Le coup d'envoi de la 5ème édition du festival du tapis d'Aït Hichem a été donné avant-hier à la Maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou en présence des autorités locales. Après une cérémonie d'ouverture, au goût mi-figue mi-raisin pour la présence d'une partie des villageois qui refusaient la délocalisation du festival, la petite salle a abrité les interventions des représentants de l'Etat et des organisateurs. C'est dans la même salle qu'a eu lieu la signature, à l'occasion, d'une convention entre le Cfpa d'Azazga et le représentant du village d'Aït Hichem pour le lancement de la formation de tissage du tapis local. Dans son intervention, Ramdhane Ali Slimane, membre du comité du village a insisté sur la nécessité de faire connaître cette richesse considérant qu'il n'y a pas eu de rapt comme le prétendaient les contestataires car, le patrimoine en soi est universel. Bien au contraire, jugeait-il, il faut s'ouvrir vers l'autre et offrir pour recevoir. Benslimane Mohamed, membre de l'APC d'Aït Yahia a abondé dans le même sens ainsi que l'élu représentant de l'APW de Tizi Ouzou, Kamel Ougmat, qui préconisait de donner au tapis d'Aït Hichem une portée internationale. Saïd Lakhdari, mouhafedh FLN qui prenait la parole a exprimé, lui, la nécessité de préserver la tradition et de la promouvoir. De son côté, le directeur du tourisme a fait remarquer que la tenue du festival dans la ville de Tizi Ouzou permettra à un plus grand nombre de visiteurs de découvrir le tapis d'Aït Hichem. Le même orateur a profité de la tribune pour annoncer, entre autres, que 22 dossiers de subventions destinées aux artisans ont été retenus sur les 300 déposés. Le projet d'inscription d'une centrale de tissage est prévu pour l'année prochaine afin de permettre aux artisans de se procurer de la matière première sans se déplacer dans d'autres wilayas comme Ghardaïa. La cérémonie d'ouverture d'hier a également été l'occasion pour tous les présents de rendre des hommages appuyés à deux figures emblématiques du métier du tissage d'Aït Hichem, Taos Aït Abbès et Ghnima Aït Issad, deux femmes, décédées, dont les noms riment avec la pérennité de la tradition. Pour l'anecdote, un ancien moudjahid de la région a raconté à l'assistance qu'en 1963, un certain 2 octobre, de passage à Aït Yahia, Hocine Aït Ahmed a été interpellé sur l'école de tissage d'Aït Hichem fermée. Celui-ci avait demandé à la vieille femme qui l'accostait la somme nécessaire pour sa réouverture et elle la lui évalua à 2000 dinars. Aït Ahmed demanda à Mohand Oulhadj qui l'accompagnait, alors en dissidence au régime de Ben Bella, de lui donner 2000 et 500 dinars de plus. C'est ainsi que le métier de tissage et le tapis d'Aït Hichem ont été ressuscités après une période de léthargie durant la guerre de Libération nationale. Enfin, rappelons que cette 5ème édition qui se poursuivra jusqu'au 27 novembre verra la participation aux expositions de quelque 27 ateliers dont une bonne dizaine issues du village Aït Hichem.