A l'occasion de la sortie de son 3e album, Nouba Zidane, l'ancienne élève d'El Mossilia El Djazairia animera ce soir à 17h un concert à la salle El Mouggar, le premier qu'elle donnera dans son pays. Elle est interprète et musicienne de musique arabo-andalouse et des dérivés de cette musique. Aujourd'hui, elle vit à Paris. Elle a à son actif deux albums, Nouba Zidane et Nouba Hssin. Le troisième album sortira aujourd'hui où elle animera son premier concert en Algérie. Ce sera à partir de 17h à la salle El Mouggar sur initiative de l'Onci. «Je débuterai par un récital qui durera entre une heure 45 et deux heures. Suivra une vente-dédicace de mon album Nouba Zidane que j'ai enregistré à Paris et qui sort ici chez Padidou qui aide beaucoup les artistes qu'ils soient en Algérie ou à l'étranger» nous a-t-elle confié lors de sa conférence de presse à la salle Atlas, la semaine dernière. Et de rajouter enthousiaste: «C'est mon premier concert en Algérie. Dans mon pays et pour mon pays l'Algérie et ça c'est très important. J'ai donné beaucoup de concerts à l'étranger mais je suis contente de me produire enfin chez moi.» Evoquant la particularité de son nouvel album, la chanteuse fait remarquer: «La particularité de cette nouba est d'abord dans le choix des musiciens qui viennent de la sanaâ d'Alger. Il faut savoir que moi je viens de la sanaâ d'Alger de la grande et prestigieuse école Djzaïria El Mossilia. J'ai appris à jouer en Algérie. J'ai commencé dès l'âge de 6 ans et demi à pratiquer cette musique. J'ai vécu en Algérie, fait mes études en Algérie. En 2004, je suis partie m'installer en France pour des raisons familiales. J'ai donc trois musiciens, tous sortes de cette école. L'un vient d'Es-Sendousia, la sanaâ d'Alger c'est Nouredine Aliane. Il y a aussi Mokrane Adlani qui vient d'El Amraouia (originaire de Tizi Ouzou) qui est de la sanaâ d'Alger et le troisième vient d'El Djazaïria El Mossilia. La particularité est que ces trois musiciens sont ouverts à d'autres musiques du monde et font toutes sortes de musiques de la Méditerranée. Autre particularité c'est l'istikhbar. J'ai choisi un mouachah, autrement des paroles. C'est un poème de Abou Zamrak. Ce grand poète est devenu vizir du roi par la suite à l'époque de l'Andalousie médiévale. J'ai choisi ce poème-là qui, faut-il le noter, n'est pas inscrit sur les livres de musique arabo-andalouse de Sid Ahmed Serri, notre maître à tous. La deuxième chose est que je fais des déclamations, autrement l'intro est constituée de moitié istikhbar voix et moitié déclamation. Cela n'a jamais été fait dans un enregistrement de nouba, jusqu'à présent. Il y a aussi le jeu. On entend les subtilités de chaque instrument. Il y a un jeu qui est différent en sachant que j'ai gardé bien sûr la nouba telle qu'elle est. Cela veut dire je ne l'ai pas dénaturée, c'est très important à savoir.» Comment venir à la musique andalouse? Comment peut-on y être attiré dès l'âge de 6 ans? «Mes parents ne pratiquent pas, mais sont des mélomanes de cette musique. J'ai assisté à un concert de musique arabo-andalouse à l'âge de 6 ans avec ma mère et ce jour-là, il y avait comme chef d'orchestre, le mien, aujourd'hui, qui m'a tout appris et tout donné, M. Farid Bensensa qui est originaire de Constantine. Toute sa vie il a fait du malouf. Il est venu s'installer à Alger. Il a fait partie de Djazaïria El Mo ssilia, il est devenu par la suite chef d'orchestre. Actuellement, il est le chef d'orchestre d'El Mossilia située à Paris, à Saint-Denis. Donc, j'ai fait sa rencontre dès l'âge de 6 ans et demi. Lui-même a parlé à ma mère et à partir de là je suis partie me présenter et cela s'est fait naturellement», a souligné Meriem Beldi. Quel rapport avez-vous avec les autres interprètes féminines de la musique andalouse? lui avons-nous demandé. «Malheureusement aucun. J'en entends parler bien sûr. Ce sont des artistes qui font un très grand travail. Que je félicite, je leur souhaite une bonne continuation. Il n'y a aucun contact sachant que moi je vis en France. Beihdja Rahal vit en France effectivement, mais jusqu'à présent je n'ai pas eu l'occasion de la rencontrer. C'est une femme qui a beaucoup de talent. C'est la diva de la musique arabo-andalouse. Elle a quand même enregistré les 12 noubas. C'est très important. J'entends parler d'elle, elle entend parler de moi. On a des amis en commun. Mais on n'a jamais parlé face à face. J'espère Inchallah avoir l'occasion un jour de discuter avec cette grande dame.». Meriem Beldi aime innover, apporter sa touche personnelle, sans pourtant penser moderniser la musique andalouse. «Je l'ai personnalisée par mon interprétation, sachant que chaque interprète et chaque voix sont différents de l'autre. Moderniser? Je n'aime pas du tout ce terme. On ne peut pas moderniser une nouba. On ne peut pas y toucher. Je l'ai laissée telle qu'elle est. La seule particularité, comme je l'ai dit c'est l'istikhbar que j'ai rajouté et une déclamation. Personne ne l'interdit. J'ai laissé mes amis musiciens s'exprimer.»