La presse marocaine servant de caisse de résonance au palais royal a usé, à longueur de colonnes, d'un lexique injurieux envers la diplomatie algérienne. La cohorte de journaux marocains s'est adonnée à un exercice périlleux en faisant un procès d'intention aux autorités algériennes allant jusqu'à contester la souveraineté de l'Algérie. Les déclarations du chef de l'Etat n'ont pas été du goût de notre voisin belliqueux qui a actionné les sirènes et ouvert les hostilités. On accuse l'Algérie de répondre à la main tendue par un cri de guerre. Cette montée au créneau intervient suite au rappel par le président algérien Abdelaziz Bouteflika de sa position sur le conflit du Sahara occidental, aux antipodes des thèses de Rabat. «Chaque fois que l'on assiste à une heureuse ouverture dans le ciel des relations maroco-algériennes (allusion faite à l'annulation par le Maroc, le 30 juillet, de la procédure du visa pour les ressortissants algériens), le pouvoir algérien intensifie ses efforts pour fermer la porte à la réconciliation», estime le quotidien Attajdid d'obédience islamiste. Dans un message envoyé le 3 août au secrétaire général de l'ONU, M.Bouteflika a rappelé son soutien au plan Baker pour le Sahara occidental, en soulignant notamment son attachement à un référendum d'autodétermination - solution rejetée par le Maroc, qui a annexé cette région en 1975. Abdelaziz Bouteflika a martelé «son refus de toute solution politique du conflit» du Sahara, dans son message envoyé à Kofi Annan, juge aujourd'hui le Maroc. L'Algérie «déterre une thèse de façon anachronique (...) pour riposter à la main tendue par le Maroc», affirme l'Opinion. Le journal Le Matin, use de propos acerbes et caustiques et n'hésite pas à écorcher l'Algérie. «...C'est donc convaincu de l'inéluctabilité d'une telle issue que le Maroc a constamment maintenu la porte ouverte et refusé ,à son corps défendant et se faisant violence même souvent ,d'insulter l'avenir ou de contrarier un voisin qu'il sait pourtant hargneux, sournois, vindicatif et imprévisible.» Quant à Libération, ses diatribes sont dirigées contre le chef de l'Etat. «Pour ceux qui connaissent les manoeuvres de M.Bouteflika, la surprise n'est pas de mise. Les voltiges de ce diplomate d'une époque révolue sont bien connues.» Les Marocains ont apparemment la mémoire courte. Ils ont oublié le triste épisode et l'humiliation qu'ont subis nos ressortissants quand leurs services de sécurité les ont chassés manu militari en les spoliant de leurs droits. C'est que notre voisin de l'Ouest a du mal à avaler la pilule d'un crime de lèse-majesté. Il fallait sans doute courber l'échine et faire la révérence en balayant d'un revers de main tous les contentieux notamment celui qui engage la destinée de toute une nation. En déjouant la tentative avortée du roi Mohammed VI visant à lui forcer la main concernant le dossier du Sahara occidental, Alger a confondu le souverain qui a fini par s'enferrer dans son propre piège. Il voulait entraîner les autorités nationales dans un terrain miné en travestissant un problème d'autodétermination en problème politique, en l'orientant vers un cadre régional. La décision unilatérale de supprimer le visa pour les ressortissants nationaux a fait l'effet d'un pétard mouillé. Elle ne pouvait conclure à une abdication de la partie algérienne. Le Sahara occidental semble lui dire Alger, ne peut faire l'objet d'un chantage même s'il est précédé d'un geste amical. Ce signe que la presse marocaine, dans une tautologie hargneuse s'ingénie à lui apposer la bonne foi, n'est en fin de compte qu'une ruse pour masquer les desseins nébuleux de son roi. Il y a à peine quelques jours, cette même presse portait au pinacle le président algérien, elle le défait maintenant de ses bonnes grâces. Alors qui fait preuve de dichotomie et d'ambivalence? La réponse coule de source.