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Les Lions du mont Dirah ont une âme et une conscience
LE SOIXANTIÈME ANNIVERSAIRE DU 1ER NOVEMBRE 1954 À SOÛR EL GHOUZLÂNE
Publié dans L'Expression le 03 - 12 - 2014

L'écrivain Kaddour M'Hamsadji entre, à sa droite, Mohamed Saïki, moudjahid et fondateur du Musée de l'ALN de Soûr El Ghouzlâne, à sa gauche, M'hamed Aoune, moudjahid, poète et ancien journaliste à El Djeïch
Au cours des temps de destins contraires et de nuits incertaines, il y en a eu tant qui ont rugi de la fureur des Justes, que dans leurs brûlants regards se sont fixées des myriades d'étoiles de liberté.
Cette fureur des Justes est le chant que tout citoyen a en soi lorsqu'autour de lui, souvent jadis et parfois naguère, il l'a entendu hors de soi, parvenu d'autres contrées sous le joug colonial, sous l'emprise du néocolonialisme gluant et harcelant, surtout. Mais tout est dans le coeur battant qui sait donner sens à sa rêverie en attendant, comme moi maintenant, le bruit retrouvé des 60 coups de canon qui, commémorant les soixante ans d'indépendance, vont faire vibrer de gloire le ciel sacré de cette soixantième veillée du 1er Novembre 1954...
Nuit après nuit, de même que tous les Lions d'Algérie, ceux du mont Dirah se reconnaissent au seul signe de leur inépuisable silence, de leurs muets orages, et c'est toujours l'espoir qui parle d'une voix de flûte saharienne émergée de partout du pays et de l'autre versant des hauteurs de l'inexpugnable Hodna. La bonne mémoire est alors celle qui n'a pas honte, qui condamne sa honte; et l'histoire déploie aussitôt dans la mémoire du citoyen ses faits infaillibles, ineffaçables.
Ahl el Qaçba - Ahl es-Soûr
Certes, j'interviens ici sans y être appelé ni par Alger ni par Soûr El Ghouzlâne. Seule ma pensée, vers le mont Dirah, est mon langage possible, la substance cultivée de ma fusion en lui, en ce Roseau des Sables. Cependant, j'ai comme une image à développer. Je n'oublie pas, en effet, l'hommage que Soûr El Ghouzlâne m'a consacré le vendredi 20 avril 2007. J'ai entendu dire «Le temps de rendre hommage à un de nos grands écrivains parmi les anciens est enfin venu». J'y ai retrouvé mes amis et mes camarades de classe, mes repères. J'ai bien entendu dans la foule affectueuse que «Cela faisait 32 ans que «leur» écrivain n'était pas revenu à Soûr El Ghouzlâne; exactement depuis le tournage, en 1975, du film Çamt er-ramâdh d'après son roman Le Silence des cendres, réalisé par le regretté Youcef Sahraoui». Ceux qui sont naturellement venus à mon coeur, ce jour-là, le mien y est allé naturellement vers le leur, définitivement. Et c'est pourquoi ce soir, vendredi 31 octobre 2014, veiller à El Qaçba, zemân, en pensant à Soûr El Ghouzlâne, c'est piété comme lire un livre; Livre de la Qaçba et Livre de Soûr El Ghouzlâne sont, pour moi, un seul et même secret trésor culturel où mes racines puisent mes mérites de citoyen algérien.
Moi donc, heureux natif de Soûr El Ghouzlâne, mes fiers et dignes aïeux, appartenant à la corporation des «armuriers», ont été parmi Ahl el Qaçba insoumis à l'automne 1830, aux ordres et désordres imposés, aux exactions diaboliques succédant à la terreur du corps expéditionnaire lors de la prise d'Alger par le rude et peu loquace général de Bourmont, - au reste, il était peu populaire auprès de ses soldats depuis son abandon de la division qu'il commandait à Waterloo, le 15 juin 1815, pour rejoindre Louis XVIII à Gand... Ainsi, comme d'autres Algérois, spoliés de leurs biens et jetés sur les chemins de l'exode, mes aïeux ont posé leurs affres de désespoir et de réfugiés à Soûr El Ghouzlâne, «Le Rempart des Gazelles». C'est l'ancienne cité romaine Auzia, devenue au fil des siècles un carrefour économique régional de plus en plus important.
À l'époque turque, et dépendant de l'«Outhane du Dirah», il y a été édifié, fin xviiie siècle, un bordj (semblable à celui de Bordj Hamza, à Bouira) et une «Noûba» entretenue sous l'autorité du Bey «Otsman» (Outhmâne) de Médéa.
L'histoire régionale est marquée par de fréquents accrochages entre les Adhâoura unis aux Ouled-Ali-Ben-Daoud et les troupes de ce Bey et de son successeur Mustapha...
En 1846, la conquête française fait de Soûr El Ghouzlâne, «Aumale», du nom Henri-Eugène-Louis duc d'Orléans, duc d'Aumale, vainqueur chanceux, en 1843, de la Smalah (Zoumalâ') de l'Emir Abdelkader.
Historiquement, longtemps, de 1830 à 1846, les populations révoltées de la région de Dirah et de la plaine de l'Oued-el-Ham restent vigilantes face aux tentatives d'incursions militaires des troupes françaises. Une colonne expéditionnaire commandée par le général Changarnier apparaît à Dirah, en octobre 1842. D'autres expéditions ont été organisées par le duc d'Aumale puis par le général Marey-Monge. Des nuits d'août et des nuits de septembre 1943, un fantôme, sur le mont Dirah, comme une silhouette sinistre est visible; c'est celle du général Marey-Monge, mesurant la distance qui la sépare de la vaste plaine de l'Oued-el-Ham, tout en bas où de nobles et courageuses tribus algériennes se concertent contre l'envahisseur étranger sans cesse affamé de territoires. De nombreuses tribus alentours (Arib, Slamat de l'Oued-Maamoûra, Adhâoura, Ouled-Sidi-Aïssa, Ouled Si-Amor,...) toujours attachées au parti de l'Emir Abdelkader restent mobilisées.
Le 27 septembre, la colonne suréquipée du général Marey-Monge, se joignant, sur l'Oued-Djenâne, aux troupes lourdement armées venues de Sétif avec le général Sillègue, se livrent au massacre des insurgés et au pillage de leurs biens. À Hedjr-el-Hadyâne (Le Rocher-Guide), à Hedjr-Dirah (le Giron de Dirah), dans le sud du Dirah, les combats se poursuivent, notamment sous la direction de Bou Chareb puis de Ben Salem puis de Mohamed ben Abdallah boû Maza, comme le célèbre combattant du Chéliff. Les généraux Marey et d'Arbouville intensifient leurs représailles et exterminent les résistants dans les Ouled-el-Aziz... C'est à la suite de la campagne infernale de 1845 que le maréchal Bugeaud, appliquant sa devise «Ense et aratro», «par l'épée et par la charrue», décide de fonder à Soûr El Ghouzlâne, un poste intermédiaire entre le défilé des Bibans et Alger et que le duc d'Aumale pose, le 27 mai 1846, la première pierre de ce poste qui, le 19 juin, prend le nom d'Aumale. Mais rien ne finit là; la résistance continue...
Les Lions du Dirah
Et le lundi 1er Novembre 1954, les Lions du Dirah sont au rendez-vous de l'Histoire de la Lutte de Libération Nationale.
Soûr El Ghozlane compte de nombreux chouhadâ (Ali Sadadou, Mokhtar Mazani, Abdelkader Messaour, Ahmed Sellam, Kouider Boudjarda, Messaoud Zitoun, Mohamed Mezghiche, Ghomari Slimane,...), de moudjâhidîne et de militants nationalistes. Des poètes populaires (Omar Boudjarda, Hamri Bahri, Salah Madi,... et, bien sûr, M'hamed Aoune.), des Meddâdha, à la voix chaude et accompagnés de leur gaçba, les ont chantés dignement. Dans son ouvrage précis et clair «Chroniques des années de gloire», le grand moudjahid Mohamed Saïki (éd. Dar El Gharb, Oran, 2004, 500 pages) relate son expérience dans les maquis de mai 1956 à juillet 1962. Il est né en 1932 au lieu-dit «H'djar Djebel Dirah» à quelques kilomètres de Soûr El Ghouzlâne où il est arrivé encore enfant avec ses parents pour y habiter et y vivre son adolescence jusqu'à son départ pour le Maquis. Nous étions voisins et très amis; un mur séparait nos maisons. Il était mon aîné d'une année. Dans le Musée de l'ALN qu'il a fondé, de nombreux documents et objets rares et divers, ainsi que des empreintes de toute sorte des activités nationalistes, militaires, politiques, culturelles, sportives rappellent l'Histoire des Lions du mont Dirah et de la région: chouhadâ, moudjâhidîne, militants nationalistes de l'extrême conviction révolutionnaire dont l'un d'eux illumine spécialement les mémoires Rebbah Lakhdar (1934-2007). Très jeune traminot, militant du PPA-MTLD, il est entré au FLN en 1955. Il a été l'intermédiaire exceptionnel entre Abane Ramdane et Idir Aïssat au moment de la création de l'UGTA (fin 1955-début 1956). Il s'est chargé d'une grande part dans la création de l'hymne national par ses contacts avec le regretté Moufdi Zakaria. Avec tous les Lions de Dirah, je crois pouvoir dire que Rebbah Lakhdar reste, par ses activités révolutionnaires pour la cause politique nationale et pour le syndicalisme militant algérien, l'enfant prodige et bien-aimé de Soûr El Ghouzlâne...
Il est minuit. J'imagine et j'entends, au plus loin, l'éclat grandiose de tirs groupés de carabines militaires sur la place de l'Indépendance de Soûr
El Ghouzlâne.
À Dirah, veilleur éternel, ces barouds d'honneur donnent parole unique de fierté aux Moudjâhidîne: 1er Novembre 1954-1er Novembre 2014! La foule applaudit. Des youyous de beauté et de délivrance, mieux qu'un miel dans la gorge, ravivent nos voix et raffermissent nos espérances!
Il est minuit. J'entends les tirs fastes et profonds d'une salve de soixante coups de canon dans le ciel pur d'El Qaçba, bientôt suivie d'un ululement saisissant de sirènes de bateaux montant de la calme Amirauté. Les Mouettes de l'éternité, par l'image sonore de leurs rires mirifiques, soulèvent des espaces constellés pour accueillir de nouvelles promesses de vie citoyenne digne.
Ah! que le temps de ces veillées nuancées dirigent l'homme superbe d'Algérie et le remettent devant son Bien! Aussi, je fais mes excuses à mes lecteurs de citer quelques vers anciens datés «1er novembre 1959», extraits de Oui, Algérie (éd. Subervie, France, 1965, pp. 32-33), chantés, accompagné de sa guitare, par le regretté Abderrahmane Aziz et orchestrés par le regretté Bachir Sadi de Blida. Ces vers, qui n'ont que peu de prétentions, ne sont qu'un modeste témoignage ému sur Soûr El Ghouzlâne à l'époque des Temps mauvais, des Temps d'espoir aussi: «À ma ville natale / à ses héros égaux / devant Dirah / dispensateur de courage.»
«Soûr El Ghouzlâne / Dès l'aube la main rouge a fauché les épis / Mais tu bats dans le coeur de tes gazelles libres / Toi mon argile pure / Ma patrie toute proche / OEil tendre de la liberté. / Dira veille sur toi / Il voit l'immense amour qui se débat en toi / Tes tripes sur les barbelés / Ta lèvre violée sous les mains de ronces /Et ton front plus blanc même dans la boue. / Tu te redresses / Ma cité trahie ma cité en pleurs / Tu formes un corps tu choisis ton jour / Tu enfantes des hommes / Par Dieu par bravoure par toi. / Tu te redresses / Fière ma cité / Armée de tes gazelles / Contre la nuit contre la mort contre la haine. / Chers soleils dans les voix de tes martyrs / Chères étoiles ayant poussé dans notre ciel / Chères fleurs écrasées sous les chaînes / Chers diamants noyés dans le sang! / Soûr El Ghouzlâne / Ma patrie où naquirent mes gazelles / OEil tendre de la liberté / Mes fragiles gazelles / Belles douces insaisissables / Mes gazelles fauves au-delà des remparts!»
(Sources diverses)


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