Revisiter, découvrir, sauvegarder et promouvoir, tels sont les objectifs que vise le Colloque international sur le patrimoine musical de la Kabylie, qui se tient depuis hier, et pour une durée de trois jours (1, 2, et 3 décembre 2014) à la Maison de la culture de Béjaïa. Organisé par le Centre national de recherches préhistoriques anthropologiques et historiques (Cnrpah), cette 5ème édition a pour thème central «patrimoine musical de la Kabylie...contextes, formes et systèmes». Après deux premières éditions tenues en 2007 et 2009 à Alger, suivi d'une troisième tenue à Tlemcen puis une quatrième tenue à Béni Abbès dans la vallée de la Saoura, voilà que l'institution chère à Slimane Hachi a jeté son dévolu sur l'ex-capitale des Hammadite. En effet, étant la mieux indiquée par son statut de la ville qui abrite le festival culturel local de la chanson et musique kabyles, un festival qui regroupe les huit wilayas qui partagent la culture kabyle à savoir Jijel, Sétif, Bordj Bou Arréridj, Béjaïa, Bouira Tizi Ouzou, Boumerdès et Alger, les organisateurs marquent une halte pour dépoussiérer, revisiter, faire découvrir, sauvegarder et promouvoir ce patrimoine immatériel de la musique kabyle si cher à toute l'Algérie en général et la Kabylie en particulier. Dans son allocution d'ouverture, le directeur du Cnrpah, M.Slimane Hachi a rappelé les missions de son institution en matière de recherche sur l'héritage culturel «le Cnrpah consacre un centre de recherche qui travaille sur les héritages culturels et les corpus relatifs au patrimoine immatériel...A cet effet, nous travaillons pour l'instauration et la confection d'une base et d'une banque de données en la matière», avait-il déclaré avant de nous éclairer sur une piste de perspective, en matière de coopération à l'échelle internationale «nous avons ouvert avec les Universités de Paris 1, de Paris 10, de Berlin et de Gabès en Tunisie, des formations en anthropologie et ethnomusicologie ce qui permettra à notre ministère de la Culture de disposer de compétences à même de faire de la recherche dans le domaine pour s'occuper sérieusement des questions liées au patrimoine». De son côté, Mehenna Mahfoufi responsable scientifique du colloque a déclaré: «Le colloque se déroulera sur plusieurs axes pour tenter de retracer l'histoire et la genèse de la chanson et musique kabyles», avant de rendre hommage à trois figures emblématiques de la musique et chanson kabyles, Marguerite Taos Amrouche, qui nous a légué des enregistrements inestimables de chants kabyles, Malek Ouari jeune professeur de lettres qui s'est imprégné du patrimoine culturel berbère dans le domaine de la danse, le chant, la poésie, la musique et les contes....et enfin à Mohamed Iguerbouchène un jeune Kabyle qui a étudié la musique et s'est intéressé à l'héritage musical kabyle qui l'a fait connaître à travers le monde. L'autre intervenant, M.Khelaf Reghi, directeur de la culture de la wilaya de Béjaïa n'a pas raté l'occasion de demander à M.Hachi et ses collaborateurs ainsi que les intervenants de ce colloque de préparer un dossier consistant, afin de demander l'inscription du patrimoine immatériel musical de la Kabylie sur le registre du patrimoine de l'humanité auprès de l'Unesco. En outre, pour le responsable scientifique: «Ce colloque fera pour la première fois le point sur l'état de la recherche sur le patrimoine musical de la Kabylie axé notamment sur le musical et le social. On va essayer de montrer comment la chanson a évolué chez les Kabyles depuis les années 1940 à nos jours», nous a-t-il déclaré, en marge de ce colloque avant d'ajouter: «le répertoire musical villageois se composant de milliers de chansons de différents genres qui demeurent encore méconnues, est menacé de disparition, du fait même que les rites accompagnés de la musique qui en justifie la réalisation deviennent au fil des jours caducs. Cette caducité est la conséquence des mutations sociales et culturelles inévitables.» Concernant les travaux qui ont démarré dans la matinée d'hier, les participants ont eu à suivre deux conférences animées par l'Algérien Salim Dada, portant sur «Daniel Salvador et la musique algérienne: sur les traces de transcription au destin inattendu» et du Tunisien Mahdi Trabelsi intitulé «les travaux de Francisco Salvador-Daniel sur la musique kabyle: essai de reconstitution de quelques chants».