L'affaire Kamel Daoud était en train de prendre un nouveau tournant La rencontre périodique organisée par l'association des Amis de Medghacen a été annulée en raison de la gravité des menaces qui pèsent sur l'écrivain. Après l'appel au meurtre lancé par l'imam salafiste, Abdelfatah Hamadache contre le journaliste et écrivain Kamel Daoud, le Forum culturel aurassien (FCA), qui devait accueillir hier, Kamel Daoud à Batna, n'a pas pu se tenir. En effet, la rencontre périodique organisée par l'association des Amis de Medghacen a été annulée en raison de la gravité des menaces qui pèsent sur l'écrivain depuis le lancement de «la fetwa». Dans un communiqué publié par les organisateurs, on pouvait lire: «Suite à la vive polémique suscitée par les élucubrations archaïques et obscurantistes d'un personnage sorti d'un autre âge, les circonstances ne sont plus propices à la tenue de l'événement.» Toutefois, l'association ne s'inscrit pas dans la fatalité et ne baisse pas les bras. «Néanmoins, cela s'apparente plus à un report, qu'à une annulation car, il ne saurait être acceptable de s'avouer vaincu face au chantage et aux menaces», a-t-on souligné dans le communiqué. Exprimant son soutien, et prenant partie pour l'écrivain, l'association des Amis de Medghacen «dénonce avec force l'appel au meurtre lancé par le pseudo-imam, à l'encontre de notre ami Kamel Daoud, et lui assure son soutien le plus indéfectible dans cette épreuve qui s'impose à lui». De son côté, Soufiane Djilali, le président de Jil Jadid avait déjà manifeste sur sa page Facebook «son soutien total à Kamel Daoud après l'outrage de la fetwa qu'il vient de subir». Lors d'une conférence jeudi dernier à Alger, M.Djilali a estimé que le journaliste a le droit d'exprimer ses convictions. Mais aller jusqu'à l'appel au meurtre, M.Djilali y voit un comportement, extrêmement «inacceptable». Pour rappel, Hamadache qui dirige le Front de l'éveil islamique salafiste (un parti non reconnu), a appelé mardi dernier sur sa page Facebook les autorités algériennes à condamner à la peine capitale l'auteur du roman Meursault, contre-enquête, et l'exécuter en public. Hamadache a considéré que le finaliste du dernier prix Goncourt «mène une guerre contre Allah, son prophète, le Coran et les valeurs sacrées de l'Islam». Il le juge coupable du crime d'apostasie, passible de la peine de mort aux yeux de la loi coranique. En signe de solidarité avec l'écrivain, hommes et femmes politiques, journalistes et intellectuels se sont mobilisés pour Kamel Daoud. Une pétition fut signée par des milliers de personnes. Le hic, c'est que parmi les signataires, se trouvait Bernard-Henry Lévy (BHL). Le soutien de cet homme a intrigué les internautes algériens, vu la réputation de ce dernier et son rôle joué dans l'éclatement des révolutions arabes. C'est dans ce sens que les internautes algériens se sont demandé si l'affaire Kamel Daoud était en train de prendre un nouveau tournant.