Non content de l'annonce de la création des télévisions privées marocaines, le ministre de la Communication marocain Mustapha El Khalfi continue de faire du lobbying en accordant un interview à HuffPost Maroc pour tenter de convaincre les opérateurs privés de créer des chaînes... privées. Le ministre marocain affirme dans son entretien que tous les indicateurs affirment que la libéralisation est une question de temps. Il ajoute que le contexte médiatique international et régional, les développements technologiques, les défis que pose la concurrence étrangère sont autant d'éléments qui plaident pour le parachèvement du processus de libéralisation. Mustapha El Khalfi précise dans ce contexte que ce processus a été déjà déclenché avec la chaîne Medi1 TV qui est devenue en mai dernier une chaîne privée, suite à la nouvelle licence d'exploitation qui lui a été accordée par la Haca. Le ministre marocain revient sur la Télévision numérique terrestre (TNT) marocaine, qui devra avoir lieu en juin 2015, et qui aura un impact très positif sur le processus d'élargissement de la libéralisation du champ audiovisuel, du fait que l'arrêt de la diffusion analogique permettra de libérer les fréquences et offrir par là même un potentiel important pour l'exploitation. Cette transition numérique permettra également une augmentation importante des capacités de diffusion, une meilleure image et un meilleur son, des possibilités de réception en portable sur antenne intérieure et des services interactifs. Pour attirer les opérateurs privés d'investir dans des projets de chaînes privées, le ministre marocain de la Communication a avancé l'attractivité du Maroc pour les investissements étrangers. Il évoque notamment le secteur de la publicité, qui est en nette progression au Maroc par rapport aux pays du Maghreb. Il cite notamment les résultats du Conseil de la concurrence qui avait publié en septembre 2013 une étude préconisant l'ouverture du marché de la télévision à de nouvelles initiatives. Cette étude avait encouragé la concurrence dans ce secteur. Elle avait conclu aussi que le secteur de la communication audiovisuelle est régi par une législation qui n'interdit pas la libéralisation du secteur, bien au contraire elle l'encourage et favorise le pluralisme et la diversité de l'offre, ce qui contribue à promouvoir la concurrence. Mais ce que le ministre de la Communication marocain a évité d'évoquer, c'est les raisons du refus des opérateurs privés marocains de créer des chaînes privées lors de l'appel d'offres de la Haica en 2007. Les raisons sont essentiellement liées à la liberté d'expression et sa liaison avec la publicité. La publicité est très rentable au Maroc mais elle est interdite pour les télévisions qui ne cadrent pas avec la ligne éditoriale du Makhzen. La même ligne éditoriale est adoptée par les médias de la presse écrite. L'une des premières victimes de cette ligne verrouillée, c'est Nessma TV qui n'a jamais réussi à s'imposer comme télévision maghrébine, parce que les Marocains considéraient que la chaîne était proche des Algériens. Et même si Nabil Karoui a installé une Marocaine à la tête du bureau d'Alger cela n'a pas changé, conduisant le patron tunisien à fermer le bureau de Casa, puis celui d'Alger. Dans cette interview réalisée pour le compte d'HuffPost Maroc, le ministre a évité d'évoquer l'avancée du paysage audiovisuel maghrébin en Algérie et en Tunisie. Le Makhzen voit d'un mauvais oeil la montée de Nessma en Tunisie et d'Ennahar TV en Algérie. [email protected]