ont créé un concept de sixième liberté en passant par des «hub», a-t-il dit. Elles n'ont pas de véritables marchés et utilisent le trafic de transit, via un réseau de liaisons aériennes globalisé, ramenant ainsi du trafic, le font transiter par des hub et acheminent les passagers sur différentes destinations. «C'est cela l'avenir du transport aérien», a-t-il rétorqué. «C'est pour cela que l'on souhaite que le nouveau terminal de l'aéroport d'Alger soit uniquement exploité par Air Algérie. Il faut penser à l'intérêt du pays. Il faut prioriser la compagnie nationale pour pouvoir créer un hub», a-t-il soutenu. Le P-DG d'Air Algérie a également donné les grands axes de la restructuration que doit mener la compagnie à partir du début de l'année prochaine. «Le rapport d'audit fait par les services du ministère des Transports a été remis au Premier ministre. Des instructions nous seront bientôt données, mais les hautes autorités ont d'ores et déjà donné leur accord pour une restructuration de la compagnie», a-t-il assuré. Dans ce sens, il annonce la création, en 2015, de plusieurs nouvelles filiales: assistance en sol et frêt, maintenance, catering. La compagnie envisage également, dans le cadre du projet de restructuration d'externaliser certaines activités à l'exemple du gardiennage, du déploiement... Boultif a en outre indiqué l'existence d'un déséquilibre dans les effectifs de la compagnie. «Il est vrai qu'il y a un sureffectif à Air Algérie, toutefois on souffre d'un manque d'effectifs dans les services opérationnels», a t-il attesté en réfutant toute suppression d'emplois. «La restructuration devrait remettre l'équilibre dans les effectifs de la compagnie, tout en améliorant la prestation de service», promet Mohamed Salah Boultif. Il s'engage également à améliorer, avec cette restructuration, la ponctualité des vols. «Notre taux de ponctualité est de 60%, on doit passer à la moyenne mondiale de 72%», énonce-t-il. Sur le plan opérationnel, le P-DG a mis en avant les chiffres «satisfaisants» enregistrés par la compagnie durant l'année 2014, malgré «la période difficile» qu'elle a traversée. «Air Algérie prévoit la réalisation d'un chiffre d'affaires de 70 milliards de dinars à la fin de l'année 2014, contre 69 milliards de dinars en 2013», avance-t-il. Près de cinq millions et demi de passagers ont été transportés par Air Algérie en 2014, alors que le nombre était de quatre millions et demi en 2013, a-t-il certifié. Enfin, en ce qui concerne l'été noir qu'il a passé et les tentatives de le pousser à la démission, Boultif renchérit: «Si je ne suis pas parti cet été, je ne partirai pas de sitôt! Je quitterai mon poste le jour où les pouvoirs publics décideront de me relever de mes fonctions.» «Je ne démissionnerai jamais...», a-t-il conclu.