De nombreuses institutions gouvernementales et consultatives appellent à la réduction des dépenses de l'Etat mais personne ne veut subir cette contrainte. Le gouverneur de la Banque d'Algérie, Mohamed Laksaci et le président du Cnes, Mohamed Seghir Babès, sont parmi les responsables des institutions indépendantes préoccupés par la baisse des prix du baril de pétrole et qui appellent à une rationalisation des dépenses. Or, du côté du gouvernement, les ministres s'empressent de dire que les dépenses de leurs secteurs ne sont pas affectées par d'éventuelles coupes budgétaires. C'est le cas par exemple pour le secteur des ressources en eau ainsi que l'a déclaré le ministre Hocine Necib. Mais l'habitat et l'agriculture ainsi que l'énergie et l'éducation sont d'autres secteurs dont les responsables veulent être exonérés de l'effort de rationalisation des dépenses. Idem pour le domaine social puisque les salaires vont aussi augmenter en 2015 à cause de la suppression de l'article 87 bis de la loi sur les relations de travail. Même les sociétés nationales comme Sonatrach n'entendent pas réduire leurs investissements prévus pour les prochaines années. Il sera donc difficile pour le gouvernement d'opérer des arbitrages dans ce contexte de refus généralisés d'assumer des baisses de dépenses. Il sera également difficile d'opérer des coupes dans d'autres domaines comme celui d'importation des biens et services. Le gouvernement algérien entend même faire passer la part des armateurs nationaux sur le marché du transport maritime de marchandises de 1% en 2014 à 35% d'ici 2017, grâce à l'achat, par l'Etat, de 25 cargos et porte-conteneurs. En clair, il n'est pas question de réduire pour l'instant l'enveloppe des importations de 60 milliards de dollars. Cette politique est accompagnée par celle de construction de nouveaux ports pour réceptionner les marchandises importées. Il est curieux que le gouvernement soit à ce point optimiste sur l'avenir à telle enseigne qu'il tarde à préparer des alternatives aux revenus des hydrocarbures. La difficulté consiste dans le fait qu'un arrêt des investissements conduirait à une remise en cause de nombreuses politiques gouvernementales comme la stratégie industrielle initiée par le ministre du secteur, Abdessalem Bouchouareb et dont les grandes lignes ont été présentées en novembre dernier. Ainsi, même si l'économie algérienne connaît un regain d'activité, elle présente tout de même des vulnérabilités, comme l'a indiqué le Fonds monétaire international. Dans sa note d'évaluation annuelle de l'économie algérienne, élaborée suite à la réunion de son conseil d'administration du 1er décembre 2014, l'institution de Bretton Woods prévoit une croissance du PIB réel de 4% en 2014 contre 2,8% en 2013. Mais pour le long terme, il n'est pas sûr que cette tendance puisse se poursuivre. Mais, le Fonds avance que le compte des transactions courantes de 2014 se soldera par un déficit et ce, pour la première fois depuis quinze ans. La croissance de la consommation interne en hydrocarbures alliée à la chute actuelle des cours du baril de pétrole sur le marché mondial devraient réduire les recettes d'exportation. Néanmoins, la hausse continue des importations, la poursuite des investissements publics et la faiblesse des exportations hors hydrocarbures contribueront selon le FMI à la progression des déficits. Ce sont ces lacunes que le gouvernement doit combler y compris en renonçant à certaines dépenses. Il ne reste plus qu'à désigner ceux qui supporteront ces sacrifices. Le tout au moment où le baril du pétrole est à moins de 60 dollars pour la première fois depuis cinq ans.