Le nombre provisoire recensé des familles sinistrées à reloger est de 1.275. Au niveau de la capitale, hier, à 17 heures, 210 familles ont été recasées. Ces chiffres sont avancés par M. Boudina, conseiller et membre de la cellule de crise au niveau de la wilaya d'Alger. Les cités choisies pour le relogement se trouvent à Draria, Saïd Hamdine, Beni Messous, Dergana, Dar El-Beïda, Zéralda et Tixeraïne. Le type de ces appartements, selon M.Boudina, varie du F1 au F5, selon l'importance de la famille. Dans la nuit de lundi à mardi, 32 familles sinistrées de la rue Rachid-Kouache ont été relogées à la cité Dergana. Cinq d'entre elles ont contesté cette distribution, ayant bénéficié d'un F1, «pourtant interdit par le Président de la République», insistent-elles alors que d'autres ont eu des F3. La même scène s'est produite à Tixeraïne avec les 36 familles du centre de transit de Frais-Vallon. La distribution des logements s'avère très difficile pour les responsables locaux qui n'arrivent pas à circonscrire les véritables sinistrés. «Nous avons des difficultés à établir les listes des bénéficiaires, mais notre travail est compliqué compte tenu de la pression des citoyens affolés qui veulent à tout prix être relogés», déclare M.Boudina. Aussi, des dizaines d'équipes de recensement ont-elles été dépêchées sur les sites pour déterminer avec exactitude les véritables nécessiteux. Car, il faut le rappeler, l'Etat a dégagé seulement 1.500 logements «qui n'ont pas d'acquéreurs préalables. Ils sont destinés à tous ceux qui sont dans le besoin», affirme M.Boudina. «Compte tenu de la catastrophe, les personnes qui devaient être relogées vont l'être plus tard par mesure d'urgence.» Nous nous sommes déplacés à la cité Tahar-Bouchet, sise à Tixeraïne où 36 familles ont été relogées. Elles étaient toutes sous des tentes à Frais-Vallon, pendant plus de trois ans, et ce, après avoir vu leurs demeures s'effondrer à Mont-Plaisant. A l'entrée de la cité, on remarque une longue file de personnes venues prendre des denrées alimentaires. Un sexagénaire sort d'un dérisoire garage avec à la main 2 kilos de pâtes alimentaires et 1 kg de café. Une jeune femme est venue se renseigner sur les démarches pour bénéficier de ces dons. «Un livret de famille», lui répond son voisin. Un peu plus loin, nous croisons une autre vieille femme qui nous raconte son malheur, avant de nous inviter chez elle. Là nous constatons que tous les ne sont pas achevés, que son plafond fissuré laisse filtrer de l'eau. «Nous avons fui la crue pour nous retrouver en plein dedans», réplique-t-elle. C'est avec amertume qu'elle nous dira: «C'est grâce à cette crue que nous avons bénéficié d'un logement décent, nous avons traîné sous des tentes plus de 3 ans.» Au coeur de Bab El-Oued, des pères de famille ne cachent pas leur colère, ils contestent les opérations de recensement. Selon eux, beaucoup de responsables ont fait l'objet de menaces émanant de citoyens. D'autres nous parlent de «faux sinistrés» venus des autres quartiers d'Alger. Ainsi les opérations de relogement viennent aggraver le malheur dans lequel est plongée la capitale depuis samedi dernier.