Le procès qui a vu Hamou de la FAF et Mahfoud Kerbadj de la Ligue professionnelle affronter Mounir Bitam, l'arbitre qui a bouleversé l'opinion publique. Mounir Bitam, l'arbitre international de Batna, poursuivi pour diffamation par Hamou de la FAF et Kerbadj Mahfoud de la Ligue de football, a passé plus de deux heures à la barre dans un monde qu'il n'a jamais pu imaginer lors de ses chevauchées sur les terrains de foot. Face à un Abdelhamid Bourezg, très au parfum du dossier et décidé à en finir avec cette triste et regrettable affaire qui n'aurait jamais dû sortir du périmètre vert du stade de BBA. Les faits, il est bon de le souligner, remontent à un trimestre lorsqu'à un moment donné, Mounir Bitam en linesman du jour, ôta sa chemise noire d'arbitre, courut vers une caméra placée sur le bord du terrain de jeu et montra son tricot de corps sur lequel était transcrite une phrase qui le mènera vers le tribunal de Bir Mourad Raïs (cour d'Alger), Bitam venait de signer le début d'envoi qu'il n'attendait sûrement pas car l'égarement ne figure pas dans les 17 lois du jeu en foot. A la barre, confus, bafouillant, l'inculpé même assisté de deux grandes figures des barreaux de Batna et d'Alger, n'a à aucun moment, réussi à tirer vers lui la couverture de l'innocence et donc, convaincre Bourezg qui a tout entrepris pour obtenir le contenu de la tension que Bitam n'a eu de cesse de mettre en avant. «La seule personnalité à qui je peux dire le sens de ma ́ ́tension ́ ́ est et reste M.Raouraoua, le président de la FAF, qui n'a pas daigné me recevoir et m'écouter», a tenté d'expliquer l'inculpé, toujours face à un juge patient qui est allé jusqu'à faire de l'humour, histoire de dégeler la lourde atmosphère qui planait dans l'exiguë salle d'audience où les odeurs taquinaient les narines et le cervelet. En vain, même avec l'aide de Maître Rafik Menasria, son premier avocat, Bitam a paniqué lorsque le magistrat lui a rappelé «qu'ici, en matière de justice, le conseil de discipline de la FAF n'a pas la rigidité du Code pénal. Ici, il s'agit de diffamation. Vous avez éclaboussé l'honneur des responsables du foot en jetant l'anathème sur eux. Le tribunal vous demande d'exhiber vos preuves pour vous en sortir et vous vous cachez sous des prétextes ridicules!» a marmonné le juge qui était loin d'épouser le point de vue de l'arbitre qui a même eu droit à des anecdotes à propos de diffamation d'un des guerriers de l'Envoyé d'Allah (Qsssl) qui avait raconté au Prophète (Qsssl) que Aïcha s'était mal conduite. Et c'est un verset révélé au Prophète (Qsssl) qui a effacé le mensonge. Cette longue anecdote avait ému Bitam qui commençait à réaliser l'étendue des dégâts causés au stade de BBA en automne. Un de ses deux conseils, Maître Menasria était peut-être le seul à comprendre aisément le geste désespéré de son client dans les Biban car, lui-même, le défenseur, lorsqu'il était l'adjoint de Kaddour Berradja, alors procureur général d'Alger en 2004, avait affirmé devant les journalistes que le verdict de «nuit» concernant le FLN de Ali Benflis qui voulait être candidat contre Bouteflika, avait été cosigné par Menasria et Henia Benyoussef. Le parquetier avait formellement démenti et claqua la porte de la magistrature endossant l'autre robe noire plus à sa taille et à son idéal. Quelle coïncidence! Un ex-révolté qui défend un autre, 10 ans plus tard. Pour revenir aux débats, disons que la liberté de ton des acteurs à la barre laissait prévoir une suite logique où le bon sens allait l'emporter. Les plaidoiries furent correctes. Il y eut même des répliques confraternelles venues s'ajouter à la tolérance de Bourezg qui a mis en rogne l'avocat des Aurès, lequel n'a pas apprécié ni digéré l'expression balancée en direction de l'arbitre: «Vous avez mis en péril la Sécurité nationale en jetant cette diffamation» et cette remarque est venue cimenter le cri de douleur de l'avocat des victimes Kerbadj et Hammou, qui n'était pas allé avec le dos de la cuillère en se lamentant autour du sort de notre aura en matière de foot: «L'Algérie a beaucoup perdu auprès de l'opinion internationale qui croit dur comme fer que la corruption mine tout le peuple», a lancé l'avocat dont le confrère adverse ne voudra pas laisser passer toute une sèche mais polie réplique qui a permis à Bourezg, qui s'améliore d'une audience à une autre, d'annoncer la date du prononcé du verdict: 24 décembre 2014, soit Noël et il ne reste plus à Hammou et Kerbadj qu'à placer leurs paires de souliers sous le... réchaud à chauffer (les âtres des cheminées n'existent plus) et attendre la sentence i-e, le dinar symbolique exigé par les victimes et les deux mois assortis du sursis du procureur (absent des débats) et donc Bourezg aura été seul contre tous durant deux heures complètes.