Nos journalistes lors de l'entretien avec Ziari Abdelaziz Ziari est ancien ministre, ancien président de l'APN et cadre du FLN. C'est une figure connue dans le monde politique. Ses analyses font réference et constituent une véritable expertise pour tous ceux qui s'intéressent à la vie politique nationale et à ses méandres. L'homme est réputé pour son intégrité intellectuelle et son engagement aux côtés du Président Abdelaziz Bouteflika. Dans cette interview, il livre, sans ambages, son analyse sur les questions d'actualité politique nationale. Il estime que la demande de la Cnltd concernant une élection présidentielle anticipée n'est pas sérieuse, tout en saluant la démarche du FFS. Il invite le chef de l'Etat à opérer de vraies réformes pour passer à ce qu'il appelle une phase qualitative. En même temps, il plaide pour l'assainissement de la vie politique en stoppant notamment, l'intrusion de l'argent sale. L'Expression: Quel diagnostic faites-vous sur l'Algérie de 2014 et qu'avez-vous à proposer comme thérapie? Abdelaziz Ziari: Je crois qu'il n'y a pas de réponse linéaire à cette question. Le plus important est de préparer l'avenir du pays. L'Algérie de 2014 n'est pas celle des années soixante ou soixante-dix. Nous avons passé 50 ans, un demi-siècle d'organisation et de création d'un Etat moderne et de gestion des affaires publiques du pays avec une expérience cumulée. Je crois que le plus important est de savoir quand il faut opérer le changement qualitatif qui permet de passer à de nouvelles étapes de notre histoire. C'est cela que j'appelle réformes. Passer d'une phase post- révolutionnaire avec tout ce qu'elle a comporté ou d'erreurs faites, d'expériences réussies ou non et d'un mode de gouvernance que nous avions choisi, avec ses particularités, et qui, je crois, correspondait à ce qu'il fallait pour un Etat naissant dans les dures conditions que vous connaissez. Aujourd'hui, toute la génération qui a présidé aux destinées du pays, qui était issue de la guerre de Libération nationale et avait toute légitimité de gérer les affaires de l'Etat est en train de disparaître. Une nouvelle génération est arrivée et une nouvelle Algérie est née. Aussi, il faut adapter le pays à toutes ces mutations, et cela, le chef de l'Etat est habilité à le faire. Concrètement, comment traduire ce changement sur le terrain? Tout d'abord, commencer à faire l'évaluation de ce qui a été fait jusque-là. Je parle de la façon dont ont été gérées les affaires du pays et comment préparer l'ave nir. Dans cette phase, je dis que le chef de l'Etat peut effectivement initier les réformes qui s'impo sent pour l'Algérie de demain et non pas celle d'hier ou même pas celle d'aujourd'hui. C'est-à-dire éclaircir les rapports entre les différentes institutions du pays, redéfinir la mission des différents intervenants politiques. En plus clair, revoir les équilibres entre les pouvoirs constitutionnels pour éviter l'empiètement des uns sur les autres. Les rapports institutionnels doivent se faire dans la clarté et le respect des responsabilités dévolues par la Constitution. Permettre aux partis de jouer leur rôle d'institution politique. Le multipartisme ne doit plus rester un simple décor électoral. Car c'est au sein des partis que s'élabore la politique d'un pays, qu'elle se débat et qu'elle se réfléchit. Nous n'allons pas inventer quelque chose qui n'existe pas. C'est ainsi que fonctionnent les démocraties. Avec cette transition générationnelle, (je ne parle pas de transition politique), on doit rentrer dans un processus d'amélioration et de respect des règles du jeu démocratique. Il faut passer à une phase qualitative nouvelle qui permet en fonction de ce que prévoit la Constitution, qui sera, je l'espère, révisée prochainement, de redéfinir missions et responsabilités de chacun car on ne peut continuer sur un mode de gouvernance arrivé à bout de souffle. Il y a aujourd'hui une demande nouvelle d'un pluralisme assumé à qui il faut donner corps et âme. L'inquiétude porte plus sur l'avenir que sur le présent. Toute la confiance a été renouvelée au chef de l'Etat mais tout le monde sait qu'une période de l'Histoire est en train de s'achever. Comment sera la nouvelle période? Comment les décisions concernant l'avenir du pays se prendront et par qui? En fait, c'est cette angoisse qui est actuellement exprimée par ceux qui font la politique et nos concitoyens. Les réformes dont je parle ne doivent pas être de simples retouches ou un slogan du moment mais répondre aux nécessités, aux urgences et aux réalités du moment. C'est sur ces réformes qu'un consensus peut s'établir au sein de la classe politique. Le débat doit porter sur la nature des réformes du système politique et non pas sur les considérations à caractère personnel. Je suis sûr que le président de la République a toute l'autorité et toute la capacité pour laisser demain un système solide tourner vers la concrétisation de la démocratie. C'est presque un appel pathétique que je fais au chef de l'Etat afin d'engager ces transformations. De véritables changements Vous faites allusion au processus des réformes entamé en 2011? Non, je ne parle pas de lois qui existent déjà et que l'on met sous forme d'articles dans une Constitution et qui ne changeront rien. Je parle de vraies réformes car il est important d'aller vers la révision de la Constitution. Le rapport des pouvoirs doit être clarifié. Donner aux pouvoirs constitutionnels leurs contenus réels afin qu'il y ait des pouvoirs et des contre-pouvoirs dans le sens positif du terme. Il est vrai que nous avons fonctionné sous une forme de césarisme depuis l'indépendance. Ce césarisme s'expliquait et était consenti car il était le fait de la génération de Novembre. Dans l'avenir, il ne sera ni acceptable ni accepté. Le fonctionnement politique du pays doit être revu pour mettre en place de nouvelles normes de gouvernance. Les évolutions, c'est maintenant qu'il faut les faire et non pas sous la contrainte comme ce fut le cas après octobre 1988, car ce qui se fait sous la contrainte se fait mal. De grands pays comme la Chine ou la Russie ont réussi à changer leur système avec les dirigeants qui étaient en place. Plusieurs initiatives politiques sont lancées ces derniers temps. Pensez-vous que cela reflète une bonne santé politique du pays ou au contraire c'est l'expression d'une crise qui nécessite une solution urgente? A mon avis, il n'y a pas de crise. Il y a une préoccupation sérieuse concernant l'avenir, qui est tout à fait naturelle. Pourquoi? Pour la simple raison qu'il n'y a pas de visibilité de cet avenir. Qu'il y ait des préoccupations qui soient affichées, c'est normal. Mais ces préoccupations ne doivent pas s'attacher à des détails ou des considérations subjectives ou des ambitions personnelles, mais à préparer l'avenir sur comment organiser les affaires de l'Etat. Bien sûr, c'est un bon signe que les Algériens en général et la classe politique en particulier se préoccupent de l'avenir et s'interrogent. Mais je crois que le pouvoir a la possibilité de répondre par de véritables changements et évolution qualitative. Beaucoup de décisions doivent être prises sur le mode de gouvernance. C'est encore plus vrai en matière de gouvernance économique. L'étatisme économique doit être revu et corrigé par un vrai débat pour situer le rôle de l'Etat en tant que régulateur de l'économie et non pas de gestionnaire, la mise en place d'une économie mixte et la place du secteur privé producteur de biens et de services. On se demande pourquoi l'Algérie reste hyper-dépendante des hydrocarbures? C'est parce qu'au niveau des décisions économiques beaucoup reste à faire. L'économie surdétermine l'action politique. En cas de chute des prix du baril de pétrole, les décisions seront prises sous la contrainte malgré les bons sentiments politiques ou les choix idéologiques. Aussi, c'est le moment idoine, loin de tout calcul électoraliste ou de toute tactique de pouvoir, de procéder à ces réformes. La Cnltd appelle à une période de transition, vu la situation actuelle quelle lecture faites-vous de cette revendication? Je n'adhère pas à cette vision des choses. Nous sommes dans un Etat qui fonctionne et qui a ses difficultés comme tous les Etats. Nous n'avons besoin d'aucune transition. Le pouvoir en place est en mesure d'opérer les réformes nécessaires pour aller de l'avant. C'est là où j'insiste pour des réformes sérieuses et profondes. Par exemple, nous ne pouvons pas continuer à ignorer le pouvoir local. Le pouvoir local doit revenir aux élus par le biais d'une décentralisation réelle et effective des décisions dans un grand nombre de domaines et ramener les walis à leur mission de veiller à l'ordre public et au respect des lois et réglementations et non pas de chef de chantier comme si nous étions toujours en 1970. L'Algérie est un pays trop vaste pour être gérée seulement à partir de la capitale. C'est cette insuffisante décentralisation dans la prise de décisions qui est à l'origine des émeutes répétées. Le pouvoir central est bien obligé de lâcher des morceaux de son autorité aux pouvoirs locaux. A votre avis le problème se pose dans les lois ou dans l'application? Evidemment, il y a des détournements de lois ou des non-applications. C'est parce que les contre-pouvoirs ne fonctionnent pas. Pour un bon fonctionnement de ces contre-pouvoirs, il faut un parti majoritaire fort et une opposition forte qui peuvent, les deux, dénoncer la non-application de ce qui a été voté et décidé. Au lieu de fragiliser les partis, y compris et surtout ceux du courant nationaliste, comme cela se passe depuis quelque temps, il faut les renforcer et les valoriser et les crédibiliser pour contribuer à améliorer la gouvernance: c'est en cela que je dis que le mode de gouvernance doit changer en vue de renforcer l'Etat de droit. La légitimité du Président est indiscutable Certains partis de l'opposition exigent, en se basant sur la santé du chef de l'Etat pour constater une vacance du pouvoir, une élection présidentielle anticipée. Quel commentaire faites-vous sur cette question? Non, ce n'est pas sérieux d'évoquer l'élection anticipée. Le chef de l'Etat a demandé un mandat et il l'assure. Pourquoi une élection anticipée? Qu'y a-t-il de changé par rapport au mois de mai dernier? Y-a-t-il un miracle attendu d'une élection anticipée? Au lieu de ressasser cela, il faut proposer les changements structurels souhaités pour l'avenir. La légitimité du président est indiscutable et cette opposition fait fausse route. A l'opposé, le FFS propose une conférence de consensus national, qu'est-ce que vous en dites? Toutes les initiatives qui se préoccupent du sort des Algériens sont louables. Mais il est vrai que tout changement qualitatif ou évolution ne peut se faire qu'avec le pouvoir en place. Pour cela, j'encourage le FFS qui a pris acte de cette réalité. Le contenu peut faire l'objet de débat mais je ne crois pas personnellement aux conférences. Il ne sort jamais rien des conférences car tout ce qui se fait, c'est en dehors des conférences. L'autre démarche (Cnltd, Ndlr) n'est pas réaliste à mon avis. L'Algérie n'est pas dans une situation de crise, elle n'a rien de comparable avec ce qui s'est passé en Tunisie ou ailleurs. Nous avons eu notre catharsis lors des sanglantes années 1990, nous avons mis du temps pour nous remettre et panser nos plaies. Il est temps effectivement, de mettre en place les nouveaux mécanismes de gestion et d'opérer les réformes. Il y aura, bien sûr, des résistances. Les rentiers de la politique et de l'économie résisteront bien entendu, mais nous devons le faire. Il est étonnant que le parti qui n'a jamais participé au gouvernement soit accusé de rouler pour le pouvoir par ceux qui étaient assis à ce gouvernement à nos côtés. La démarche positive du FFS A votre avis, pourquoi cette initiative est soutenue uniquement par les partis au pouvoir? C'est tout simplement une démarche positive, réaliste et pragmatique. Le FFS n'a jamais fait partie du gouvernement contrairement à d'autres. Ce n'est pas parce qu'il a pris acte de réalités qu'on l'accuse de collaboration. Tous ceux qui critiquent cette démarche sont passés par le gouvernement. Certains acteurs politiques estiment que le retard accusé dans le projet de révision de la Constitution est lié à la conférence de consensus national du FFS. Etes-vous de cet avis? Je n'y crois pas trop. Je n'ai pas d'informations sur la question mais je pense que ça fait partie des spéculations. Il n'y a pas de liens entre les deux projets. Ce qui est important c'est que la prochaine Constitution sera celle qui prend en charge toutes les préoccupations, tous les changements, tous les rééquilibrages nécessaires entre les différents pouvoirs (exécutif, législatif et judiciaire). L'objectif est de parvenir à ce changement et de le mettre en place et de l'appliquer complètement sur le terrain. J'ajoute qu'il faut un débat sur ces choses qui sont positives. Chacun a évidemment une position, un point de vue qui est respectable. Rien ne vaut que de s'affronter dans la compétition électorale et de se frotter à la sensibilité populaire. Les responsabilités politiques ne devraient être dans leur majorité dévolues qu'aux hommes et femmes qui sont passés par le verdict des urnes. Pensez-vous que dans le cas où l'opposition ne participe pas à la révision de la Constitution, le texte sera crédible et durable? Justement, la crédibilité de la Constitution viendra de son contenu et de son applicabilité. Elle ne viendra pas de la participation de l'opposition ou non. Si cette révision aboutit à un meilleur rééquilibrage des pouvoirs, si elle aboutit à réhabiliter le rôle et la fonction des partis à travers la représentation au sein du Parlement, et que le parti qui aura la majorité sera chargé de former le gouvernement, elle sera crédible. J'appartiens à une famille politique qui plaide pour un système semi-présidentiel. C'est au parti majoritaire de faire son gouvernement et programme. Si le président est issu de la même majorité c'est bien, sinon, il y a les compromis pour faire fonctionner les institutions. Le chef du gouvernement doit être désigné par le parti de la majorité. Ça doit se faire de cette manière. Ce sont les bonnes pratiques de gouvernance. Rien ne vaut que de s'affronter dans la compétition électorale, de voir la réalité populaire et comment la population agit et réagit. Si vous pouvez gouverner, il faut se présenter au peuple. Il faut y arriver un jour. Vous plaidez pour un système semi-présidentiel. Com-ment identifiez-vous le système actuel. Les analystes affirment ne pas le comprendre? C'est un système semi-présidentiel. Tout le monde le sait. Ce n'est pas un régime parlementaire auquel je n'adhère pas car je ne veux pas tribaliser le régime politique. Mais dans un tel système, le Premier ministre ou le chef de gouvernement doit être issu de la majorité parlementaire. Ce qui n'est pas le cas actuellement... C'est ce que nous voulons justement. C'est un point que j'ai toujours demandé au sein de ma famille politique. Il faut que cela se fasse. Ça n'a pas été fait mais ça a été pensé, avancé, dit et revendiqué. Il faut, si on veut avancer et que les décisions ne se prennent pas toujours dans des conditions de précipitation, le faire maintenant. Le rôle de l'Armée dans la vie nationale a toujours suscité débat et polémique et on est à la veille de la révision de la Constitution. Quel rôle faut-il donner à l'Armée? Doit-elle participer à la décision politique? Doit-elle rester uniquement dans les casernes? Pour rester dans le cadre légal et constitutionnel, il faut rappeler qu'aucune Constitution n'a parlé de fonctions politiques de l'Armée. Autre chose est la réalité historique. L'armée issue de l'ALN est un élément fondateur de l'Etat algérien moderne comme l'a été l'Armée turque dans la création de la Turquie moderne. C'est clair, net et précis. C'est l'Histoire et la réalité qui le disent. Cette institution a toujours joué un rôle prédominant dans les décisions stratégiques pour le pays et ce depuis l'indépendance: j'ai toujours estimé ce rôle nécessaire et normal. Mais ce qui était accepté et admis des officiers issus de l'ALN ne sera plus admis pour la nouvelle génération de militaires qui ne disposent plus de la même légitimité politique. Il faut maintenant conforter l'Etat de droit où le rôle de chaque institution est bien défini. L'entrée de l'argent sale Etes-vous partisan de la révision de la Constitution par voie référendaire ou parlementaire? Sur le plan formel, c'est en fonction du contenu. A mon avis, l'adoption par le Parlement suffit mais la présentation du projet devrait se faire avec un débat où s'expriment les groupes politiques pour exposer leurs points de vue et dire pourquoi ils approuvent ou n'approuvent pas le contenu du projet de révision. Il faut redonner au travail politique ses lettres de noblesse et c'est déjà là un début de réformes et de changements des habitudes et des attitudes. Mais les jeux sont faussés avec l'intrusion de l'argent et d'autres pratiques... J'en suis conscient et je plaide pour arrêter ces nouvelles dérives et l'entrée de l'argent sale dans la politique. Nous pouvons le faire. Il faut prendre les initiatives pour faire ce saut qualitatif. Et anticiper est la meilleure manière pour le faire car cela se fera de toute manière mais on ne veut pas revivre les tragédies que nous avons vécues. Le peuple algérien est fatigué de ces retours en arrière. Il ne veut plus de la violence. Il l'a bien exprimé en rejetant l'extrémisme des fanatiques qui voulaient l'entraîner dans cette voie. Il est de notre devoir de ne pas recréer les conditions qui vont encore le faire souffrir. C'est maintenant qu'il faut créer les conditions favorables et le chef de l'Etat a la capacité, la légitimité et l'autorité pour le faire. Il faut aussi la volonté... Absolument! Après avoir fait le tour des questions de l'actualité politique, on passe, si vous voulez bien, au chapitre du parti FLN dont vous êtes un militant. Quelle lecture faites-vous de la crise que le parti traverse? Ce n'est pas en affaiblissant tous les partis que nous allons asseoir une démocratie et un système institutionnel et politique moderne. Les partis doivent être aidés à se renforcer pour accomplir leur mission au service du pays et des citoyens. Vous parlez d'un parti qui est le mien et qui n'a cessé de recevoir des coups bas. Je suis désolé de cette crise parce que je me suis souvent demandé quelles forces malsaines et malfaisantes travaillaient à fragiliser les partis et les affaiblissaient en créant des crises pour des raisons souvent égoïstes, conjoncturelles ou de pouvoir au sens étroit du terme. Il faut que cela s'arrête si on veut le bien du pays. Qui sont ces forces malsaines? Sont-elles celles visées par Amar Saâdani? Elles sont disparates. Elles se trouvent dans les milieux de l'argent sale et chez les rentiers du système qui ne veulent pas de forces politiques organisées et puissantes en mesure de participer aux décisions importantes qui engagent l'avenir du pays. Un parti est fait pour diriger, appliquer un programme en matière de politique, d'économie, de social, de diplomatie, de défense etc. Ce n'est pas un simple appareil électoral. Si on veut que l'avenir soit meilleur, il faut que les partis soient renforcés et non affaiblis. Sinon la rue parlera à leur place. Il y a des forces à l'intérieur et à l'extérieur du FLN qui travaillent à l'affaiblir. Pas de direction imposée au FLN La légitimité du secrétaire général, Amar Saâdani, est contestée. Quel est votre avis? Moi j'ai toujours cherché à être un rassembleur. Je l'ai démontré quand j'étais à la tête de l'APN. Je ne mets pas en cause les hommes sur ce qu'ils sont mais sur ce qu'ils font ou ont fait. Je peux prendre position par rapport à une déclaration de quelqu'un mais pas par rapport à ce qu'il est. Ce que nous avons contesté c'est la façon dont la nouvelle direction a été mise en place. L'ancien secrétaire général (Abdelaziz Belkhadem, Ndlr) a estimé, à notre demande, qu'il fallait aller à un vote de confiance pour stopper la crise car le parti s'est divisé en deux. La solution pour nous n'était pas de le diviser en quatre mais de le réunifier. Je plaide toujours pour un recours à l'urne et non pas pour une direction imposée: c'est cela l'esprit et la lettre du changement du mode de gouvernance. Qui l'a imposé, selon vous? Je ne rentre pas dans ce genre de considérations et les faits me confortent. Moi, je parle de la meilleure façon d'asseoir une légitimité, une égalité pour avoir une direction forte pour un parti fort. Ce qui est demandé, c'est de redonner à la direction du FLN cette légitimité nécessaire car une bonne pratique est née par le recours à l'urne. Une direction élue par l'urne est une direction forte et autonome dans ses décisions dans tous les domaines de la vie politique, économique ou sociale. Peut-être certains jugent-ils que ce n'est pas encore le moment? Peut-être d'autres souhaitent que ce moment n'arrive jamais? En tant que militant de ce parti, j'estime que c'est le bon moment pour assainir les mauvaises pratiques du passé. Certains partis demandent à mettre le FLN au musée car c'est un patrimoine qui appartient à tous les Algériens... C'est le sigle qu'ils veulent mettre au musée. Nous parlons du parti FLN qui est né des entrailles du FLN historique. On vous laisse le soin de conclure... Je dis que c'est le moment d'adopter des réformes nécessaires de fond pour passer à une phase qualitative. Il faut renforcer les partis politiques et éviter les empiètements entre les institutions. Il faut que la majorité parlementaire ait un sens politique et forme le gouvernement. La révision de la Constitution est une occasion énorme et le chef de l'Etat dispose de l'autorité suffisante pour introduire de telles réformes.