Le journaliste et militant des droits de l'Homme, Hafnaoui Ghoul, n'est pas près de voir le bout du tunnel. L'acharnement judiciaire, dont il fait l'objet depuis le 24 mai dernier, continue. Après s'être vu confisquer sa liberté par une lourde peine, Hafnaoui risque d'en prendre, également, pour sa santé. Se laisser mourir à petit feu était l'ultime recours du correspondant de Djelfa pour protester contre sa dernière condamnation à trois mois de prison. Il avait décidé à l'issue du procès d'entamer une grève de la faim, alors que ses capacités aussi bien physiques que morales ne le lui permettaient guère. Mais le sentiment d'injustice ne pouvait l'empêcher de prendre des risques et de prendre en otage sa propre santé. Ce que l'on redoutait arriva à peine cinq jours après le refus de Hafnaoui de s'alimenter. Sa santé en a pris un sérieux coup et s'est subitement détériorée. Selon un communiqué du frère du journaliste, “son état nécessite une intervention urgente. Il faut le sauver le plutôt possible”, note le document en précisant que la famille Hafnaoui a été informée par une personne exerçant au centre de rééducation de Djelfa. Selon la même personne “le transfert du détenu a été refusé” par les services pénitentiaires. Ne sachant plus quoi faire pour le sauver, sa famille s'est tournée vers le président de la Ligue algérienne de défense des droits de l'Homme. “Nous lançons un appel à Me Ali Yahia Abdenour en vue d'intervenir et de l'aider”, note le même communiqué. C'est au lendemain de la décision de Hafnaoui d'entamer une grève de la faim que Me Ali Yahia a montré son inquiétude quant aux conséquences de cette grève sur la santé de Hafnaoui. La Laddh a sollicité l'intervention de l'Observatoire international pour la protection des défenseurs des droits de l'Homme et a saisi des ONG internationales afin “de mettre fin à cette parodie de justice”. Pour l'heure, les nombreuses condamnations et autres appels sont tombés dans l'oreille d'un sourd et n'ont pas inciter les autorités algériennes à être plus clémentes envers des journalistes qui, il y a quelques années, rasaient les murs pour éviter les balles assassines. Aujourd'hui, la tendance s'est renversée. Les armes ne sont plus les mêmes. À croire que les journalistes algériens sont devenus dangereux et qu'il faille les dompter par de longs séjours en prison. Il est à rappeler pour la énième fois que le seul “crime” de Hafnaoui Ghoul est d'avoir dénoncé les abus de certains élus locaux. M. B.