Les lobbies sionistes et pétroliers américains pèseront lourd sur les questions irakienne et palestinienne. La bataille qui oppose Bush à Kerry, promet pas mal de passionnants rebondissements partant du constat que cette présidentielle, exceptionnellement, engage en quelque sorte le devenir de la planète. Traditionnellement pacifistes, les démocrates ont opéré un virage remarqué à la convention de leur parti, à Boston, où leur candidat John Kerry, a commencé le discours le plus important de sa carrière à ce jour, en faisant un énergique salut militaire. «Je viens prendre mon service», a-t-il lancé dans une claire allusion à son glorieux passé de vétéran de la guerre du Vietnam sur lequel il souhaite asseoir sa crédibilité de meneur d'hommes, capable de diriger le pays et le protéger du terrorisme, un domaine où il souffre d'un grand retard face au président républicain sortant, George W.Bush. M.Kerry, plusieurs fois médaillé, était soutenu sur la scène par sa «bande de frères» d'armes du Vietnam venus témoigner de son courage sous le feu, tandis qu'une dizaine de généraux à la retraite et amiraux, ont exalté sa force d'âme. S'emparant d'un des thèmes centraux de la campagne Bush, M.Kerry a solennellement proclamé que les Etats-Unis sont une «Nation en guerre» contre le terrorisme mondial et affirmé que rien ne le détournerait de son devoir de protéger le pays, avec ou sans alliés. Selon les historiens de la présidence américaine, la dernière fois que les démocrates ont adopté un ton aussi martial à leur convention, remonte à l'époque où ils ont désigné pour un quatrième mandat présidentiel, Franklin Roosevelt, en pleine seconde Guerre mondiale. Depuis lors, ils ont davantage été associés aux mouvements pacifistes, mais c'était avant le 11 septembre 2001 et les attentats dévastateurs contre les Etats-Unis qui donnent l'occasion à M.Bush de briguer un second mandat en se décrivant comme un «président de guerre». «Je pense que les démocrates comprennent que d'être trop une colombe, risque d'être une stratégie risquée cette année», estime Eric Davis, professeur de sciences politiques à l'université de Middlebury et expert des campagnes présidentielles. «Dans leur coeur, ils peuvent être colombes, mais dans leur tête, ils savent qu'avoir des images militaires, peuvent aider à se débarrasser de George W.Bush et c'est quelque chose qu'ils doivent endurer pendant les trois prochains mois», jusqu'au scrutin du 2 novembre, dit M.Davis. La stratégie du parti démocrate à la convention de Boston, fin juillet, était claire: se concentrer sur la sécurité, lancer une attaque frontale contre M.Bush en l'accusant d'avoir raté la guerre en Irak et la défense intérieure et présenter M.Kerry comme une personne prête et capable de prendre la relève. Il ne fait aucun doute, estiment les observateurs, que ce sont les grands lobbies, tant militaires que pétroliers, qui se trouvent derrière un pareil changement d'attitude, partant du constat que ces puissants groupes de pression, en accointance avec les finances et les médias, ont toujours fait et défait les présidents américains, dans une démocratie qui n'a plus d'apparence que le nom. Plus de la moitié des 50 minutes du discours de M.Kerry, à la clôture de la convention, était consacrée à la sécurité nationale. Il a promis de reconstruire les alliances internationales, de réformer les services de renseignement, de ne jamais faire prendre de risques aux soldats américains à moins qu'il y ait un danger «réel et imminent» et de mettre sur pied une armée américaine plus forte. Le général américain à la retraite, Wesley Clark, ex-prétendant à la Maison-Blanche, a déclaré devant la convention que M.Kerry rejoindra «le Panthéon des grands démocrates des périodes de guerre». «Les démocrates sont des combattants. John Kerry est un chef et un combattant. Il sera un grand commandant en chef», a-t-il lancé. Des experts estiment que M.Kerry risque de s'aliéner la gauche du parti démocrate qui veut une sortie stratégique franche de l'Irak. Mais d'autres jugent qu'il y a peu de chances que ces électeurs donnent leurs voix à M.Bush. Ce qui est plus dangereux à leurs yeux, c'est le risque que M.Kerry mette tous ses oeufs dans le panier sécuritaire sans se démarquer clairement des positions républicaines.